ART VISUEL.Sous le grand dôme de la cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue, La Robe-Cathédrale surplombe les grandes rangées de bancs de bois. Discrète et imposante à la fois, elle renferme et dévoile des «fragments d’existence», selon son auteur Carole Simard-Laflamme.
L’œuvre, qui a nécessité trois jours d’installation, compte 12 rangées superposées de huit modules de bouts de tissus enchevêtrés. Ces tissus symbolisent les 12 temps de la vie, du blanc pour la naissance et les couleurs pastelles pour l’enfance, en passant par le rouge pour la passion et le bleu pour la rédemption.
Chaque entrelacement est relié par un poinçon d’or. «Ce sont les rencontres. L’art transforme les choses», évoque l’artiste de Saint-Lambert.
Elle invite les visiteurs à se promener sous l’œuvre, à l’admirer sous tous ses angles et à prendre le temps d’écouter le parcours musical proposé.
Les tissus de La Robe-Cathédrale sont notamment des «restants» de morceaux de vêtements – et autant de témoignages – qu’a recueillis la plasticienne pour son œuvre précédente, La Robe des nations.
«L’art, c’est de la germination. Une œuvre amène une œuvre, qui en amène une autre. Ce n’est pas parti de n’importe où. Tout a commencé avec Le jardin de ma mère», souligne-t-elle.
L’artiste raconte que sa mère, qui portait des robes fleuries, disait qu’elle portait un jardin, ce qui l’a inspirée.
Aux tissus ainsi récoltés, Carole Simard-Laflamme en a ajouté au fil de ses périples autour du monde. «Au Grand salon des premières visions à Paris, j’ai demandé du rouge, puis à Calais, c’était la dentelle», illustre-t-elle.
L’oeuvre compte également des bouts de tissus offerts par des cantatrices, des chanteurs du Québec, des musiciens, etc.
«Ça devient anonyme, ça se perd dans l’ensemble. Comme nous. Il y a quelque chose d’évanescent», avance-t-elle.
Une cathédrale dans la cathédrale
La présentation de l’œuvre jusqu’au 4 septembre à la cocathédrale est réalisée conjointement avec le Musée de la civilisation de Québec, qui expose La Robe des nations jusqu’en février.
Depuis 10 ans, La Robe-Cathédrale se promène, particulièrement en France, dont à l’église Saint-Eustache de Paris. Il s’agit de sa première escale au Québec.
Le choix de l’église n’est pas anodin. «Historiquement, tout se passait à la cathédrale, précise l’artiste. C’était un lieu mystique, religieux et politique. Avec cette cathédrale dans la cathédrale, c’est un hommage aux artistes et artisans du monde – à ces métiers en voie de disparition – et à l’homme bâtisseur.»
Un symbole en cache un autre
Carole Simard-Laflamme accorde une grande importance aux symboles que renferme une œuvre. La forme en T de La Robe-Cathédrale rappelle la forme des églises, qui évoque la croix et donc, le corps du Christ.
«Le vêtement est aussi un symbole important: il nous représente du matin au soir et comporte divers symboles à travers les peuples», explique-t-elle.
Si l’œuvre est universelle et célèbre la diversité, elle s’adapte au milieu dans lequel elle se trouve et prend un nouveau sens.
Mme Simard-Laflamme a ainsi découvert des similitudes entre les symboles dans les «76 sermons du dimanche» de Saint-Antoine-de-Padoue et ceux qu’elle a représentés pour son œuvre: le blanc pour la pureté, le rouge pour la passion et le bleu pour la rédemption.
«Et Antoine de Padoue est né en 1217, il y a 800 ans. C’est tout un hasard, tout de même!»
Le SAM s’en vient !
Du 11 au 16 juillet, les Longueuillois sont invités à prendre part aux dizaines d’activités culturelles de tous les horizons dans le cadre du Sommet des arts et de la musique. Pour connaître la programmation complète: www.longueuil.quebec/fr/sam

