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La rue Saint-Charles 100% piétonne n’était pas une option pour les commerçants

le mercredi 03 juin 2020
Modifié à 9 h 58 min le 05 juin 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

L’idée de rendre la rue Saint-Charles piétonne durant la saison estivale a été soulevée par un citoyen de l’arr. du Vieux-Longueuil, dont la page Facebook «Saint-Charles en terrasse» a reçu l’appui de plus de 900 personnes. Aux yeux des commerçants, cette avenue n’a toutefois rien d’attrayant. À lire aussi: Une rue Saint-Charles à sens unique pour plus de place aux piétons L'association Espace St-Charles a mené un sondage auprès de commerçants sur la piétonisation de la rue commerciale, qui aurait pu favoriser notamment l’aménagement de grandes terrasses. «Plus de 95% ne voulaient pas, révèle la présidente du C.A. d’Espace St-Charles Chantal Isabelle. Il y a 22 restaurants sur les 250 portes de commerces et services. On compte salon de coiffure, notaires, avocats, pharmacie…» Des commerces pour qui la fermeture de la rue signifie une baisse de l’achalandage. «Réduire la circulation automobile, enlever des espaces de stationnement, est-ce que ça vaut vraiment la peine, si ce n’est pas animé?» interroge Mme Isabelle. Elle souligne entre autres que les restaurants pourraient choisir de ne pas ouvrir sur l’heure du dîner, étant donné que le télétravail a réduit l’achalandage sur la rue à cette heure. De plus, certains d’entre eux ne sont pas ouverts tous les jours. La proposition est d’autant plus incertaine que le gouvernement n’a toujours pas permis aux restaurateurs d’ouvrir leurs salles à manger et terrasses. Propriétaire des restaurants Madame Thaï et Magia, Chantal Isabelle a déjà aménagé ses terrasses afin qu’elles respectent la distanciation de deux mètres. «On a hâte d’ouvrir, on est les derniers!» La possibilité de rendre la rue Saint-Charles piétonne revient constamment dans les discussions au sein des commerçants, fait observer celle qui est commerçante depuis 27 ans dans le Vieux-Longueuil. Des propositions qui viennent parfois des nouveaux venus, alors que ceux qui y ont pignon sur rue depuis des années en connaissent les enjeux et limites. Le coût Même si la proposition de «Saint-Charles en terrasse» est écartée, Chantal Isabelle se réjouit de voir l’attachement des résidents du secteur pour les commerces locaux. Elle commente les images qui ont circulé sur la page Facebook, illustrant à quoi pourrait ressembler la rue dotée de grandes terrasses. «C’est très beau, mais quel en est le prix? Les restaurants n’ont pas ce mobilier en ce moment. Des tables, des chaises, des parasols, c’est très onéreux! Et en ce moment, on est en mode survie. On n’aurait même pas l’argent pour payer une chaise!» Le Crêpe Café a d’ailleurs annoncé à la fin mai, après six ans de service, la fermeture permanente du restaurant. Un bon début La présidente du C.A. d’Espace St-Charles se dit satisfaite de l’annonce de la Ville concernant le réaménagement de la rue Saint-Charles Ouest. «C’est sûr que l’on voudrait toujours plus, mais il faut y aller avec des choses logiques, indique Chantal Isabelle. C’est un beau compromis, c’est un bon début.» Elle souligne également la collaboration particulièrement efficace de la Ville, qui «en si peu de temps, a bien réagi a et su s’adapter». Une lettre recensant les préoccupations des commerçants avait été envoyée en avril à l’administration municipale. Tous ensemble Les démarches d'Espace St-Charles afin de contribuer à redonner  à la rue Saint-Charles sa vitalité vont au-delà de ses 45 membres. «Espace St-Charles est là pour tout le monde, insiste Chantal Isabelle. C'est tous ensemble que l'on réussira à s'en sortir, que l'on peut faire une différence». Dans ce «tous ensemble», elle inclut l'ensemble des commerçants, mais aussi les résidents, les passants, les médias et la Ville, qui peuvent tous contribuer à la relance économique.