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Le difficile équilibre de l'agglomération de Longueuil

le mercredi 29 avril 2015
Modifié à 0 h 00 min le 29 avril 2015

Au contraire de Brossard, Saint-Lambert ne peut pas compter sur un mastodonte comme le Quartier DIX30 pour remplir les coffres de la municipalité. Et la Ville la moins populeuse de l’agglomération de Longueuil est aussi celle où la valeur des maisons est la plus élevée. Les Lambertois payent-ils trop cher leur appartenance à l’agglomération?

À cette question controversée, la Ville de Longueuil répond avec prudence et rappelle que les charges que doit assumer Longueuil pour ses responsabilités d’agglomération sont réparties entre les villes liées, sur la base de la valeur foncière.

Et c’est justement là le problème pour William Vaillant, un Lambertois qui analyse depuis longtemps les finances de sa municipalité.

«Pourquoi est-ce que le partage des dépenses d’agglomération ne se fait pas plutôt sur l’usage que font les citoyens des services d’agglomération? Pourquoi Saint-Lambert ne paie pas selon le nombre de déplacements des pompiers ou des policiers sur son territoire? Si le partage se faisait selon la superficie de la ville ou le nombre d’habitants, Saint-Lambert paierait une somme dérisoire. Mais comme ses maisons valent cher, elle doit actuellement payer plus que sa part.»

Le maire de Saint-Lambert, Alain Dépatie, va dans le même sens. «Depuis 2007, quand le contrôle des dépenses mixtes et l’administration de l’Agglomération ont été donnés à Longueuil, les Villes liées payent trop. C’est ce que je dénonce depuis cet hiver avec les maires de Brossard et de Saint-Bruno-de-Montarville. La gouvernance est à revoir, mais les négociations avec Longueuil sont au point mort puisque le dossier est devant les tribunaux.»

42% à l’agglomération

La mairesse de Longueuil n’a pas souhaité accorder d’entrevue au Courrier du Sud à ce sujet, mais par courriel, son attachée de presse indique que depuis 2009, la proportion de la quote-part de l’agglomération sur les dépenses totales de Saint-Lambert est restée stable à 42%, même si la proportion des budgets des services d’incendie et de police a augmenté de 1% au cours de la même période.

«Il faut savoir que chacune des Villes fait des choix de niveau de services et d’allocation de ressources qui lui sont propres, et ce, sur la majorité de leur dépenses», peut-on aussi lire dans le courriel.

Or, si la quote-part de Saint-Lambert est restée stable, la valeur des propriétés y a augmenté moins rapidement qu’ailleurs dans l’agglomération. Entre 2008 et 2011, la hausse de la valeur foncière moyenne a été de 16,9% à Saint-Lambert, contre 18,9% à Longueuil et 21,6% à Brossard. Ce sont ces chiffres qui sont utilisés pour le rôle d’évaluation 2013-2015.

Un déficit démocratique?

Cette idée que les Villes liées comme Saint-Lambert subventionnent Longueuil n’est pas nouvelle. Si les indicateurs montrent que la Ville de Longueuil a une bonne performance en matière de coûts de service, le Palmarès des municipalités du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal indique aussi que les Lambertois payent plus cher pour leurs services que les résidents d’autres municipalités de taille comparable.

En 2013, le directeur du Centre, Robert Gagné, expliquait cette situation au Courrier du Sud. «L’étude ne juge pas la gestion de Saint-Lambert, par exemple, mais montre que les Lambertois payent cher pour les services de l’Agglomération parce que leur richesse foncière est élevée. Dans cette Ville où les taxes foncières sont élevées, les contribuables sont étouffés par ces taxes. Éventuellement, la valeur des maisons devra baisser, ce qui nuira au marché immobilier. Mais les Lambertois ne votent pas pour le président de l’agglomération; il y a là un déficit démocratique.»

Le maire Alain Dépatie estime que Saint-Lambert était mieux desservie par les policiers et les pompiers volontaires, avant la mise en place des services d’agglomération.

«Nous avions 31 policiers, qui faisaient appliquer les règlements de stationnement et qui rapportaient plus d’argent en contraventions. Nous n’avions pas d’enquêteurs de plus haut niveau ou d’escouade anti-émeute, mais nous n’en n’avons pas besoin. Et là, l’agglomération veut retirer sa caserne à Saint-Lambert et en mettre deux dans le secteur Lemoyne. Je ne comprends pas.»

Assurer le développement commercial de la Ville

En tant que propriétaire d’une résidence et d’un immeuble commercial à Saint-Lambert, le président par intérim de la nouvelle Corporation de développement économique (CDE) de Saint-Lambert, Vincent Trudel, est à même de constater que les hausses de taxes font mal aux commerçants du centre-ville.

«Il y a une combinaison de facteurs: les taxes sont élevées, mais il y a aussi la concurrence du DIX30 et l’achat en ligne.»

La mission première de la CDE sera donc de ramener des consommateurs au centre-ville en misant sur sa localisation privilégiée, le slow shopping et l’achat local.

«La Ville est prête à travailler avec nous, mais il sera impossible de faire plaisir à tout le monde. Il faut s’adapter au marché et consolider notre base commerciale, parce que Saint-Lambert ne compte pas d’industrie pour assurer son développement.