Actualités
Transport
Politique

Financement de l’ARTM: des élus dénoncent le «statu quo» et votent contre le budget d’agglomération

le mercredi 27 novembre 2019
Modifié à 10 h 43 min le 29 novembre 2019
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Quatre élus de Longueuil ont voté contre le budget d’agglomération, en raison du financement «inéquitable» de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) qui, selon eux, coûte à l’agglomération près de 8 M$ supplémentaires comparativement à la période pré-ARTM. Ils accusent la mairesse Sylvie Parent de ne pas avoir suffisamment porté haut et fort les revendications de Longueuil. La séance extraordinaire du 26 novembre visait notamment à adopter la partie du budget de la Ville concernant ses compétences d’agglomération. Les conseillers Colette Éthier, Michel Lanctôt, Xavier Léger et Robert Myles s’y sont opposés. Dès la première année d’existence de l’ARTM, en 2017, les maires de l’agglomération avaient dénoncé les 88 M$ que devait verser l’Agglomération (lors du budget 2018) à cette nouvelle instance qui gère le transport en commun. Cela représentait une hausse de 8 M$ par rapport aux sommes normalement versées au Réseau de transport de Longueuil (RTL). On y évoquait une «hausse démesurée» et une situation qui devait être corrigée. Le montant a toutefois été revu en cours d’année (voir explications plus bas). Les élus qui ont voté contre hier jugent que le portrait a bien peu changé depuis. «Je signifie mon désaccord avec le statu quo, a clarifié Colette Éthier. La politique de financement de l’ARTM doit être revue afin d’être plus équitable envers les banlieues, notamment Longueuil.» Elle a critiqué le travail de la mairesse Sylvie Parent, qu’elle a comparé à celui de l’ancienne mairesse Caroline St-Hilaire, qui avait été «très active» et «avait tissé des alliances régionales pour porter nos revendications sur le financement du transport en commun». «À mon humble avis, [Mme Parent] devrait revendiquer davantage sur ces sujets», a jugé la conseillère municipale indépendante, qui a déjà présidé le C.A. du Réseau de transport de Longueuil (RTL). Des propos similaires sont aussi sortis de la bouche du chef de l’opposition officielle Xavier Léger. «La mairesse touche une rémunération substantielle pour siéger à l’ARTM et la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et jusqu’à maintenant, personnellement, son bilan de revendications me laisse sur ma faim.» Michel Lanctôt a abondé dans le même sens, décriant une augmentation des coûts «sans ajout de services». Avec cette contribution, les Longueuillois paient pour des infrastructures à l’extérieur de leur ville, a-t-il avancé. Selon la politique de financement de l’ARTM, l’Agglomération contribue en effet au déficit des services de métro et de train de banlieue. L’exploitation du REM impliquera une contribution supplémentaire. Par ailleurs, le prolongement de ligne et un réseau structurant sur le boul. Taschereau «ne signifient pas que les Longueuillois en auront pour leur argent, a poursuivi M. Lanctôt. Car tous les ajouts de services seront facturés par l’ARTM, par contribution annuelle. Ça ne changera rien à l’iniquité du financement du transport.» Étonnement Cette opposition au budget d’agglomération semble avoir étonné d’autres membres du conseil. Le conseiller du parti de la mairesse Tommy Théberge et le conseiller indépendant Jacques Lemire ont rappelé que deux de ceux qui ont dénoncé la contribution à l’ARTM (MM. Lanctôt et Myles) siègent au conseil d’administration du RTL. Le budget du RTL, qui figurait à l’ordre du jour, a d’ailleurs été adopté à l’unanimité. «J’essaie de comprendre ce que monsieur [Lanctôt] vient de dire. Il a fait quoi, pour de nouveaux services?» a soulevé M. Lemire. Hausse de 2,1 M$ La conseillère Monique Bastien a plutôt mis de l’avant les sommes investies en transport par l’Agglomération, soit 91,5 M$; une hausse de 2,6 M$ par rapport à l’an dernier. La contribution à l’ARTM est responsable de 2,1 M$ de cette augmentation. Sylvie Parent a soutenu qu’une autre partie de cette hausse était attribuable au programme Accès 65 Hors-pointe, qui avait obtenu l’appui unanime des élus au moment de sa reconduction. «Si les gens veulent remettre ça en question, qu’ils le disent. Et qu’ils le disent à la population qui, à chaque fois que je les rencontre, me disent qu’ils sont content que ça continue dans le temps.» Longueuil «sait faire sa place» La mairesse a de plus refusé les critiques à l’égard de son leadership dans le dossier du financement de l’ARTM. Elle a pris pour preuve la récente annonce de la création d’un bureau de projet pour le prolongement de la ligne jaune et d’un transport structurant sur le boul. Taschereau. «Cette annonce démontre à quel point Longueuil sait faire sa place. C’est du jamais vu d’avoir autant de millions de dollars pour le transport en commun. Il n’y a jamais eu autant de convergence d’élus de Québec et de Longueuil, de l’agglomération et de l’ARTM même.»       Financement à l'ARTM: des chiffres à démêler Au moment où les villes adoptaient leur budgets 2018, l’ARTM estimait que la quote-part de l’agglomération de Longueuil se chiffrait à 88 M$, soit 8 M$ de plus que ce que l’Agglomération versait normalement directement au RTL. L'ARTM reçoit désormais l'ensemble des sommes qu,elle redistribue par contrats de services aux divers réseaux de transport. L’Agglomération avait pigé dans ses surplus pour payer la moitié du 8 M$, afin de réduire l’impact sur les quotes-parts. Ce montant était toutefois une estimation, faite à partir d’évaluations préliminaires. Au cours de l’année 2018, l’ARTM a ajusté ses estimations, pour réduire ce montant à 84 M$, soit 4 M$ de plus que ce que l’Agglomération consacrait auparavant au transport collectif. Selon les explications fournies par le directeur général Patrick Savard au journal, les montants versés à l’ARTM sont ainsi de l’ordre de 84 M$ en 2018, 88,9 M$ en 2019, et 91,5 M$ en 2020.