Gaétan Barrette : «La politique est une déception utile !»

Élu en 2018 avec 47,1% des votes exprimés et une confortable avance de près de 6 000 voix, le député sortant de La Pinière, Gaétan Barrette a décidé de ne pas se représenter aux élections provinciales. Dans ses locaux du boulevard La Pinière, à Brossard, l’ancien ministre de la Santé a bien voulu dresser une sorte de bilan de sa carrière en expliquant ce que certains mots signifient aujourd’hui pour lui.

Au sujet de la politique
«Déception utile» répond-il avec l’assurance qu’on lui connaît. «Utile mais on ne nous fournit pas toujours les outils pour atteindre nos objectifs. J’ai toujours été une personne de résultats. La politique, c’est une profession où le résultat est obligé. Mais bien souvent, les impératifs politiques nous empêchent d’exécuter convenablement nos dossiers», estime-t-il.

M. Barrette poursuit : «Prenez un exemple. Quand j’étais ministre de la Santé, on m’a sorti du dossier des négociations avec les médecins. C’était une erreur de la part de Philippe Couillard (alors premier ministre du Québec et chef du Parti libéral).»

L’ancien ministre est catégorique concernant le nombre de médecins qui est bien suffisant selon lui. «Entre 2009 et 2017, le nombre de médecins au Québec est passé de 8000 à 10 000. Il n’y a aucune raison aujourd’hui de ne pas avoir accès à un médecin de famille en deux ou trois jours!» 

Malgré le fait qu’à l’époque sa réforme de la Santé ait été décriée de partout, M. Barrette constate qu’aucun de ses successeurs n’y a touché.  «Prenez la déclaration de Christian Dubé (actuel ministre à la Santé) il y a quelques semaines à propos des CISSS (Centres intégrés de santé et de services sociaux) et des CIUSS (Centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux), dit-il. Il parle d’orientations ministérielles et d’exécution sur le terrain. C’est exactement ce que je proposais il y a quelques années.»

Il ajoute que les politiciens aiment bien dire qu’ils veulent administrer le Québec en bon père de famille. «Mais on vend du rêve, affirme-t-il. On ne dit pas les vrais chiffres. Les seuls à connaître les vrais chiffres sont le premier ministre et le ministre des Finances. C’est tout!» 

Au sujet de la campagne électorale
«Opération charme ou plutôt un concours de perception des chefs», répond le député sortant. 
M. Barrette s’explique : «Quand on sort le soir, on se maquille!, lance-t-il. Pour les chefs, c’est ça. Et si on est chanceux, il peut aussi y avoir un ou deux grands enjeux dans une campagne électorale.»  

Le député dénonce les improvisations et les mesures à court terme. Ainsi, il estime que la décision du présent gouvernement d’envoyer un chèque de 500$ aux adultes gagnant moins de 100 000$ est l’exemple-même de cette vision à court terme. «Cette mesure a coûté l’équivalent de deux nouveaux hôpitaux au Québec. Vous savez qu’il nous manque un hôpital en Montérégie», indique-t-il.

À propos de vision à court terme qui affecte les politiciens, M. Barrette rappelle qu’au Québec, la base de la pyramide démographique atteindra un sommet en 2031, c’est-à-dire qu’il y aura plus de décès que de naissances. Ainsi, «l’accélération du vieillissement démographique d’ici 2031 s’explique par le passage des générations nombreuses du baby-boom d’un groupe d’âge à l’autre.» 

«Mais ça, aucun politicien n’en parle», se désole M. Barrette. 

Au sujet de l’amertume
«Amertume? Ce n’est pas mon genre. Vous savez, quand j’étais ministre, j’ai mis les faits sur la table et on m’a tiré dessus. Est-ce que je suis amer? Peut-être un peu. Mais bon», avoue-t-il. 

Au sujet de la retraite
«Que ce soit bien clair, je ne jouerai pas à la belle-mère, lance Gaétan Barrette en début d’entrevue. Une radio m’a offert de commenter la présente campagne électorale et j’ai refusé!»

Accepterait-il un poste de commentateur plus tard après la campagne? L’homme sourit. «Peut-être que je dirais des choses que certaines personnes n’aimeraient pas», avance-t-il.

En conclusion, le politicien revient avec candeur sur sa vie professionnelle : «On est toujours venu me chercher. Vous savez, j’ai 66 ans. L’espérance de vie pour un homme au Québec est de 82 ans. Si on m’offre quelque chose d’intéressant, je verrai. Sinon, ne vous en faites pas pour moi! J’ai en masse de projets qui m’occupent!»

«En 2018, quand le nouveau gouvernement a annoncé que le Québec avait un surplus de sept milliards, j’ai été le premier surpris!» 
- Gaétan Barrette, député sortant de La Pinière et ancien ministre de la Santé