Actualités

La Rive-Sud accueille un sanctuaire de chimpanzés

le dimanche 24 avril 2016
Modifié à 0 h 00 min le 24 avril 2016
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

SANTÉ ANIMALE. Depuis 1997, 21 chimpanzés et 4 singes ont élu domicile à Carignan. Non pas dans un quelconque boisé, mais au Sanctuaire de chimpanzés de la Fondation Fauna, destiné à d’anciens animaux de laboratoire qui peuvent maintenant savourer une retraite paisible.

Derrière ce projet un peu fou, on retrouve Gloria Grow et son mari, Dr Richard Allan, propriétaire de l’Hôpital vétérinaire Taschereau, dans l’arr. de Greenfield Park. En plus du sanctuaire de chimpanzés et de singes, la Fondation Fauna, un organisme sans but lucratif, compte une ferme et la Réserve naturelle du ruisseau Robert. Quatorze employés et jusqu’à 40 bénévoles œuvrent à l’une ou l’autre de ces missions.

Le sanctuaire, qui héberge actuellement une douzaine de chimpanzés, est unique au Canada, alors qu’aux États-Unis, on en compte seulement six. Les plus imposants accueillent des centaines de ces animaux, et les plus petits, une soixantaine.

Loulis et Tatu sont les deux petits derniers du sanctuaire. Ils sont arrivés en 2013 de la Central Washington University, où la chercheure Mary Lee Jensvold a travaillé pendant plus de 30 ans avec les chimpanzés qui emploient le langage des signes. Elle les a pour ainsi dire «suivis» jusqu’à Carignan, où elle œuvre maintenant.

«Je suis avec eux depuis 1986. Je peux dire que je suis venue avec une partie de ma famille: mon mari et une de mes filles sont aux États-Unis, puis mon autre fille, Tatu et Loulis sont ici!», dit-elle en riant.

Si Loulis et Tatu n'avaient pas atterri au sanctuaire, ils auraient sans doute été acheminés vers un autre refuge, plus gros, dans lequel l’intégration aurait été sans doute plus difficile. «Ici, les groupes sociaux sont très fluides; c'est plus facile de s'intégrer», soulève la spécialiste.

Depuis que les chimpanzés ne sont plus utilisés dans les recherches biomédicales, ils sont nombreux en attente d’un refuge qui pourrait les accueillir. Les lois sont très sévères et rendent difficile le transport de ces animaux – «ce qui est une bonne chose», se réjouit Dre Jensvold. La Fondation Fauna pourrait accueillir un nouveau chimpanzé uniquement pour remplacer un résident, advenant un décès.

Grand terrain de jeu

Sur place, Spock, Rachel, Jethro, Binky et leurs compagnons ont leur propre bâtiment, duquel s’articulent de nombreux tunnels où ils peuvent se promener et observer la nature. Ils ont aussi accès à de petites îles, délimitées par un cours d’eau – les chimpanzés ne sachant pas nager – et par une clôture électrifiée.

Lors de la visite du Courrier du Sud – le lieu n’est pas ouvert au public, mais propose quelques tours guidés durant l’année –, certains chimpanzés ont sorti le nez dehors dans les tunnels, malgré l’air frisquet.

Le sanctuaire leur offre un environnement calme et une belle communauté. Mais malgré les tunnels qui s’allongent au fil des ans et les petits soins apportés par huit préposés, il n’en demeure pas moins que les chimpanzés ne goûteront pas à la liberté.

«Ça reste une prison pour eux. Le seul moment où ils seront libres, ce sera à leur mort, nuance Dre Jensvold. Alors qu’est-ce qu’on peut faire? On essaie de leur proposer des choses différentes, plusieurs choix. En communauté, ils ont des amis. Et par notre attitude, on leur montre aussi qu’on est des amis.»

La cage de cinq pieds par cinq pieds utilisée dans les laboratoires, laissée sur le terrain, rappelle le passé peu joyeux de ces chimpanzés.

À lire aussi:

Comment bâtir un sanctuaire de chimpanzés?

Le passé sombre de ces chimpanzés