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La chanson québécoise trouve sa voie de 1947 à 1960

le lundi 02 mai 2022
Modifié à 0 h 00 min le 28 avril 2022
Par Lilian Largier, Initiative de journalisme local

redactioncd@gravitemedia.com

Alys Robi, durant l’enregistrement de l’émission radiophonique «Revoir Paris», le 19 avril 1945. (Photo : Radio. Revoir Paris. Alys Robi., 1945, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Fonds Conrad Poirier, Photo : Conrad Poirier.)

75e anniversaire du Courrier du Sud. Qu’écoutaient les Canadiens français en 1947 ? Dans la province, la chanson s’est beaucoup appuyée sur le folklore, la poésie québécoise et le country, puis sur les chanteurs et paroliers français comme Léo Ferré, Georges Brassens ou Jean Ferrat. 

Tout comme le Courrier du Sud, de nombreuses vedettes de la musique ont vu le jour en 1947: Michel Sardou, Mike Brant, Julien Clerc, Franck Michael, Michel Berger, France Gall, Alain Bashung, ainsi que les Québécois Renée Martel et Claude Dubois.

Alys Robi, première vedette internationale

Née en 1923 dans le quartier Saint-Sauveur à Québec, Alys Robi a été la première artiste du Québec mondialement connue. Également comédienne et animatrice radio, la chanteuse a connu un fort succès avec Tico-Tico (1942). 

Au sommet de sa gloire à la fin des années 40, celle qui était surnommée «la chanteuse de la guerre» a participé à des comédies musicales et a fait découvrir la musique latino au public canadien, avec des adaptations personnelles, en français comme en anglais. 

Elle a enregistré des disques à New York et Los Angeles, comprenant Chaque nuit, Tu verras et Sonata (1947).

L’éclosion du pionnier Félix Leclerc

Jacques Normand, animateur dans les cabarets montréalais, présente en 1950 à l’impresario français Jacques Canetti un certain Félix Leclerc, jusque-là auteur de poésie, de textes pour la radio et le théâtre, et parfois de chansons. 

L’«homme chantant» enregistre rapidement une douzaine de titres, puis part trois ans en France, montant sur les scènes des plus célèbres cabarets de Paris comme l’ABC ou le théâtre Les trois baudets. Ses plus grands titres ont été Moi, mes souliers (1951), Le p’tit bonheur (1951), Complot d’enfants (1953), Contumace (1952) ou Le tour de l’île (1975).

Des influences venues d’outre-Atlantique

Des chanteurs comme le français Charles Trenet, qui interprétait La mer (1945) et Mon cher Canada (1947), influenceront les artistes d’ici. 

Dans les années 40 se sont illustrés au Québec Paul Berval (chanteur d’opérette longueuillois), Colette Bonheur (chanteuse au cabaret Au faisan doré révélée à la radio), Lucille Dumont (première Miss Radio en 1947, interprète de Jour de fête), Jacques Labrecque (musique traditionnelle), Robert l’Herbier (chanteur vedette de l’émission radiophonique Les joyeux troubadours à la Société Radio-Canada), Muriel Millard (Reine de la radio et vedette de Cabaret) ou Fernand Robidoux (animateur radio et auteur-interprète de Je croyais en 1945).

Le country western québécois devient populaire avec Willy Lamothe qui, en 1946 et 1947, sort Je chante au clair de lune, Mon rêve et Le joyeux cowboy.

Michel Louvain, la première idole suivie par une foule d’admiratrices

Alors que le phénomène Elvis Presley s’abat sur les États-Unis et le monde, le crooner Michel Louvain provoque des émeutes lors de ses apparitions, une première au Québec. S’il nous a quittés en 2021, une pièce de théâtre musical, Un certain souvenir, qui lui rend hommage, sera bientôt en tournée dans la province, comprenant la chanson qui l’a révélé au grand public lors du Gala des splendeurs, Buenas noches mi amor (1958), empruntée à Dalida, et son incontournable classique La Dame en bleu (1977).

Le rôle important de la radio et de la télévision

Au début des années 1950, la télévision propulse des chansonniers sur le devant de la scène, tout comme le fera la radio avec de nouvelles émissions consacrées à la «chanson canadienne», avec des concours de chant. 

De grands noms vont saisir leur chance: Gilles Vigneault (immense artiste, poète et défenseur de la langue française, avec Gens du pays), Jean-Pierre Ferland (chanteur participant à l’émission de télévision Music Hall), Fernand Gignac (6 millions d’albums vendus), Pauline Julien (interprète des textes de grands poètes, figure souverainiste et féministe), Claude Léveillée (400 chansons à son actif et compositeur pour Édith Piaf), Raymond Lévesque (grand auteur-compositeur-interprète) ou encore Monique Leyrac (chanteuse de Cabaret Au faisan doré, puis en duo avec Charles Aznavour).
 

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