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Intégration en milieu de garde: c'est par l’accompagnement des éducatrices que ça passe

le mercredi 12 décembre 2018
Modifié à 10 h 05 min le 12 décembre 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Le nom de l’organisme Intégration sociale des enfants handicapés en milieu de garde (ISEHMG) laisse peu de mystère quant à l’ultime objectif qui mobilise la petite équipe de Longueuil. Pour favoriser et faciliter cette intégration, ISEHMG mise sur l’accompagnement des éducatrices. Bien que quelques CPE se réfèrent à ISEHMG, l’organisme concentre surtout ses activités auprès de milieux de garde scolaire, un peu partout au Québec. En 2017-2018, il est intervenu auprès de plus de 1600 éducatrices. Que ce soit de manière individuelle ou en groupe, sur place ou à distance, le soutien-conseil proposé par les conseillères à l’intégration est personnalisé, établi à partir des besoins spécifiques de l’enfant en situation de handicap ou ayant des besoins particuliers ainsi que des restrictions et compétences du milieu. Sur place, les conseillères feront des observations de l’enfant et aideront les éducatrices à appliquer des moyens d’intervention et des outils sur mesure. Le travail se fait surtout en prévention et moins en gestion de crise, afin de «reconnaître en amont les signes et le contexte qui pourraient favoriser l’escalade», souligne la directrice générale Ginette Pariseault. À distance, les conseillères peuvent aussi échanger sur les différents besoins des enfants en situation d’intégration, acheminer des outils d’interventions et partager de l’information. De la formation personnalisée Au volet de soutien-conseil s’ajoute celui de la formation, en présentiel ou en ligne. Mais même connectée, la formation est personnalisée, en direct. «L’objectif est d’augmenter les compétences et connaissances des éducatrices face à certains problèmes, soutient la coordonnatrice clinique et conseillère à l’intégration Marie-Josée Castonguay. On remarque par exemple qu’il y a de plus en plus de cas de TSA dans les milieux de garde scolaire. On propose des pratiques à utiliser dans leur réalité.» «Notre force, je crois que c’est notre regard extérieur. Nous apportons une certaine objectivité», illustre Mme Pariseault. Dans ce dossier, la question de l’intégration à tout prix revient souvent. À cela, ISEHMG répond d’entrée de jeu qu’il faut se baser les capacités de l’enfant et du milieu. «Mais on ne peut pas dire: celui-là ne sera jamais intégré. Tout comme le trouble du spectre de l’autisme, il y a aussi tout un spectre de différentes stratégies. Il y a plusieurs niveaux d’intervention», compare la directrice. La particularité du milieu de garde Le milieu de garde présente un environnement bien particulier, où l’enjeu de socialisation occupe une place importante. «Contrairement à la classe, très structurée, il y a quelque chose de plus relax, où on est capable de faire des activités individuelles et en groupe. L’objectif est différent et ça pose un défi particulier», reconnaît Ginette Pariseault. D’autant plus que contrairement à l’école, divisée en classes régulières et en classes relations, tous les enfants cohabitent dans un même groupe au service de garde. Des difficultés d’adaptation s’ajoutent pour les enfants avec des besoins particuliers, qui doivent parfois changer d’école pour se rendre au milieu de garde scolaire. De plus, ces enfants bénéficient souvent d’un accompagnement en classe, mais ce n’est plus forcément le cas une fois en milieu de garde. «L’idée n’est pas forcément d’avoir des spécialistes en milieu de garde, mais bien d’outiller les éducatrices. On travaille sur leur sentiment de compétence», évoque Marie-Josée Castonguay, qui raconte qu’il n’est pas rare que des éducatrices puissent se sentir débordées ou dépassées. Né d’un projet pilote de l’Association québécoise des services de garde en 1994, ISEHMG est reconnu comme organisme à but non lucratif depuis 2004.   Déboulonner quelques mythes Lorsqu’il est question d’intégration d’enfants en situation de handicap, quelques idées préconçues persistent. Quels mythes devrait-on déboulonner? C’est ce qu’a demandé le journal aux expertes d’ISEHMG. «Il y a encore cette mauvais manie de regarder l’enfant uniquement sous l’angle de son diagnostic. On travaille à dénouer ça. Chaque enfant a ses besoins, ses forces, ses compétences. Il ne faut pas oublier que c’est un enfant de 4 ans qui aime jouer», donne en exemple Ginette Pariseault. Aussi, un enfant ayant des difficultés ne nécessite pas systématiquement la mobilisation d’une panoplie de spécialistes. Voilà une croyance à changer, tant autant auprès de certaines éducatrices que de certains parents. Par ailleurs, «on a tendance à mettre plusieurs choses en place sans avoir d’abord évalué les besoins et nécessités de l’enfant. Et quand cette évaluation est faite, souvent, ça dédramatise», identifie la conseillère à l’intégration Fanny Thériault. Pour Laurie Cloutier, l’idée que d’intégrer un enfant avec des besoins particuliers dans un groupe pourrait déstabiliser les autres jeunes est parfois persistance. «Mais au contraire, on habitue les enfants à la différence, à ce qu’est l’enfant.»