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Hôtel de ville: Brossard doit gérer de nombreux départs

le mercredi 21 novembre 2018
Modifié à 6 h 20 min le 21 novembre 2018
Par Jonathan Tremblay

jtremblay@gravitemedia.com

De nombreux départs de membres du personnel − dont plusieurs directeurs −, parfois quelques mois à peine après leur date d’entrée en fonction, continuent de troubler la direction générale de la Ville de Brossard. Bien consciente de la situation, elle s’explique toutefois mal la source du problème. En date du 5 octobre, pas moins de 44 employés avaient débarqué du navire cette année. Cela représente un taux de roulement avoisinant les 16%. «Ça n’a pas de bon sens. Mon objectif est de diminuer ce nombre, affirme la nouvelle directrice générale Manon Bernard − en poste depuis juin−, reconnaissant que les chiffres sont hors normes. Nous aussi, on s’est questionné!» En 2016 et 2017, ce sont respectivement 38 et 42 départs qui ont été répertoriés. Parmi ces départs sont comptabilisés les retraites, les fins de contrats, les mises à pieds et les démissions, auxquelles le journal s’attarde. «C’est sûr qu’à première vue, oui, c’est un nombre surprenant, indique Mme Bernard. Je ne suis présentement pas en mesure de cerner quelle est la raison principale.» Même si la mouvance chez les élus peut faire partie des explications, les démissions ne proviennent pas du règne de Paul Leduc, ni de la nouvelle ère de Doreen Assaad, croit fermement la directrice générale. Multiples facteurs Une rencontre est généralement effectuée auprès d’un employé annonçant son départ, afin d’identifier ses motivations. La Ville estime cependant ne pas encore avoir mis le doigt sur le problème. «Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces départs, tels que les opportunités d’emplois, la pénurie de main-d’œuvre et les chasseurs de têtes, souligne Mme Bernard. Ça fait seulement quelques mois que je travaille ici et déjà, deux chasseurs de tête m’ont approchée avec des offres.» De son côté, le directeur des ressources humaines Daniel Hébert soutient que Brossard fait face à une situation particulière. «On dit à la blague qu’on est la pépinière pour le recrutement de Montréal et des grands centres comme Longueuil», mentionne-t-il, ajoutant que Brossard offre moins d’opportunités d’avancement. M. Hébert assure néanmoins que les avantages sociaux qu’offre la Ville sont très compétitifs. À la défense de Brossard, la directrice générale admet qu’il est facile de changer d’emploi sans déménager sur la Rive-Sud, ce qui serait moins le cas dans une ville comme Drummondville, plus éloignée des grands centres. Cela augmenterait selon elle également les possibilités de mouvements à Brossard. Instabilité à la direction générale Le directeur des ressources humaines Daniel Hébert et l’ex-chef de cabinet de la mairesse Yves Lemire s’entendent pour pointer l’instabilité à la direction générale comme une des sources potentielles du problème. «J’ai vu passer trois directeurs généraux depuis mon entrée en poste, il y a deux ans», soumet Daniel Hébert. «Je suppose que des choses ont été instaurées sans avoir une direction claire, indique pour sa part Yves Lemire. Quand il n’y a pas de capitaine à bord, les gens sont obligés de suppléer à d’autres jusqu’à temps qu’il y ait un directeur qui entre en poste. Ça peut avoir causé des perturbations au sein de l’administration.» L’ex-chef de cabinet assure par ailleurs que son départ n’a aucun lien avec les départs des autres employés. Lourde charge de travail Brossard est une ville en croissance, présentant une multitude de projets à cadence effrénée et un profil d’entreprise privée, aux yeux du responsable des ressources humaines. «On a une dynamique qui ressemble beaucoup plus à celle d’une grande ville, observe-t-il. On embauche des employés qui sont sur la fin de leur titre «intermédiaire» ou au début de leur carrière «senior», ce qui fait que les opportunités pullulent pour eux.» Selon lui, des gens réaliseraient la vitesse à laquelle les dossiers s’accumulent peu de temps après avoir accepté un poste, ce qui les refroidit. «Ce n’est pas ce à quoi ils s’attendaient», allègue Daniel Hébert. «On est en pleine croissance et le rythme de travail est assez exigeant. On peut le sentir chez les gens en charge de dossiers difficiles», ajoute la directrice générale. Tournée vers les solutions Manon Bernard ne cache pas que la situation est problématique. «Il faut faire des interventions pour retenir les employés et comprendre pourquoi les gens partent. Il faut aller plus loin dans la réflexion», déclare-t-elle. «On va voir comment on peut faire pour régler cette situation préoccupante, la stabiliser, et trouver des stratégies de solutions», concluent-il.   La mairesse au fait de la situation Appelée à commenter la situation, la mairesse Doreen Assaad a souligné «l’expertise incroyable» de la nouvelle directrice générale en poste. «Déjà, on sent que des choses très mobilisatrices sont mises en place. Elles vont nous permettre de réorganiser les tâches pour le bien-être des employés et d’assurer de meilleurs services pour les citoyens, a-t-elle indiqué. Ce qu’on souhaite, c’est que les employés soient bien dans le cadre de leur travail. Que tout le monde rentre, ait du plaisir et sache qu’il contribue. Il y a plusieurs facteurs qui peuvent être pris en considération.»   Nombre de départs à Brossard
  • 2018: 44 (dont 5 départs à la retraite et 5 congédiements
  • 2017: 42 (dont 3 départs à la retraite et 9 congédiements
  • 2016: 38 (dont 8 départs à la retraite et 7 congédiements)
*À noter que la Ville a refusé de fournir au journal le nombre d’employés en congé de maladie en 2017 et 2018.