La culture du don tissée serrée
À l’approche des Fêtes, nous ressentons le besoin de contribuer au mieux-être collectif en faisant un don pour les banques alimentaires et les paniers de Noël. Mais cette année, le contexte de pandémie particulièrement difficile pour le secteur culturel incite à ouvrir plus largement son portefeuille pour faire également un don en culture. Les organismes culturels, notamment les compagnies et les diffuseurs en arts de la scène, vivent une crise sans précédent. Outre le fait de se réinventer en se tournant vers les plateformes de diffusion numérique, les organismes ont dû faire appel à leurs abonnés pour pallier le manque à gagner. De là l’importance d’avoir des liens tissés serrés avec sa communauté. Selon la récente étude <@Ri>Repenser la philanthropie culturelle à Montréal, les relations et la communauté<@$p>, Wendy Reid, professeure agrégée à HEC, fait état de l’importance pour les organismes culturels d’avoir une communauté de donateurs individuels engagés, peu importe leur profil et leur capacité financière. Cette relation, établie avec le temps, offre un contexte à échelle humaine qui favorise les demandes de dons supplémentaires en cas de besoins particuliers. Pour bâtir cette communauté de donateurs, selon Wendy Reid, il est nécessaire pour l’organisme de passer d’une relation marchande à une relation philanthropique avec sa clientèle fidèle. La philanthropie n’est plus alors réservée aux grands mécènes de ce monde et devient l’affaire de tous. Les théâtres ont pu bénéficier de ce soutien au cours de l’année. De nombreux abonnés ont donné le coût des billets pour les spectacles annulés. Ces donateurs expriment ainsi leur humanisme par leur engagement envers l’organisme. Une autre approche de la philanthropie qui commence à poindre et qui témoigne des liens unissant les individus aux organismes artistiques est «la tontine». Cette pratique implique des personnes, amis, connaissances qui, ensemble, regroupent leur épargne, à part égale, pendant une certaine période, pour ensuite l’investir dans une cause chère à l’un des souscripteurs. Ainsi il se crée, autour de chacune des causes des souscripteurs, un intérêt commun qui valorise la solidarité, le sens de la communauté. Cette collectivisation de la responsabilité en matière culturelle a le potentiel de stimuler les synergies autour des organismes visés. Elle offre aussi un antidote à l’isolement actuel, au repli sur soi, à l’effritement des liens sociaux induits par la lutte contre la pandémie, en promouvant des valeurs plus importantes que jamais, et en contribuant à maintenir vivante la culture dans nos vies. Est-ce que la tontine pour un organisme culturel ne pourrait pas être votre contribution sociétale pour 2021?