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Il y a 5 ans, Longueuil était submergée par la «crise de l’eau»

le mardi 14 janvier 2020
Modifié à 10 h 50 min le 13 février 2020

Mercredi 14 janvier 2015, 4h du matin. Une conduite d’alimentation à la station de pompage d’eau brute de Longueuil se brise, entraînant un déversement de 28 000 litres d’hydrocarbures dans le réseau d’égout et le fleuve Saint-Laurent, contaminant un puits d’eau brute. Ce n’est que plus de 24 heures après le déversement, soit le 15 janvier à 10h30, que la Ville de Longueuil émet un avis de non-consommation de l’eau. Des citoyens ont contacté le 311, disant avoir remarqué un goût ou une odeur de diésel dans l’eau. Des traces d’hydrocarbures ont bel et bien été trouvées. L’avis touche 280 000 résidents des arr. du Vieux-Longueuil et de Saint-Hubert, ainsi que de Boucherville et de Saint-Bruno-de-Montarville. [caption id="attachment_84325" align="alignleft" width="444"] De longues files s'allongeaient au colisée Jean-Béliveau, le 15 janvier. (Photo: Archives - Le Courrier du Sud)[/caption] En fin d’après-midi le 15 janvier, la distribution d’eau embouteillée bat son plein dans la vingtaine de centres de distribution, comme le colisée Jean-Béliveau. Certains sont ouverts 24h sur 24. Plusieurs citoyens critiquent les délais d’intervention; certains doivent attendre deux heures pour se procurer des bouteilles. Même après la levée de l’avis de non-consommation de l’eau le 16 janvier à 19h, les centres de distribution d'eau demeurent ouverts et achalandés. En tout, 1,5 million de litres d'eau embouteillée sont commandés. La moitié est distribuée. La levée des mesures d’urgence est officialisée le 18 janvier, à 15h. Durant la crise, 10 000 appels ont été logés au service 311 et 7 points de presse impliquant la Ville et entre autres la ministre de la Sécurité publique Lise Thériault ont été nécessaires. Une centaine de tests de qualité de l’eau ont été effectués. Coûts et faux pas [caption id="attachment_84330" align="alignright" width="444"] En 5 jours, 7 points de presse ont été nécessaires. (Photo: Archives - Le Courrier du Sud)[/caption] La Ville de Longueuil se fait taper sur les doigts pour avoir attendu 4 heures avant d’aviser le ministère de l’Environnement du déversement. Elle se fait reprocher le délai de 24 heures avant l’émission de l’avis de non-consommation, avant lequel elle assurait que l’eau était propre à la consommation. Même pendant l’avis de non-consommation, l’eau était considérée potable par la Direction de la santé publique et le ministère de l’Environnement, selon la Ville. Les maires de Boucherville et de Saint-Bruno-de-Montarville, tout comme la mairesse de Longueuil Caroline St-Hilaire, disent vouloir une enquête pour faire la lumière sur la gestion de la crise par la Ville, ainsi que sur le délai de 4 heures. Longueuil souhaite aussi comprendre les hésitations entre les intervenants et ministères concernant la nature de l’avis (non-consommation ou non-utilisation). Recours Des citoyens mécontents souhaitent intenter un recours collectif contre la Ville, au montant de 29 M$. En février 2017, ils renoncent finalement à exiger ces dédommagements et concluent une entente à l’amiable avec la Ville. L’entente est entérinée en mai 2017 et mise sur la prévention. L’administration municipale s’engage entre autres à installer des analyseurs d’hydrocarbures. Sur un autre front, les Aliments Weston intentent en juillet 2015 une poursuite de 388 000$ contre la Ville pour les pertes liées à la contamination de l’eau. Quelques jours plus tard, deux autres boulangeries déposent une requête contre l’administration. Novembre 2015, Longueuil entame une poursuite totalisant 8 M$ contre des entrepreneurs, consultants et spécialistes qu’elle accuse de négligence. En décembre 2016, la Ville est contrainte à payer une amende de 150 000$ au ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, en vertu du règlement sur les matières dangereuses. La crise de l’eau aura coûté 740 000$ à la Ville de Longueuil. Décontamination, 5 ans plus tard [caption id="attachment_84332" align="alignright" width="444"] La station de pompage d'eau brute de la rue Saint-Charles Ouest avait été contaminée par le déversement. (Photo: Archives - Le Courrier du Sud)[/caption] En août 2019, l’agglomération de Longueuil reçoit du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques une aide financière de 807 550$ afin de décontaminer 600 m3 de sols sous la station de pompage d’eau brute. Le traitement pourrait s’échelonner sur cinq ans, au coût total d’un peu moins de 1,3 M$. À lire aussi: Station de pompage: la décontamination pourrait prendre cinq ans Surveillez nos capsules historiques chaque jeudi et consultez-les toutes dans notre section Capsules historiques !