Culture
Éducation

La passion contagieuse de Bertrand Lamoureux

le lundi 18 juin 2018
Modifié à 10 h 40 min le 18 juin 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

MUSIQUE. Bertrand Lamoureux était un enseignant pas comme les autres. Il a marqué des centaines d’élèves de la concentration Musique-Études de l’école secondaire Mgr.-A.-M.-Parent, déménagée à l’école Saint-Edmond dans l'arr. de Greenfield Park. Ses anciens lui ont d’ailleurs bien fait sentir toute la passion qu’il a su leur transmettre, à l’occasion d’un concert-hommage. Le concert organisé par l’ensemble Sérénade le 3 juin joué sur scène une sélection de ses propres arrangements. «C’était vraiment beau et émouvant», apprécie M. Lamoureux, qui est aussi monté sur scène pour diriger une pièce. Tisser des liens La plus grande fierté de Bertrand Lamoureux en 35 ans, c’est Facebook qui lui aura révélé. «Quand j’ai découvert Facebook en 2000, tous mes anciens élèves sont venus me voir. Ma plus grande fierté, c’est ce lien personnel créé avec les étudiants, relate-t-il. Je réalise la chance énorme d’enseigner la musique et d’avoir eu les mêmes élèves pendant cinq ans. Si le professeur t’enseigne une matière qui te passionne, si tu es allé faire telle compétition, tel voyage avec lui, comment ne pas garder lien profond?» Il se considère chanceux d’avoir pu côtoyer tout au long de sa carrière des élèves motivés. Il faut dire que la musique est pratiquement inscrite dans l’identité de l’école Mgr.-A.-M.-Parent. Dès 1979, M. Lamoureux a lancé le cours régulier de cordes, alors que l’école comptait déjà une harmonie (instrument à vents). C’est en 1989 qu’est née la concentration Musique-Études, au départ nommée Douance musique. «En harmonie, on avait un prof très charismatique, Michel Fortin. Son harmonie marchait très bien, la plus prestigieuse de la commission scolaire. Et il y avait les cordes depuis 10 ans. Alors quand ils ont voulu créer la concentration, c’est naturellement venu à Mgr.-A.-M.-Parent», raconte le retraité, qui s’implique toujours bénévolement au sein de la concentration. M. Lamoureux n’a d’ailleurs que de bons mots pour son ancien collègue, avec qui il nourrissait une «rivalité très amicale». M. Fortin a d’ailleurs assisté au concert-hommage. «Quand tu arrivais à côté de lui, si tu n’étais pas créatif, tu passais pour un deux de pique!... alors moi qui suis orgueilleux!» [caption id="attachment_51894" align="alignnone" width="521"] Bertrand Lamoureux[/caption] Arrangements sur mesure Avec ce poste d’enseignant, Bertrand Lamoureux s’est découvert un talent pour les arrangements musicaux. Il arrangeait des pièces en pensant spécifiquement à la composition et aux forces d’un groupe, où pouvait se côtoyer Marc-André Gauthier, qui a remporté de nombreux prix et accompagné de prestigieux orchestres, et des débutants. «On ne pouvait pas penser une classe plus asymétrique! lance M. Lamoureux. Je faisais des arrangements où les premiers violons vont travailler plus fort, les deuxièmes violons vont faire des choses plus simples, pour que tout le monde puisse s’intégrer dans un même ensemble.» Les pièces qu’il travaillera doit répondre à un critère: elles doivent le passionner. Il se sera ainsi consacré notamment aux grands chansons françaises (Aznavour et autres), au répertoire classique (Bach, Schubert, mais pas Mozart, qu’il déteste!), et à des classiques du rock. Il a par exemple adapté Comfortably Numb de Pink Floyd pour les cordes. «Le solo de guitare électrique au violon…c’est presque aussi beau que l’original», évoque-t-il, soulignant la grande difficulté rythmique d’une telle œuvre. Les préférences du moment de ses élèves n’influenceront aucunement son choix. «Il faut que la musique me parle, et je m’en fous que les jeunes n’aiment pas nécessairement. Gilles Vigneault, ils ne connaissent pas, mais c’est un must.» Se qualifiant comme un «franc passionné de la musique», Bertrand Lamoureux la perçoit presque comme une religion, une forme de foi, qui s’incarne dans son enseignement. Il reconnaît en elle une force de rassemblement. «S’il y a une discipline qui nous amène à sortir de notre écran, à écouter notre voisin, à jouer avec le groupe, à faire une unité physique, acoustique, visuelle et de sympathie, c’est bien la musique. Une discipline qui répond à ce dont les technologies nous privent: du contact humain. Avec la musique, tu dois réagir, c’est d’autant plus une richesse.»