Actualités

Feux extérieurs : un accueil mitigé à la proposition de Sylvie Parent

le vendredi 19 février 2021
Modifié à 9 h 24 min le 19 février 2021
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

En début de séance du conseil le 16 février, la mairesse de Longueuil a annoncé qu’elle donnerait instruction à la direction générale de modifier la réglementation afin d’interdire les feux extérieurs au bois sur tout le territoire de la ville. Les foyers au propane et au gaz naturel demeureraient permis. Une intention qui a reçu un accueil mitigé. La modification à la règlementation sera ainsi présentée lors d’une prochaine séance du conseil. «L’ensemble des élus aura à se prononcer une fois pour toute avant la période estivale», a soumis Sylvie Parent. Le mois dernier, la mairesse avait demandé aux arrondissements de convenir d’un libellé commun pour instaurer l’interdiction des feux extérieurs au bois, à travers un règlement à l’échelle de la ville. «Force est de constater qu’il n’y a aucun consensus au sein des arrondissements», a-t-elle soutenu le 16 février. Alors que les foyers extérieurs sont interdits notamment à Montréal, Brossard et Boucherville, «qu’est-ce qui justifie que Longueuil, la cinquième plus grande ville, n’emboîte pas le pas à une interdiction ferme? a demandé Mme Parent. Que faudra-t-il à Longueuil, hormis d’innombrables preuves scientifiques [entourant les motifs de la santé publique et de l’environnement], pour faire preuve de courage?» Respect des instances La présidente d’arr. de Saint-Hubert Nathalie Boisclair voit dans cette position une contradiction avec les propos tenus par la mairesse le mois dernier. Si l’appel aux arrondissements ne se concluait pas par un consensus, «nous considérerons que ce débat est clos», avait-elle dit. Mme Boisclair souhaite que les résolutions adoptées par chacun des arrondissements depuis soient prises en considération par le comité exécutif et analysées par l’administration. «Le respect de la démocratie, c’est aussi le respect des instances. Je pense que d’imposer aux arrondissements une réglementation qui ne fait pas consensus, ce n’est pas la voie à prendre», a exprimé Mme Boisclair. Elle insiste que l’Arrondissement de Saint-Hubert souhaite toujours modifier sa règlementation pour encadrer plus sévèrement l’utilisation des foyers extérieurs au bois, et ce, à la lumière des préoccupations des citoyens. L’élue estime qu’un encadrement plus serré sera plus efficace qu’une interdiction, car la Ville sera en mesure d’intervenir. Dans le sondage sur l’interdiction des foyers extérieurs au bois, 10% des répondants habitant le Vieux-Longueuil ont indiqué qu’ils font tout de même des feux malgré l’interdiction qui prévaut dans leur arrondissement. Des élus estiment aussi que la pandémie n’est pas le moment approprié pour imposer une nouvelle interdiction aux citoyens. «Tout le monde sait que je suis pour l’environnement, mais je crois qu’il y a autre chose que l’on pourrait amener avant ça», a partagé Jean-François Boivin. Le chef de l’opposition Xavier Léger s’est aussi dit en faveur de l’autonomie des arrondissements. Dans l’arr. du Vieux-Longueuil, la résolution adoptée à l’unanimité demande le maintien de l’interdiction des feux extérieurs dans l’arrondissement, et l’interdiction sur l’ensemble du territoire. Consulter La volonté de l’Arrondissement de Greenfield Park que la question fasse l’objet d’une consultation publique pourrait se concilier à cette annonce de Sylvie Parent. «On va obtenir ce qu’on demandait : tous les citoyens vont pouvoir s’exprimer», a interprété le président d’arrondissement Robert Myles. En effet, une modification réglementaire doit suivre un processus bien précis qui inclut une période de consultation. Étant donné la pandémie, la consultation se déroulerait par écrit. M. Myles encouragera le plus grand nombre possible de citoyens à y prendre part. Une réponse de la Ville est toujours attendue du Journal quant à savoir si une période de consultation s'appliquerait bel et bien dans ce cas. Même après le dévoilement du sondage auquel 1000 Longueuillois ont répondu, M. Myles réclamait une consultation publique afin que les citoyens qui souhaitent s’exprimer puissent le faire. «C’est un enjeu émotif, mais j’ai confiance que l’on pourrait régler le dossier cet hiver, une bonne fois pour toutes», a-t-il évalué. Le conseiller Éric Bouchard ne voit quant à lui pas la pertinence d’une consultation, les élus recevant de nombreux courriels de citoyens sur cette question, au minimum depuis juin 2020. «À un moment donné, on a à faire un choix. Ce n’est pas parce qu’on va faire plus de consultations qu’on en saura plus sur le sujet.» L’idée de créer un registre en ligne ou encore de faire de cette question un enjeu électoral a aussi été évoqué, respectivement par Jacques Lemire et Steve Gagnon, entre autres. Un sondage, différentes lectures Les résultats du sondage sur l’interdiction des feux extérieurs au bois a fait l’objet de quelques lectures différentes. Le conseiller Jacques Lemire a insisté sur le fait que la simple question d’interdire les feux extérieurs divisait la population, dans une proportion de 48% en faveur, 49% en défaveur. «Le sondage, on doit le respecter. À froid, c’est 50-50. Et à Saint-Hubert, c’est plus élevé. Si on les avait déjà [les foyers extérieurs], pour contenter tout le monde, on les conserve, mais on encadre.» La mairesse a plutôt mis de l’avant l’appui de 71% et de 64% à l’interdiction, lorsque la protection de l’environnement et la santé publique sont identifiées comme motifs. Décider Sylvie Parent s’est défendue de ne pas respecter les instances municipales de Longueuil. Elle estime toutefois que cet enjeu relève de toute la ville. «Il y a des questions d’environnement et de santé publique, et ça, ça parle à tous les citoyens.» «Des fois, on va prendre des décisions qui vont devoir être plus difficiles et qui ne sont pas nécessairement populaires, mais qui traînent dans le temps. [On entend que] ce n’est pas le bon moment. Ce n’est jamais le bon moment pour ce genre de décisions, quand on veut harmoniser une grande ville.» Elle juge que l’ensemble des élus sont en mesure d’expliquer les motifs qui sous-tendent de telles décisions.  


Un sujet qui déclenche les passions

De nombreux citoyens, tant du camp pro-feux que du camp anti-feux, ont acheminé leurs inquiétudes et questions aux élus. Un collectif en faveur des feux extérieurs au bois et de la tenue d’une consultation publique a déposé une pétition de 3806 signatures. Une pétition de 6000 noms s’opposerait aussi à l’interdiction. Pourquoi interdire les foyers au bois s’ils sont rarement utilisés; pourquoi ne pas tenir compte de Saint-Hubert qui souhaite encadrer les foyers extérieurs; quels sont les motifs qui justifient une interdiction; et pourquoi ne pas envisager de réglementer plutôt que d’interdire font partie des questionnements de cette frange de la population. Parmi ceux en faveur de l’interdiction, certains ont nommé la difficile application de règlements distincts par arrondissements aux frontières de ceux-ci et la difficulté de faire respecter un règlement qui encadrerait les feux au bois. À de nombreuses reprises, la santé et la protection de l’environnement ont été évoqués, tout comme l’appel à tenir compte des résultats du sondage, où une majorité sont en faveur d’une interdiction. Une pétition demandant l'interdiction des feux extérieurs afin de protéger la qualité de l'air compte près de 300 signatures.