Culture

Fiori face à ses fioritudes

le lundi 04 janvier 2016
Modifié à 0 h 00 min le 04 janvier 2016
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

SPECTACLE. Fioritudes, c'est Serge Fiori sans Serge Fiori. D'abord créé pour les Francofolies en 2014, le spectacle qui rend hommage à Harmonium et au dernier album du chanteur part en tournée, et débarquera à L’Étoile Banque nationale le 16 janvier et au Théâtre de la Ville le 28. Pour le principal intéressé, assister à ce spectacle lui a fait vivre un grand moment d'introspection tout en faisant revivre un fantôme, celui d'un retour sur scène.

Un banc dans la première rangée, un soir de première, ce n'est pas trop la tasse de thé de Serge Fiori. Lors de la présentation de Fioritudes en 2014 à la Place des Arts, le chanteur longueuillois a tout observé depuis un petit balcon, loin des regards.

Pendant qu'Antoine Gratton, Daniel Lavoie, Catherine Major, Marie-Pierre Arthur, Alexandre Désilets et Ian Kelly revisitaient les succès d'Harmonium et de son album Serge Fiori, sorti en mars 2014, le chanteur revivait les moments où lui-même était sur scène et interprétait ses propres compositions.

«Ç'a été très difficile. Je devais vraiment me concentrer à écouter les chansons. Toute la première partie sur Harmonium, ça me replongeait dans mes souvenirs. Je repensais au moment où j'avais écrit ces chansons: où j'étais, ce que je vivais à ce moment, pourquoi je les ai écrites. Ça m'a amené une grande introspection.»

Loin de la scène malgré lui

Ces souvenirs lui ont inévitablement redonné le goût de la scène, alors qu'il n'est pas monté sur les planches depuis de nombreuses années. En raison d'un certain trouble qui affecte ses neurotransmetteurs, l'artiste peut perdre toute concentration en un instant.

«C'est un peu comme un TDAH avancé. Tout d'un coup, je ne sais plus ce que je fais. Alors sur scène, quand toute l'attention est sur toi, c'est difficile de récupérer», relate Fiori.

Il est traité médicalement pour ce trouble, né lors de la dernière tournée d'Harmonium. Le groupe jouait dans les festivals et il était de plus en plus dur pour le chanteur de tenir le coup.

Pourtant, la scène, «c'est là où je suis le mieux, confie l'artiste. J'aime tellement ça, j'aime le monde».

Alors évidemment, un retour sur scène, ça le «travaille». Si ça semble impossible pour le moment, ce qui est certain, c'est que le chanteur a bien hâte de travailler sur deux autres projets qui naîtront en 2016... projets dont il ne dit mot pour l'instant.

«Surréaliste»

Lorsque Laurent Saulnier a présenté à Serge Fiori l'idée des Fioritudes, ce dernier n'était tout simplement pas d'accord. Il s'est pourtant laissé convaincre. «C'était un hommage à Harmonium, mais aussi à l'album qui était sorti depuis trois mois. Ça ne s'était jamais vu. C'est assez surréaliste!», lance le chanteur dans un rire.

Il est tout aussi surréaliste à ses yeux de constater à quel point Harmonium a marqué plus d'une génération. «C'est juste de la reconnaissance que je reçois partout. Les gens me racontent les moments qu'ils ont vécus sur cette musique», s'étonne-t-il encore.

C'est après avoir donné son accord qu'il a appris que son bon ami, l'acteur Luc Picard, un autre Longueuillois, œuvrait à la mise en scène de ce projet. De le savoir ainsi au cœur de la création du spectacle avait quelque chose de rassurant.

«Luc, il me connait tellement. Je sais que ça va donner quelque chose qui va me ressembler, je sais qu'il peut rendre justice à comment moi, je vois la musique.»

Le chanteur tentera bien de revoir le spectacle, à Longueuil ou peut-être ailleurs… dans une petite loge ou un balcon.

 

28 ans plus tard, même technique de création

À l'époque d'Harmonium, Serge Fiori pratiquait toujours la même technique de création pour composer et écrire ses chansons: répéter les mêmes accords pendant des heures, et se «tasser du chemin» pour laisser place à l'inspiration.

Avec son album solo sorti en 2014, rien n'a changé. «J'ai fait les 11 tounes en 12 jours. Et après, je suis tombé à terre. 28 ans à ne pas faire de chansons et d'un coup, elles m'ont trouvé.»