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Le Québec a les pires urgences en Occident, affirme le CSBE

le jeudi 02 juin 2016
Modifié à 0 h 00 min le 02 juin 2016

SANTÉ. Le Commissaire à la santé et au bien-être Robert Salois a dressé un dernier rapport cinglant envers le système de santé québécois et la réforme mise de l'avant par le ministre de la Santé Gaétan Barrette, alors que son poste s'apprête à être aboli par ce dernier.

Selon M. Salois, les urgences au Québec sont les pires en Occident, alors que presque la moitié des attentes, soit 45,5%, ont dépassé les délais maximaux prescrits par le ministère de la Santé.

Dans un rapport déposé à l'Assemblée nationale, jeudi, il estime le séjour moyen des visites à l'urgence à environ neuf heures, alors que les normes internationales sont fixées à quatre heures. Un patient sur trois passerait plus de cinq heures à l'urgence, tandis que cette proportion est à un sur cinq dans le reste du Canada, et entre 2 et 11% pour dix autres pays occidentaux.

«Visites hors normes»

Le Commissaire pointe aussi en direction de «visites hors normes», qui représente 1,5 des 3,2 millions de visites à l'urgence, et qui engendrerait quelque 13 millions d'heures d'attente en trop dans les urgences du Québec. «Au salaire horaire moyen au Québec, ces heures perdues équivaudraient à plus de 300 M$, et ce, sans compter les coûts supplémentaires pour la société», indique le rapport.

Le délai pour rencontrer un médecin varie entre 47 minutes et cinq heures, dépendamment de l'hôpital, et un patient sur dix quitterait avant même d'avoir vu un médecin.

M. Salois recommande diverses solutions, dont de revoir la rémunération aux médecins, qui sont pour la plupart payés à l'acte, présentement.

Le Commissaire s'est également montré sceptique face aux nouvelles «super-cliniques», qui rendront encore plus difficile la continuité des soins, puisque le patient ne rencontrera pas son propre médecin.

«De plus, on ne sait pas si les patients attendront plus ou moins longtemps pour voir un médecin dans ces cliniques comparativement à l'urgence, pointe M. Salois. Enfin, il faudra déterminer si les résultats obtenus par ce programme sont à la hauteur des investissements consentis et si ces cliniques entraîneront comme prévu une diminution du volume de visites à l'urgence.»

Le poste de Commissaire à la santé et au bien-être sera aboli dans les prochains mois, comme l'a décrété Gaétan Barrette. Robert Salois refuse toutefois d'en faire une affaire personnelle, affirmant qu'il entendait déjà prendre sa retraite le 12 août et que, de toute façon, son deuxième mandat arrive bientôt à échéance – soit la limite de mandat fixée lors de la création de ce poste par Philippe Couillard, alors ministre de la Santé, en 2005.

«Le ministre a peur»

En réaction au dépôt du rapport du Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE), la porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé Diane Lamarre a affirmé que les Québécois étaient victimes du mépris et de l'improvisation du ministre Gaétan Barrette.

«Avec la qualité du rapport d'aujourd'hui, on constate à quel point on a besoin du Commissaire, analyse Mme Lamarre. Le ministre a peur qu'on évalue ses réformes.»

«Avec ses réformes et son mépris, le ministre génère des cafouillages. C'est un constat d'échec», tranche la députée de Taillon.