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Fête nationale: le parc Michel-Chartrand, le compromis idéal ?

le mardi 05 février 2019
Modifié à 7 h 00 min le 05 février 2019
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

DÉFIS. La fête nationale au parc Michel-Chartrand prend des airs de compromis, dans un contexte où les corporations responsables des rassemblements du Vieux-Longueuil et de Saint-Hubert jonglaient avec des enjeux financiers de plus en plus contraignants. Témoin de la grogne suscitée par la fin des traditionnelles festivités, tout particulièrement celles au parc de la Cité, la présidente de la Corporation du Vieux-Longueuil en fête Doris Guérette insiste: cette décision, issue d’un «commun accord» des deux corporations et de l’administration municipale, n’est pas «contre les gens de Saint-Hubert». «Je comprends les gens de Saint-Hubert de ne pas être contents, mais les commerçants de la rue Saint-Charles ne le sont pas non plus. Il faut accepter de faire des changements quand ça ne fonctionne plus. Il faut faire une fête qui sera bénéfique pour tous les Longueuillois. On ne peut plus parler juste pour un secteur de la ville.» Elle assure que le nouveau site, qu’elle considère central, demeurera accessible au plus grand nombre, notamment grâce à un service d’autobus gratuit. Elle relève également que le parc Michel-Chartrand, qui a accueilli d’autres spectacles, a fait ses preuves. De plus, Mme Guérette rappelle que d’importants travaux prévus sur la rue Saint-Charles en 2020 auraient forcé l’organisation à trouver un autre endroit pour la fête. L’argent En 13 ans d’existence de la Corporation du Vieux-Longueuil en fête, l’aide financière de la Ville de Longueuil n’avait pas changé: 65 000$. Il en était de même à Saint-Hubert. La demande de hausser ce soutien monétaire s’était soldé par un refus. Les partenaires sont également de moins en moins au rendez-vous, étant sollicités de toutes parts. Lorsque le Vieux-Longueuil était considéré comme une fête régionale, la Corporation recevait une aide de 20 000$ de la Société Fête nationale du Québec. Depuis deux ans, la corporation reçoit quelques milliers de dollars, en plus d'un soutien matériel (affiches, éléments visuels, etc.). Pour offrir des festivités de qualité, ça n’y arrivait tout simplement plus, relate Doris Guérette. L’idée de réunir le tout en une seule journée – idée qui flottait déjà dans les airs – est apparue à ses yeux comme le compromis à envisager. À la Ville, on lui aurait par ailleurs répondu que la Corporation de Saint-Hubert n’avait plus le cœur à organiser cette fête, entre autres parce que la pluie des dernières années n’avait pas été sans répercussions. Pour cette année, Mme Guérette et les membres du C.A. de la corporation du Vieux-Longueuil – dont plusieurs sont des commerçants de la rue Saint-Charles – sont prêts à s’investir pour faire de cette célébration un succès. Artistes Le cachet toujours croissant des artistes pour le spectacle de la fête nationale faisait partie des considérations financières qui faisaient mal aux deux corporations.
«Une bonne vedette, à la fête nationale, c’est minimum 30 000$.» - Doris Guérette
Satisfaite du spectacle de Radio Radio de l’an dernier, Mme Guérette admet néanmoins que les personnes un peu plus âgées, qui sont des fidèles de la rue Saint-Charles, se reconnaissaient moins dans ce style musical. «Et l’an dernier, on a été obligé d’aller vers des gens moins connus, faisant allusion à une autre prestation. On est la cinquième plus grande ville du Québec; on devrait avoir le cinquième meilleur show de la province.» Mettre en commun les budgets des deux corporations permettra d’offrir aux Longueuillois «ce qu’ils méritent»: un «excellent show», lance-t-elle. L’artiste qui sera la tête d’affiche est d’ailleurs déjà trouvé; il faudra évidemment attendre le dévoilement officiel pour en savoir davantage. «Bonne décision» Bruno Larivière, qui a présidé la Corporation de la fête nationale de Saint-Hubert pendant sept ans, souligne d’entrée de jeu que c’était une «bonne décision» de fusionner les budgets des deux corporations. M. Larivière évoque les enjeux financiers auxquels faisait face l’organisation, comme la recherche de commandites et la hausse de coûts de certaines dépenses, comme la sécurité, difficiles à éponger avec une contribution financière inchangée. «Ça prenait plus que ce qu’on avait pour avoir un événement de qualité», résume-t-il. «Mais de dire que nous avons décidé d’unir nos forces est une distorsion de la réalité», nuance-t-il, avançant que cette décision provient de la Ville. N’en demeure pas moins que son implication bénévole prend fin avec ce revirement. Sans se prononcer pour la dizaine d’organisateurs bénévoles et membres du C.A, il prédit que peu de gens de Saint-Hubert voudront travailler à la fête du parc Michel-Chartrand.
«Pour donner autant d’heures, il faut être mobilisé. En toute honnêteté, on nous a donné l’opportunité de s’impliquer à Longueuil, mais il y a une question d’intérêt. Le gens sont attachés au quartier.» - Bruno Larivière
Quant à l’emplacement du parc Michel-Chartrand, «l’avenir dira» s’il s’agit du bon site pour la fête nationale, croit-il. Il comprend ce choix comme une volonté de la Ville de «ne pas froisser personne» et de «partir sur de nouvelles bases». À son avis, les festivités auraient dû demeurer au parc de la Cité. Alterner? Tant Doris Guérette que Bruno Larivière sont d’avis que de présenter le spectacle en alternance à Saint-Hubert et dans le Vieux-Longueuil n’est pas la bonne solution. D’un point de vue organisationnel, cela compliquerait la tâche de trouver des partenaires – qui signent parfois pour trois ans – et poserait aussi l’enjeu de la mobilisation des bénévoles.