Chroniques
Opinion

La culture, notion ou émotion ?

le mercredi 26 août 2015
Modifié à 0 h 00 min le 26 août 2015

Depuis 45 ans, j'entends la même question: «Avant de dépenser l’argent des contribuables pour une œuvre d’art public, y-a-t-il autre chose à faire de plus urgent?» (j’ai entendu cette question il y a un mois à la Première Chaîne, pas à une «radio poubelle»!).

Oui monsieur, il y a toujours quelque chose de plus urgent qu’une œuvre d’art. Oui monsieur, il y a des problèmes de santé, d'éducation. Oui monsieur, avant d’installer une œuvre d'art public à une intersection, il y a toujours plus urgent.

Mais mes 45 ans en culture m’ont appris qu'au-delà de la culture, il y a la vie. Elle est étroitement reliée à tous nos gestes quotidiens; on ne le réalise pas assez souvent. Pas en termes de notion, mais en termes d'émotion.

Combien de gens ont la larme à l'œil lorsqu'ils entendent une chanson qui leur rappelle un premier amour? Combien de gens se souviennent de leur premier concert, de la première manifestation culturelle à l'anniversaire du petit dernier, de leur première visite au musée ou à la bibliothèque de la municipalité?

Cela, sans égard à leur connaissance de l'art ou de la culture. Comme si l’érudition était plus importante que l'émotion face à une œuvre musicale ou visuelle!

Alors oui monsieur, il y aura toujours des urgences  plus "urgentes" que la création d'une œuvre d’art public, que l’illumination d’un pont (Jacques Cartier).

Au fait, si la France avait suivi ce principe de «plus urgent», il n’y aurait pas eu de Tour Eiffel pour l’Exposition universelle de 1889!

Oui monsieur, il y a toujours des choses plus urgentes. Mais une ville sans art public ou sans musique, serait une ville sans émotion. La banalité de lieux publics évoque la banalité des gestionnaires sans âme. Et une ville sans âme est une ville qui n’est pas séductrice et qui n’attire personne.

La musique dans tout cela…

Dans un autre ordre d’idée, je constate que le clivage entre la musique classique et la musique populaire tend à disparaître. Je dois dire que l'apport des artistes comme Kent Nagano, Angèle Dubeau, ou alors Gregory Charles et Marc Hervieux, dans des projets comme le SAM (Sommet des arts et de la musique de Longueuil),  pour ne nommer que ceux-là, y sont pour quelque chose.

En ce sens, nous vivons là une vraie démocratisation de la culture. Et c’est tant mieux!

L'auteure, Thérèse David a contribué, à titre de chef du Bureau de la culture de Longueuil de 2010 à 2015, à la mise sur pied du Bureau de la culture, du Conseil des arts de Longueuil et de la Maison de la culture de Longueuil. Œuvrant dans le domaine des communications depuis près de 45 ans, elle a occupé successivement des postes de haut niveau dans le secteur des médias et de la culture.