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La très recherchée horloge de style Mission

le dimanche 10 avril 2016
Modifié à 0 h 00 min le 10 avril 2016

L’occasion de vous parler de superbes meubles de la période Arts & Crafts ne s’est pas présentée souvent au cours des dix dernières années. Cet intérêt de nos voisins du sud pour ce meuble particulièrement populaire pendant le premier quart du vingtième siècle ne se dément toujours pas.

Il est fréquent d’en rencontrer chez nos antiquaires parce que le marché américain déborde chez nous, mais aussi parce que les ébénistes québécois en fabriquèrent beaucoup à l’époque. Il fallait suivre la mode du temps.

De temps à autre, une superbe bibliothèque, un fauteuil ou une petite table d’appoint se retrouvent parmi les meubles que mes clients me présentent pour une évaluation de la valeur marchande.

Comme je suis un sérieux amateur de cette catégorie de pièces Arts & Crafts, plus précisément du style Mission, je demeure toujours très heureux de m’informer davantage sur le sujet. Je jubile un peu lorsqu’on me présente un aussi beau morceau que cette horloge américaine, tellement typique de cette période de l’histoire du mobilier des États-Unis.

Perplexe

Un examen minutieux de cette horloge me laisse perplexe. En effet, bien que le mécanisme soit clairement identifié par la compagnie Waterbury Clocks Co. (Waterbury au Connecticut), cette seule information ne peut garantir la provenance de l’ensemble des composantes de la pièce.

Fabricants de cuivre depuis 1857, les dirigeants de la compagnie se lancèrent rapidement dans la fabrication d’horloges de toutes sortes, principalement parce que les mécanismes fabriqués de ce métal constituaient le créneau idéal pour écouler leur production. Ils ont malheureusement inondé le marché de leur production de pièces de cuivre chez les autres fabricants d’horloges.

Il est donc possible qu’un ébéniste de chez nous ait pu commander plusieurs centaines de ces mécanismes afin de construire autour de ces pièces de cuivre des horloges de toutes les essences de bois et styles qu’on peut imaginer.

Valeur

J’aurais apprécié que le verrou de la porte soit actionné par une serrure portant le nom de Westbury, ce qui m’aurait permis de croire que la pièce entière provenait de cette usine du Connecticut.

Fort heureusement, le coût d’achat ainsi que le travail de remise en état par l’horloger johannais Jean-Guy Morin ont permis l’acquisition de cette très élégante pièce bien en deçà de sa valeur marchande.

Dans un salon qui abrite une bibliothèque et un piano de style Mission, cette horloge permet une décoration d’un style plus que centenaire, apprécié par les amateurs qui suivent la mode présentement très publicisée chez nos voisins du sud. Très rarement rencontré chez les antiquaires canadiens ou américains, ce type d’horloge se détaille autour de mille dollars chez les revendeurs. Rien que le son du carillon qui nous rappelle qu’il est 22 heures et qu’une bonne nuit réparatrice nous attend, c’est déjà une bonne raison d’apprécier ce meuble.

Il ne restera aux nouveaux propriétaires qu’à s’habituer à l’odeur de vieux bois (qui disparaîtra rapidement) de cette horloge, mais également à apprivoiser le son des demi-heures et des heures que tous les habitants de la maison pourront compter entre deux rêves.

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