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Opinion

Je savonne Gaétan Barrette

le mercredi 08 juin 2016
Modifié à 0 h 00 min le 08 juin 2016

En 2016, dans une société dite évoluée et riche, notre ministre Gaétan Barrette s’obstine encore à traiter le «un bain aux deux semaines dans les CHSLD» au niveau intellectuel du jadis débat sur la couleur de la margarine.

Qu’une p'tite débarbouillette passée à la sauvette (faute de personnel et d’obligation de performance budgétaire) soit suffisante pour l’hygiène...Oui, c’est suffisant. Mais voyez-vous, M. Barrette, un malade en perte d’autonomie, ce n’est pas comme un comptoir de cuisine. C’est un être humain qui, toute sa vie, a pris une douche ou un bain au quotidien pour se sentir bien dans son corps.

Personne ne vous demande un bain par jour, mais bien deux par semaines. Deux, au lieu d’un seul, est-ce trop demandé pour ceux qui le voudraient et qui se l’offriraient même au quotidien si leur corps ne les avait pas abandonnés? Vos conditions administratives ont-elles pris le dessus à ce point sur les conditions humanitaires ? Votre obsession du déficit budgétaire vous a-t-elle mené au déficit humanitaire?

Connaissez-vous quelqu’un qui aimerait dire: «Écoute, mon Gaétan, j’ai assez hâte de perdre mon autonomie, faire dans une couche, me faire donner un bain par semaine, pis comme passe-temps, regarder par une fenêtre d’un CHSLD en fredonnant Ne tuez-pas la beauté du monde, 'sti que j’ai hâte!»?

Quand j’écoute votre argumentaire sur les soins aux patients, j’ai l’impression d’entendre le mégalomane que vous êtes dire «la santé, c'est moi», comme si vous repreniez la formule attribuée à Louis XIV «L'État, c'est moi». Vous avez tellement raison sur tout. 

Vous savez que les jeunes infirmières sont de plus en plus laissées à elles-mêmes, car votre administration a coupé de beaucoup dans le temps d’enseignement des infirmières éducatrices. Les erreurs médicales sont plus nombreuses, les infirmières à bout de souffle.  

Maintenant que je vous ai bien savonné, je vais vous rincer.

Comme ancien président de la Fédération des médecins spécialistes (de 2006 à 2014), vous avez obtenu pour vos confrères spécialistes des augmentations de salaire très appréciables, sans demande de performance.

Seulement en 2013-2014, la générosité envers les petits copains médecins a couté 838 M$ aux contribuables. Tout ce fric durant la période d’austérité imposée partout pour parvenir à l’équilibre budgétaire du PLQ…

Gaétan : «Philippe, on coupe partout, mais pas là, ok?»

Philippe : «Bien sûr Gaétan, des chums, c’est des chums!»