Chroniques
Opinion

Homme accusé à tort d’avoir tiré sur un agent: Quelle bavure policière !

le mardi 09 février 2021
Modifié à 17 h 13 min le 05 février 2021
Par Claude Poirier

redactiongm@gravitemedia.com

Le 28 janvier, Mamadi III Fara Camara a été arrêté pour tentative de meurtre sur le policier Sanjay Vig à Montréal. Il n’était pas coupable. Dans ma carrière, j’en ai vu des bavures policières, mais celle-ci bat des records. Lorsqu’un policier est victime d’une agression, que ce soit à Montréal ou sur la Rive-Sud, il y a ce qu’on appelle dans le milieu judiciaire un 10-07, soit une demande d’aide immédiate et beaucoup d’adrénaline. L’homme de 31 ans incriminé à tort était un homme de race noire. Je ne veux pas parler de profilage ou de racisme, mais la question se pose quand on constate qu’il a été arrêté si rapidement. Le policier blessé par balles a laissé entendre à ses collègues que Mamadi III Fara Camara l’avait attaqué. L’agent lui donnait une contravention pour utilisation d’un cellulaire au volant au moment des faits. L’accusé n’avait aucun antécédent judiciaire. Il a clamé son innocence et a affirmé avoir appelé le 911 pour donner la description de l’individu qui aurait tiré à deux reprises sur le policier. On n’a pas ouvert d’enquête. Malheureusement, cela arrive fréquemment quand un agent de la paix est victime d’un méfait. Mamadi III Fara Camara a été détenu pendant six jours. Il a vécu un enfer épouvantable! Je serais curieux de savoir comment il a été traité au poste de police. Des suspects qui se font tabasser, j’en ai vu souvent. De plus, il n’avait pas de poudre noire sur les mains, ce qui est rare lorsqu’on utilise une arme à feu. Au moment d’écrire ces lignes, l’arme n’a toujours pas été trouvée. La Couronne s’est opposée à sa libération conditionnelle lors de sa comparution. C’est ensuite qu’on a décidé d’enquêter sérieusement. Une vidéo du ministère des Transports qui aurait été visionnée après l’événement a refait surface. On y voit un troisième véhicule qui serait conduit par un suspect. Les images avaient-elles été regardées par des aveugles la première fois? Une enquête indépendante a été demandée. Je suis d’avis que la Commission des droits de la personne devrait également s’en mêler. Comment se fait-il que le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, ait défendu le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP)? Est-ce qu’il vit sur une autre planète? Ce n’est pas la police qui a faussement accusé, c’est le DPCP! D’ailleurs, le torchon a commencé à brûler entre le Service de police de Montréal (SPVM) et la mairesse Valérie Plante qui réclame une enquête neutre rapidement. C’est une bavure flagrante. On parle de détention illégale, de crucifiement dans les médias parce que la seule preuve retenue repose sur les dires de policiers. Pensez à la famille de ce pauvre homme qui, Dieu merci, a été relâché et innocenté, le 3 février. On a fait un arrêt des procédures judiciaires en laissant une porte ouverte. Ça non plus, ce n’est pas normal. Alors que j’écris cette chronique, un vrai criminel est encore libre. Si j’étais son avocat, je demanderais beaucoup plus que des excuses. Il y a matière à poursuite au civil. J’espère que la lumière sera faite sur une enquête effectuée trop vite. Visiblement, certains ont tourné les coins ronds. 10-4 ! (Propos recueillis par Gravité Média)