COVID-19

Hôpital Pierre-Boucher: des patients positifs et négatifs dans une même salle d’attente ?

le mardi 12 mai 2020
Modifié à 16 h 00 min le 12 mai 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Une femme atteinte de la COVID-19 remet en doute certaines pratiques de l’hôpital Pierre-Boucher, alors qu’elle s’est retrouvée à côtoyer dans une même salle d’attente des patients qui n’étaient pas atteints de la COVID-19. Le 4 mai vers 11h, Sonia Ouellette, testée positive à la COVID-19 depuis le 26 avril, retourne à l’hôpital Pierre-Boucher en raison d’une difficulté à respirer et un mal de dos. Elle est menée à la salle d’attente «chirurgie mineure et endoscopie» du premier étage, où elle doit patienter avant de voir un médecin. Elle raconte que peu de temps après son arrivée, un homme d’au moins 85 ans, en fauteuil roulant, a été conduit dans cette même salle. Ce dernier a demandé si les gens autour étaient testés positifs. «On ne lui a pas dit que cette salle était pour des patients de la COVID-19, s’insurge Mme Ouellet. Il a posé la question et personne ne lui a répondu. Je suis allée voir l’infirmière: elle m’a répondu qu’elle ne voulait pas l’énerver.» Mme Ouellet a pris l’initiative d’informer l’homme. Malgré son inconfort, il ne pouvait désormais plus quitter la salle; une exigence d’un protocole, a-t-on expliqué à Sonia Ouellet, qui demandait des explications. «Je leur ai demandé si on pouvait au moins le laisser passer en premier. Tout le monde était d’accord, alors ils l’ont fait», relate-t-elle. La Longueuilloise comprend mal pourquoi il n’était pas mieux identifié que cette salle était une zone réservée pour les patients COVID-19, ce qui aurait permis d’éviter ce genre de malentendu. D’autant plus qu’elle a constaté que d’autres patients autour d’elle n’étaient pas atteints de la COVID-19. «Une femme était là pour une prise de sang. Ça l’inquiétait, elle ne voulait pas rapporter le virus à la maison», rapporte Mme Ouellet. Au moins un autre patient attendait de voir un médecin pour un autre problème de santé que la COVID-19, selon la femme. Durant les nombreuses heures durant lesquelles elle a attendu, Mme Ouellet a vu du personnel de l’hôpital déplacer des chaises dans le corridor. Des nouveaux patients y auraient été dirigés par la suite. «C’est frustrant, ils ont la vie des gens entre leurs mains», exprime celle qui doutait aussi des techniques de nettoyage du personnel d’entretien. Elle déplore de plus que les patients étaient tous «entassés les uns sur les autres», sans que ne soit respectée la règle de distanciation. Impossible, affirme l’hôpital Pour sa part, la direction de l’hôpital Pierre-Boucher est catégorique: il est impossible que des patients qui ne sont pas atteints de la COVID-19 aient pu entrer dans cette salle dite la «zone chaude». «Cet endroit est réservé aux personnes qui ont été testés positifs au virus ou qui sont fortement suspectés d’en être atteints», explique Hugo Bourgoin, conseiller aux relations médias et ministérielles au CISSS de la Montérégie-Est. Ce dernier précise que les personnes qui entrent dans l’hôpital sont automatiquement prises en charge au triage. Puis, si elles doivent se rendre dans la zone chaude, elles sont escortées et amenées dans l’ascenseur prévu pour s’y diriger. «Personne ne peut se rendre à cet endroit par soi-même. Un agent de sécurité se trouve à l’entrée et fait asseoir le patient dans un siège déterminé. Chaque chaise se trouve à 2 m l’une de l’autre», relate M. Bourgoin. La zone chaude a été aménagée dans ce secteur, puisque les chirurgies mineures ont été suspendues pour traiter des patients de la COVID-19. Quant au raccompagnement de l’homme vers la sortie, l’établissement confirme qu’un protocole est en place pour les patients qui ont à quitter la zone chaude, au même titre que ceux qui veulent y entrer. «Ils sont escortés vers la sortie pour éviter qu’ils flânent dans différents secteurs de l’hôpital qui ne sont pas touchés», précise M. Bourgoin. (Avec la collaboration de Audrey Leduc-Brodeur)