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Éducation

Les jardins d’ALice: une idée originale de l’éducateur spécialisé Sébastien Dubé

le mardi 16 avril 2019
Modifié à 9 h 56 min le 24 décembre 2019
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Avez-vous déjà remarqué que des jardins occupent un espace du stationnement de l’école secondaire André-Laurendeau? Les jardins d’ALice sont une idée originale du technicien en éducation spécialisée Sébastien Dubé. Les groupes de Sébastien Dubé sont composés d’élèves ayant des troubles de santé mentale. Le rôle de l’éducateur spécialisé est de les préparer à intégrer le marché du travail. En raison de leurs limitations fonctionnelles, il est difficile de leur trouver des stages dans des entreprises externes. «J’avais un jeune pour qui c’était plus difficile, se souvient M. Dubé. Les défis étaient plus importants. J’ai donc essayé de trouver des petits projets dans l’école. On a commencé à faire le ménage de la cour intérieure, qui avait été un peu laissée à l’abandon.» «Il y avait cinq ou six plantes intérieures et, une fois par semaine, on les arrosait, poursuit-il. On faisait aussi des petits projets de menuiserie.» Premier prix Un jour, en discutant avec une adjointe administrative, Sébastien Dubé a lancé à la blague qu’il s’apprêtait à construire un jardin. L’adjointe administrative en question lui en a reparlé un an plus tard, lui proposant de soumettre ce projet à un concours. Contre toute attente, c’est ce projet qui a remporté le premier prix, assorti d’une bourse de 5000$ servant à mettre sur pied le jardin. «L’école a aussi accepté d’y investir de l’argent. J’avais remarqué un coin de stationnement complètement inutilisé, à côté de ma classe, où il fait chaud et où il ne se passe jamais rien. On a fait venir le contracteur, on a fait couper l’asphalte pour faire le jardin, j’ai construit des bacs de plantation en bois avec les élèves. J’ai sollicité un semencier, qui m’a donné des graines. On a fait quelques plants de tomates.» Expérience de travail Après que le jardin ait été mis sur pied, l’éducateur spécialisé a eu l’idée d’engager un élève pour en prendre soin pendant l’été, alors que tout le monde est en vacances. «Pendant cinq ou six semaines, un élève est venu deux ou trois heures par semaine, relate M. Dubé. L’année d’après, on a agrandi le jardin. Le semencier m’a redonné des graines et j’ai fait plus de plants. J’ai aussi fait une campagne de financement.» L’éducateur spécialisé a ensuite voulu faire de ce projet quelque chose de plus sérieux. Il s’est alors souvenu que le Fond de solidarité FTQ avait un programme de subvention salariale. «Sans grande conviction, j’ai rempli les documents et j’ai demandé un salaire pour trois élèves. Et on m’a dit oui! Je suis allé voir mon patron en lui disant qu’on avait un beau problème, parce que l’école doit payer le 10% supplémentaire, ainsi que le 4%. L’école a dit qu’il n’y avait pas de problème.» Depuis trois ans, trois élèves issus de l’adaptation scolaire sont ainsi choisis chaque année pour prendre soin des jardins d’ALice. «Je prends les plus fonctionnels. Ceux qui, à moyen terme, ont une possibilité d’intégrer le marché du travail», explique Sébastien Dubé. Dès la première année, il a remarqué l’impact de cette expérience sur ses élèves. «Il y en a un qui a trippé; c’est un gars qui était super introverti et il a découvert une passion, dit-il. Chez lui, il s’occupe du jardin. Un autre a commencé à travailler chez IGA cette année.» «La prétention derrière ça, c’est de leur donner de l’expérience de travail dans un milieu connu et sécurisant, ajoute M. Dubé. Ils connaissent ma face, me voient tout le temps traîner dans les corridors.» Le technicien a toujours mille et un projets «sur le feu» et il apprécie l’intérêt que l’école porte à ses «folies». Cet été, il compte préparer des paniers de légumes et faire pousser des courges qui serviront à construire des niches pour les oiseaux. Il a également installé des bacs de compost dans les salles des professeurs.