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Les besoins augmentent, alors que les effectifs sont en baisse

le vendredi 24 avril 2015
Modifié à 0 h 00 min le 24 avril 2015
Par Annick Oligny

annick.oligny@tc.tc

Le contexte d’austérité fait peur au milieu de l’éducation et les services professionnels aux élèves deviennent la principale cible des commissions scolaires qui doivent couper dans leur budget. La Fédération des professionnels de l’Éducation du Québec (FPPE-CSQ) a demandé au gouvernement de cesser de sabrer dans les budgets reliés aux services aux élèves, lors d’un point de presse tenu le 23 avril, à Brossard.

«Depuis cinq ans, nous subissons des compressions qui s’empilent les unes sur les autres. S’il y avait du gras à couper au départ, il n’y en a clairement plus maintenant», déplore la présidente de la FPPE-CSQ, Johanne Pomerleau.

Accompagnée des présidents des Syndicats des professionnels de la Montérégie (SPPM), Jacques Landry, et de Richelieu-Yamaska (SPPRY), Robert Huard, Mme Pomerleau dément les propos du gouvernement provincial qui prétend que les coupures ne toucheront pas les services aux élèves, mais uniquement les volets administratifs.

«Certaines commissions scolaires ont déjà commencé à couper dans les services professionnels, qui étaient déjà insuffisants.»

Le président du SPPM, Jacques Landry, a donné comme exemple la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries, qui a coupé 480 000$ dans la masse salariale des professionnels l’an dernier, en choisissant de ne pas remplacer les absences. M. Landry craint un scénario semblable à la Commission scolaire Marie-Victorin, qui, selon lui, a actuellement un manque à gagner de 14 M$.

LA FPPE-CSQ représente 35 cadres d’emplois dont des orthophonistes, psychologues, conseiller pédagogiques et d’orientation.

Des professionnels à bout de souffle

Pendant que la FPPE-CSQ demande au gouvernement d’ajouter 600 professionnels dans le cadre des négociations pour le renouvellement des conventions collectives de ses membres, elle craint que les postes de ceux qui partiront à la retraite ne soient reconduits.

«Si on recule il y a 20 ans, il n’y avait peut-être pas plus de professionnels, mais ce qui est clair, c’est que les besoins étaient moins importants. Les professionnelles avaient l’impression de suffire à la tâche et que les élèves qui avaient accès à un service qui répondait à leurs besoins. Aujourd’hui, ils déplorent de ne pas avoir le temps de s’occuper correctement des élèves», se remémore Mme Pomerleau.

Selon les statistiques du ministère de l’Éducation, le nombre d’élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage se chiffrait à 132 000 en 2000, alors qu’il est de près de 180 000, 13 ans plus tard. La FPPE-CSQ considère qu’environ 15% des élèves se retrouve dans cette catégorie.

Des coupures qui contribuent aux inégalités sociales

Mme Pomerleau demande l’arrêt de la saignée dans les services professionnels avant qu’il ne soit trop tard et que les conséquences sur les élèves ne soient trop grandes. «Les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage ont le droit d’avoir des services. C’est la loi. Même la Cour suprême l’a réaffirmé en 2012. On ne peut pas faire d’économie sur la tête des élèves et encore moins sur la tête des élèves en difficulté, ça n’a pas de bon sens.»

Il est très difficile d’accéder à un orthopédagogue, un orthophoniste ou un psychologue dans les écoles, même pour les élèves pour qui ces besoins sont urgents, constate Jacques Landry, lui-même psychoéducateur dans une école primaire de Longueuil.

«Actuellement, les délais d’attente sont comptés en mois et parfois même vont à l’année suivante. On pense que l’accessibilité est menacée. On s’attend à ce que des classes spéciales soient fermées et que certains élèves sont réintégrés au régulier.»