Société
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Les découvertes à portée de main

le mercredi 04 novembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 04 novembre 2015

Certains collectionneurs de poterie ancienne du Québec parcourent parfois de très longues distances afin de dénicher des trésors de chez nous. Il faut dire que depuis au-delà de 150 ans, l’exportation de la production de chez nous constituait une portion importante de l’écoulement des stocks de fabrication, justement facilitée parce que les usines se situaient pour la plupart à proximité des cours d’eau navigables ou des lignes de chemin de fer nouvellement développées.

Comme l’émigration s’avérait également importante à une certaine époque, on pouvait s’attendre à découvrir des pièces de céramique de notre histoire aussi loin que dans les provinces centrales de notre pays.

Il y a eu bien sûr le départ en masse chez nos voisins du sud, notamment au Massachussetts, lorsque la possibilité de trouver un travail en usine attira bon nombre de nos concitoyens.

Voilà la raison principale pour laquelle je fais toujours un saut chez les brocanteurs, marchés aux puces ou antiquaires des régions que je visite lorsque je voyage à l’extérieur du Québec.

Je n’ai pas encore eu la chance de faire des découvertes fantastiques comme certains de mes amis qui, membres de l’Association des collectionneurs de céramique du Québec, sont revenus avec des trésors dont je ne me lasserai jamais de faire écho dans mes chroniques.

Une énigme

La surprise de cette semaine, ce merveilleux petit bol avec une ouverture vraiment spéciale, avec ses dimensions de 15 centimètres de diamètre et d’un peu plus de 11 centimètres de haut, qui demeure une énigme pour moi.

Mais une confirmation qu’il faut souvent d’abord regarder dans notre propre jardin avant d’aller chercher ailleurs, cette pièce fut acquise des mains (mais surtout par le biais de l’œil avisé), d’un antiquaire de Saint-Jean, Patrick McAlpine qui continue encore aujourd’hui la vocation de sa mère, antiquaire autrefois bien connue de Saint-Jean. Les découvertes inédites sont encore bien nombreuses dans les dédales de sa nouvelle boutique sur le chemin Grand-Bernier, à deux pas de chez moi.

J’ai déjà mentionné le nom d’une artiste, Béatrice Rickards, dont le travail auprès de la Canadian Potteries Ltd de Saint-Jean fut relevé par Helen H. Lambart et Réal Fortin dans leur ouvrage respectif.

Madame Rickards créa pour cette compagnie johannaise des pièces fort élégantes durant la période de l’entre-deux-guerres. Je n’ai aucun doute que la petite pièce de poterie de ma chronique fut d’abord dessinée par madame Rickards en 1931-1933 et produite jusqu’au tout début des années 1950, époque où la production des produits sanitaires reprit de plus belle et contribua à la construction des nouvelles installations sur le boulevard du Séminaire.

Cheveux

Il ne restera qu’une information à découvrir, soit l’utilité de cette poterie en forme de boule, avec cette ouverture inusitée sur le dessus. Il s’agit peut-être de ce genre de contenant utilisé autrefois pour y ramasser les cheveux perdus alors que les femmes se coiffaient tôt le matin. On en fabriquait des «arbres généalogiques» avec les cheveux des différents membres de la famille.

Cette pratique se perdit quelque part durant cette période de l’entre-deux-guerres et est désormais une attraction pour les collectionneurs de curiosité, quelquefois aussi pour les amateurs de souvenirs morbides.

Bien difficile d’en établir la valeur marchande étant donné la rareté de l’objet sur le marché des poteries anciennes québécoises, mais il est certain que le prix demandé par l’antiquaire au coin de ma rue pourrait facilement être considéré comme un prix d’ami.

S’il continue de penser à moi chaque fois qu’il trouvera de telles pièces afin de me les offrir en tout premier lieu, alors je considérerai tout en mon honneur de faire partie de son cercle d’amis.