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Éducation

Kafka fait des miracles à l'école Mgr-A.-M.-Parent

le mardi 09 octobre 2018
Modifié à 9 h 48 min le 09 octobre 2018
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

ÉDUCATION. Depuis deux semaines, il y a une nouvelle venue au sein des classes de déficience intellectuelle moyenne (DIM) de l’école Mgr-A.-M.-Parent: Kafka, un chien Mira, accompagne désormais les élèves au quotidien. Et elle le fera pour les cinq prochaines années. Les enseignantes Isabelle Raîche et Lucie Jolicoeur ont eu l’idée d’accueillir un chien Mira en classe il y a deux ans. «On avait un groupe d’élèves avec des besoins un peu plus particuliers», explique Lucie Jolicoeur, ajoutant avoir entendu parler d’une école primaire de Lévis qui avait initié un projet semblable. Les 44 élèves de la DIM sont divisés en quatre groupes. Plusieurs d’entre eux vivent avec le trouble du spectre de l’autisme (TSA). D’autres ont des troubles de comportement ou encore des handicaps moteurs, visuels ou langagiers. «On souhaitait que le chien apaise les élèves qui ont des troubles anxieux; on en a de plus en plus. On voulait aussi qu’ils socialisent, qu’ils se déplacent dans l’école et que ça aide à la participation en classe», précise l’enseignante. Élèves responsables Afin que les quatre groupes puissent profiter de la présence du compagnon à quatre pattes, les enseignantes ont dû mettre sur pied un horaire. Ainsi, lorsqu’il arrive en classe le matin, chaque élève doit dire bonjour à Kafka. «On passe de bureau en bureau», explique Lucie Jolicoeur. Et ce sont les élèves qui s’occupent de changer Kafka et sa nourriture de local lorsque le temps est venu. «Les élèves ont pris de la maturité en s’occupant du chien. On sent qu’ils prennent ça au sérieux. Je remarque aussi beaucoup de communication», note Isabelle Raîche. «Je l’aime beaucoup, lance avec bonheur une élève. C’est la première fois qu’il y a un chien dans l’école ici. Elle vient me voir, elle vient me lécher, elle est contente de me voir!» Effets remarquables Dans certaines situations, la présence de Kafka fait même des miracles. «Depuis un an, j’ai une élève qui ne fait jamais d’éducation physique, raconte Lucie Jolicoeur. Normalement, elle est assise dans un coin et il faut qu’on la tire, puis elle fait trois minutes avant de s’asseoir par terre. Mais avec le chien, elle fait son éducation physique. Ça la motive à se mobiliser plus rapidement. Même pour traverser la rue, elle devait toujours tenir la main d’un adulte mais maintenant, avec Kafka, elle le fait seule.» Les deux enseignantes admettent que quelques élèves ont éprouvé une certaine crainte à la vue du chien. Mais déjà, un changement s’est opéré. «En une semaine, la crainte avait déjà diminué. Un élève qui avait très peur est maintenant capable de la flatter», se réjouit Mme Raîche. Un projet aux coûts élevés Isabelle Raîche et Lucie Jolicoeur ont présenté leur projet d’accueillir un chien Mira à la directrice adjointe Caroline Coiteux il y a un an. «Ça m’a tout de suite parlé, affirme cette dernière. C’est une forme de zoothérapie. Je crois beaucoup aux bienfaits de la relation des humains avec les animaux.» Le directeur de l’institution Serge Caron et le conseil de direction ont approuvé le projet, qui a également reçu l’accord de tous les parents, nécessaire entre autres pour une question d’allergies. Mais pour accueillir le chien, l’école de l’arr. de Saint-Hubert devait obligatoirement s’engager auprès de la Fondation pour une durée de cinq ans, pour un montant total de 25 000$. Un coût difficile à assumer pour une école secondaire. La direction a donc exigé que le premier 5000$ soit amassé avant que l’école ne s’engage officiellement. Contre toute attente, les enseignantes sont parvenues à obtenir deux dons de 5000$; l’un du magasin entrepôt Le groupe Brande, l’autre de l’entreprise Transfab TMS, qui est aussi un milieu de stage pour les élèves de la DIM depuis plusieurs années. «Ensuite, il y avait le processus avec les avocats et la commission scolaire. Il a fallu analyser le contrat de Mira; ç’a été assez long», se souvient Isabelle Raîche. En juin, lorsque les avocats de l’établissement ont approuvé le tout, il ne restait qu’à contacter Mira pour officialiser le projet. Avant d’accueillir Kafka, les deux enseignantes ont dû suivre une formation d’une semaine afin d’apprendre à la diriger. Moyens de financement Bien que l’école ait déjà amassé 10 000$ de financement, soit l’équivalent de deux années avec Kafka, il lui reste toujours 15 000$ à trouver. Pour y parvenir, les enseignantes et la direction de l’école mettent sur pied différents projets. Une friperie a notamment été créée à même l’établissement scolaire. Des vêtements usagés sont vendus au coût de 1$ chacun. Les élèves de la DIM y réalisent d’ailleurs des stages à l’interne, où ils apprennent à plier les vêtements ainsi qu’à les classer en ordre de grandeurs. La friperie est ouverte aux élèves un midi par mois ainsi que lors des rencontres de parents. Le grand public peut également y magasiner sur rendez-vous. L’argent amassé va directement au fonds pour Kafka. Un souper-spaghetti sera également organisé le 12 octobre, à 18h, à la cafétéria de l’école. Un spectacle à l’auditorium sera présenté lors de cette soirée. Tous peuvent se procurer des billets en contactant Isabelle Raîche au 450 676-0261, poste 7096.