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Ian Lafrenière nommé ministre des Affaires autochtones

le vendredi 09 octobre 2020
Modifié à 14 h 04 min le 20 octobre 2022
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

Ian Lafrenière remplace Sylvie D'Amours comme ministre des Affaires autochtones. La sous-ministre Marie-José Thomas est elle aussi tombée sous le couperet du premier ministre, qui a annoncé la nouvelle vendredi. Le député de Vachon accède ainsi au conseil des ministres en pleine crise de confiance entre les Premières Nations et le gouvernement, à la suite du décès de Joyce Echaquan le 28 septembre.

Rappelons que la femme atikamekw de 37 ans est décédée au Centre hospitalier régional de Lanaudière, à Joliette, après avoir publié une vidéo montrant des employées la maltraiter et émettre des propos racistes à son égard. Son décès a créé une onde de choc à travers la province.

Le gouvernement a depuis ouvert une enquête publique et le premier ministre a offert des excuses officielles aux proches de la mère de 7 enfants.

Nouvel élan

En conférence de presse vendredi, le premier ministre François Legault a affirmé qu'il voulait «donner un nouvel élan» aux relations entre son gouvernement et les 11 nations autochtones.

Tout en ne condamnant pas le travail effectué depuis deux ans par la ministre sortante Sylvie D'Amours et sa sous-ministre Marie-José Thomas, M. Legault a dit croire «qu'une nouvelle équipe pourrait aider à relancer les discussions».

Souhaitant des résultats concrets et rapide, le premier ministre s'est dit convaincu que la député de Vachon a toutes les qualités pour relever le défi, soulignant au passage son leadership et son humanité.

Ancien policier

Si le statut d'ancien policier du nouveau ministre pourrait être vu par plusieurs comme un handicap dans sa relation avec les communautés autochtones, le principal intéressé et son chef le voient plutôt comme un atout.

«Un des défis est de rebâtir la confiance entre les nations autochtones et les policiers et qui de mieux qu'un policier, qui comprend ce problème-là, pour le régler?» a lancé le premier ministre.

Ian Lafrenière a ajouté que son travail comme policier lui aura permis d'être témoin du problème sur le terrain, d'entrer en contact avec les communautés autochtones et de développer de bonnes relations avec eux.

Le nouveau ministre fait par ailleurs partie du groupe d’action contre le racisme formé à la suite de la mort de Georges Floyd, en juin. Le groupe doit présenter cet automne un plan de match «concret» pour lutter contre le racisme.

«J'ai été policier pendant 28 ans, c'est vrai, mais depuis les deux dernières années je suis ici, à l'Assemblée nationale, et je pense que je vous ai démontré que je suis un député pour les gens, a-t-il par ailleurs souligné. J'ai démontré dans la Commission spéciale [sur l'exploitation sexuelle des mineurs] que je pouvais travailler avec des gens de divers partis. Je ne mets pas de côté mon passé, mais j'ai démontré autre chose aussi.»

Des actions plutôt que des mots

Si François Legault et son nouveau ministre ont tous deux esquivé la notion de «racisme systémique», ils s'entendent pour dire que les gestes concrets sont plus importants que les mots.

«La priorité des priorités est de travailler ensemble à lutter contre le racisme.» – Le premier ministre François Legault

«Je reconnais qu'il y a du racisme, je reconnais qu'il y a du profilage et je reconnais qu'il y a de la discrimination, a déclaré Ian Lafrenière. Je reconnais aussi que présentement, le terme de racisme systémique ne fait pas l'unanimité. Et honnêtement, tant qu'à mettre beaucoup d'énergie à se convaincre mutuellement que c'est le bon terme... Je pense que ce que les gens veulent sur le terrain, ce sont des actions.»

«C'est ça le mandat qu'on m'a donné : d'avoir des actions concrètes», a-t-il ajouté.

«Ce qui est arrivé à l'hôpital de Joliette, ce n'est pas une exception, a quant à lui affirmé le premier ministre. On l'a vu et on a des rapports qui montrent que des représentants de l'État ont prononcé des paroles et posé des gestes racistes à l'égard des Autochtones.

Tous les Québécois, on doit reconnaître cette réalité et on doit prendre la responsabilité.» «Au-delà de nommer les choses, pour moi, ce qui est important c'est les actions, a poursuivi M. Legault. Je souhaite être le gouvernement qui a posé le plus d'actions pour aider les Autochtones. Ce que je demande à Ian, c'est de faire des gains concrets pour les hommes, les femmes et les enfants des nations autochtones.»

Dossiers complexes

Le premier ministre l'a souligné, les dossiers sur lesquels le nouveau ministre aura à travailler, de concert avec les représentants des Premières Nations, sont nombreux : éducation, santé, justice et sécurité publique, logement et économie, entre autres.

«Ma première action sera de contacter chacun des chefs, a expliqué le nouveau ministre. Ce que je veux, c'est une discussion ouverte. Je demande à tous les partenaires, à tous les députés qu'on travaille ensemble.»

«Il y a beaucoup de méconnaissance au sujet des Premières Nations et un de mes premiers jobs sera de m'assurer que leurs besoins et leurs revendications soient bien connus et entendus au conseil des ministres, a-t-il ajouté. J'ai déjà été porte-parole alors, je vais mettre ça à contribution!»