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Éducation

Les aléas de la pandémie racontés par un couple d’enseignants

le vendredi 12 février 2021
Modifié à 17 h 54 min le 05 février 2021
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Jonathan Lafond et Marie-Claude Massé-Lord se sont rencontrés entre les murs du Collège Notre-Dame-de-Lourdes, à Longueuil, il y a 13 ans. Au grand plaisir de leurs élèves de l’époque, qui les taquinaient en ce sens, les deux enseignants ont rapidement formé un couple. Avec la Saint-Valentin qui approche et la pandémie qui perdure, ils ont accepté de s’entretenir avec Le Courrier du Sud. «On a commencé à sortir ensemble pendant l’année scolaire et on l’a dit aux élèves à la fin de l’année», se souvient Mme Massé-Lord. «Ils criaient: on le savait!» renchérit son conjoint en riant. Les résidents de Saint-Hubert, qui ont maintenant deux filles de 5 et 10 ans, se conseillent et partagent des idées au quotidien. M. Lafond enseigne les mathématiques en première secondaire, alors que sa conjointe enseigne le français en première et en deuxième secondaire. «Cette année, j’ai les élèves que Jonathan avait l’an dernier, explique Mme Massé-Lord. Je partais avec une espèce de préjugé favorable, une connaissance de ces élèves-là.» Le contact humain Jonathan Lafond et Marie-Claude Massé-Lord ont ce désir constant d’être à l’écoute de leurs élèves et de leur offrir un soutien non seulement académique, mais également moral. «On mise beaucoup sur le relationnel, l’humour, le contact avec les jeunes», affirment-ils. La pandémie, qui vient avec son lot de mesures sanitaires, n’a donc pas été facile pour le couple. D’autant plus que M. Lafond est un cas de vulnérabilité important à la COVID-19. Un mur de plexiglas le séparant de ses élèves a donc été aménagé dans sa classe. «Ç’a créé encore plus de distance avec les élèves, déplore-t-il. Ça va bien, mais ce n’est pas comme d’habitude. Juste de s’approcher d’un élève, de mettre la main sur son épaule et de lui dire que ça va bien aller, ça nous manque beaucoup. Ça manque aux élèves aussi. On ressent qu’on a pas la même relation qu’avant.» Auparavant, il leur arrivait que d’anciens élèves viennent les voir pour se vider le cœur. Ou d’accueillir des jeunes dans leur classe sur l’heure du diner pour jouer à des jeux de société. Depuis un an, ce n’est plus possible, notamment en raison des fameuses classes-bulles. «Quand il y a une élève qui éclate en sanglots, c’est difficile de garder les règles en tête, laisse entendre Mme Massé-Lord, qui a elle-même étudié au Collège et qui y travaille depuis 18 ans. L’instinct est quand même là. On veut les protéger.» Défi organisationnel Selon les deux enseignants, plusieurs élèves ont été laissés à eux-mêmes au début de la pandémie, ce qui a causé un manque de motivation. Heureusement, disent-ils, leurs groupes n’ont pas accusé de retards importants. «C’est plus sur le plan des habitudes de travail, soutient Marie-Claude Massé-Lord. Certains n’ont pas fait de devoirs depuis longtemps. La roue a été plus longue à repartir.» «Et il y en a pour qui elle n’est pas repartie», complète son conjoint. Pour certains élèves, le confinement et l’école à distance ont représenté un grand défi. «On a revu des travaux qu’on faisait avant. On sentait qu’ils n’étaient pas assez prêts, pas assez autonomes pour les faire cette année. Ils cherchent beaucoup notre approbation. Plus que d’habitude», fait savoir la femme de 39 ans. Les deux enseignants admettent que la pandémie leur demande beaucoup plus de planification. Ils sont fatigués. «On fait partie des chanceux; le confinement se vit bien à la maison avec nos enfants. On sait qu’en sortant le soir, on s’en va dans un milieu très serein. Mais à l’école, on voit le malheur, la difficulté, la démotivation…» souffle M. Lafond. C’est leur passion d’aider et d’accompagner leurs élèves qui les anime au quotidien. «Quand un jeune te remercie de l’avoir aidé ou passe de «je ne comprends pas» à «je comprends»… Il y a quelque chose de très enrichissant et agréable», soutient-il.