Opinion

Les chiffres le confirment, vous êtes pris dans le trafic

le mercredi 15 février 2023
Modifié à 9 h 59 min le 14 février 2023
Par René Vézina

redactiongm@gravitemedia.com

René Vézina (Photo gracieuseté)

Si vous avez l’impression que la congestion routière à Montréal ne fait que s’aggraver d’une année à l’autre, vous avez en grande partie raison. Mince consolation, la ville n’est pas seule dans son malheur, et c’est encore pire à Toronto.

La firme américaine Inrix, spécialisée dans l’analyse de données liées à la circulation a fait paraître en janvier son Global Traffic Scorecard, ou Bulletin mondial de la circulation, pour l’année 2022. Et le diagnostic pour Montréal montre que la situation s’est sensiblement détériorée par rapport à 2021, bien qu’on soit loin des chiffres décourageants de 2019, avant la pandémie.

Le rapport analyse l’état de la circulation de 991 agglomérations à travers la planète. Le bilan pour Montréal n’est pas réjouissant: la ville vient au 33e rang avec, en moyenne, 72 heures perdues dans le trafic. C’est 31% de plus qu’en 2021, mais quand même 38% de moins qu’en 2019.

Quand on se compare, on console… c’est tout bonnement cauchemardesque à Toronto, qui pointe au 7e rang, avec 118 heures perdues. Seules Londres, Chicago, Paris, Boston, New York et Bogota font pire. 

Tout ça alors que les employeurs commencent à exiger de leur personnel un retour au bureau en mettant de côté le télétravail. Si le trafic est si lourd alors que bien des gens travaillent encore de chez eux, qu’est-ce que ce sera quand tout le monde aura repris la route?

Heureusement, il existe des solutions, dont certaines sont déjà à l’essai.

Le travail «hybride», avec seules quelques journées passées au bureau, gagne des adeptes, malgré la réticence de patrons qui ne sont pas convaincus de la productivité de leurs employés quand ils ne les ont pas à l’œil. Pourtant, de nombreuses études montrent qu’au contraire, le télétravail est efficace, si bien géré, surtout en tenant compte de ces heures qui ne sont alors pas gaspillées dans la congestion.

Par ailleurs, des entreprises ont choisi un moyen terme.

Dans la région de Toronto, si affligée par la congestion, la Banque Scotia a mis en place de grands bureaux subalternes, en banlieue, qui permettent à leurs employés d’éviter le centre-ville tout en se retrouvant ensemble quelques jours par semaine. Ce n’est qu’un exemple.

Sur la Rive-Sud de Montréal, la mise en fonction prochaine du REM devrait alléger la circulation vers le centre-ville en autant que tout fonctionne.

Mais pour les autres axes, on n’entrevoit pas de véritables progrès dans un avenir prévisible.

Avec le festival permanent des cônes orange, la ville risque fort de conserver sa désolante 33e place, ou pire, au prochain classement d’Inrix. Si on veut assurer la prospérité du Québec, il faut faire mieux. Une métropole immobilisée signifie tôt ou tard une économie immobilisée.