Expo 67 : un catalyseur de développement pour la région

Pavillons thématiques de l'Expo 67 et moyens de transport, Montréal, 1967. Bibliothèque et Archives nationales du Québec, fonds Euclide Sicotte. Photo : Cicot
75e anniversaire du Courrier du Sud. C’est le 28 avril 1967 que s’ouvre, sur l’île Notre-Dame et l’île Sainte-Hélène, un événement d’envergure internationale qui va mettre le Québec sur la carte et nous ouvrir une grande fenêtre sur le monde.
Si, de nos jours, certains riverains sont irrités par le bruit lors de la tenue d’événements sur l’ île Sainte-Hélène, en 1967, rien ne semble pouvoir ébranler l’entrain des résidents de la région qui sont aux premières loges pour profiter de la grande aventure de l’Exposition universelle.
«Ça faisait vraiment l’unanimité, se souvient l’historien Michel Pratt. Tout le monde avait hâte et tout était positif. C’est clair. J’étais un très jeune adulte à l’époque et je peux dire qu’il y avait vraiment de l’enthousiasme chez ceux qui habitaient la Rive-Sud. Il n’y a pas eu de résistance de la part de citoyens.»
Il faut dire que la région a grandement profité (et bénéficie toujours) des avantages de cette période d’effervescence sociale et économique.
Des entrepreneurs de Longueuil et des environs, comme la compagnie Désourdy, profitent alors de la manne et mettent à profit leur savoir-faire afin de contribuer à l’effort commun pour que l’événement soit une réussite.
Un pied dans le futur
À quelques années de la création du Réseau de transport de Longueuil (RTL), la Chambre de commerce de Longueuil utilise pour sa part cette opportunité afin de faire des demandes et propositions au gouvernement dans le but d’améliorer le réseau de transport alors que la station de métro de la Rive-Sud entre en fonction moins d’un mois avant l’arrivée des visiteurs.
La construction de la première station de métro canadienne hors de Toronto et Montréal, au coût de 900 000$, a un impact majeur sur le développement de la région, alors que des millions de touristes convergent vers la métropole.
En empruntant le circuit numéro 4, les Longueuillois peuvent désormais atteindre le centre-ville de Montréal en quelques minutes.
«Sur le plan du transport et des habitudes de ceux qui habitent la région, c’est quand même un changement assez radical, ajoute Michel Pratt. Laval se targue aujourd’hui d’avoir quatre stations et nous aimerions bien en avoir au moins une deuxième, mais déjà en 1967, l’arrivée du métro à Longueuil ça n’était quand même pas rien! »
Un exploit d’ingénierie
Autre projet ambitieux qui permet de renforcer l’idée d’une «région métropolitaine», le pont-tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine est pour sa part inauguré au tournant du printemps.
Construit au coût de 75 M$, on estime alors que «cet ouvrage unique au monde» soulagera de 20% le trafic automobile sur le pont Jacques-Cartier.
«Au chapitre de l’ingénierie, c’était vraiment une réalisation incroyable, croit Michel Pratt. Il a fallu qu’une expertise exceptionnelle soit développée pour en arriver à sa construction. Avec le métro et la route 132, c’est vraiment majeur pour la Rive-Sud.»
«Tout ça s’est fait entre 1960 et 1967, avant la rencontre ultime. Après l’Expo, qu’est-ce qui s’est fait aussi rapidement? Pas grand-chose!»
-Michel Pratt, historien
Exit la banlieue?
Selon l’historien, la tenue d’Expo 67 et ses ramifications ont même changé la façon dont Longueuil, autrefois identifiée comme une cité dortoir, est aujourd’hui perçue.
«D’un point de vue géographique et urbain, Longueuil avait la réputation de ville banlieue, rappelle l’historien. Les gens vivaient à Longueuil et allaient travailler à Montréal. On dirait qu’avant 67, le fleuve constituait une barrière psychologique! »
M. Pratt considère par ailleurs que le terme «banlieue» est devenu obsolète dans le contexte de ce qui est devenu la «grande région métropolitaine».
«Le terme n’est plus utilisé dans le langage courant parce que la ville a ses propres industries, un réseau de transport qui est comparable à celui de Montréal et il y a des institutions qui sont gérées par la CMM. Il y a une interconnexion aujourd’hui. C’est une transformation assez importante.»