Actualités

Le nerprun : une plante envahissante qui prend de l’expansion sur la Rive-Sud

le vendredi 25 novembre 2022
Modifié à 12 h 17 min le 24 novembre 2022
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Un exemple de nerprun au parc Michel-Chartrand. (Photo gracieuseté)

Très présente en Estrie, une plante envahissante fait de plus en plus son chemin en Montérégie : le nerprun. Sa prolifération à Saint-Lambert et Longueuil, entre autres, incitent ces villes à élaborer une stratégie afin de minimiser son expansion.

«C’est un fléau en ce moment», a déclaré la conseillère municipale de Saint-Lambert, Virginie Dostie-Toupin, lors de la séance du 17 octobre.

Cette dernière a d’ailleurs lancé un appel aux citoyens afin de les sensibiliser à l’enjeu et de les inciter à reconnaître et arracher la plante qui «enlève la biodiversité».

En effet, comme l’explique au Courrier du Sud la biologiste de l’Agence forestière de la Montérégie Marianne Cusson, cet arbuste très agressif, «qui se développe de façon incontrôlable», a un couvert tellement dense qu’il empêche les espèces indigènes de s’implanter.

Stratégies de mitigation

Bien qu’aucun inventaire ou cartographie du nerprun n’existe sur le territoire de Saint-Lambert, «le sujet a été discuté par les élus et le comité de l’environnement», souligne la Ville, qui ajoute qu’une stratégie sera développée «dans les mois qui viennent».

À Longueuil, l’enjeu est également présent, notamment au parc Michel-Chartrand et au parc de la Cité.

«La Ville ne détient pas de données précises sur tout le territoire sur sa prolifération ou son abondance, mais elle suit la situation de près puisque le nerprun est un obstacle sérieux au succès de reboisement en raison de sa vivacité et sa forte capacité de germination», explique-t-elle.

Elle travaille actuellement à un plan de verdissement et indique que les espèces exotiques envahissantes seront un des sujets abordés dans celui-ci.

C’est quoi le problème?

Le nerprun freine la régénération des arbres et des arbustes. Il pousse rapidement au printemps, reste tard en automne. Les oiseaux sont friands de ses petits fruits, et donc dispersent ses graines, qui sont très efficaces pour germer. Il change aussi un peu la composition du sol, devenant moins propice à d’autres espèces.

«C’est une plante très ubiquiste, c’est-à-dire qui peut s’accommoder dans un paquet de conditions différentes. S’il y a beaucoup de lumière, elle s’installe. S’il y en a un peu, elle est moins efficace, mais quand même capable de s’installer et attendre la lumière», note Mme Cusson.

«C’est une plante très difficile à contrôler. Différents efforts, différents tests ont été tentés et les résultats ne sont pas très prometteurs.»

-Marianne Cusson, biologiste à l’Agence forestière de la Montérégie 

Elle souligne en outre que le contexte actuel de changements climatiques ou d’introduction d’un insecte ravageur favorise la prolifération des espèces envahissantes alors que la mortalité des arbres a pour conséquence «d’ouvrir le couvert forestier plus qu’à l’habitude». On peut notamment penser aux 20 000 arbres que Longueuil a dû abattre à cause de l’agrile du frêne.

«Et dès que le couvert s’ouvre, les espèces envahissantes vont être les premières à se développer», mentionne Mme Cusson.

Une leçon dure à apprendre

À la base, le nerprun a été importé pour des motifs horticoles. «Les gens trouvaient que c’était un joli petit arbre», raconte la biologiste.

Si le problème des espèces envahissantes est mieux connu aujourd’hui, on est encore loin d’être sorti du bois dans ce dossier.

«Le nerprun n’est peut-être plus vendu, mais on voit encore des espèces envahissantes en vente dans les pépinières et centres jardiniers. Certaines sont identifiées comme envahissantes en Ontario et au Vermont, mais tandis qu’on ne trouve aucune information à leur sujet au Québec, on trouve toutefois des pépinières qui en vendent», souligne Mme Cusson.