Opinion
Tribune libre

Lettre à Luc Phaneuf

le mercredi 17 juin 2015
Modifié à 0 h 00 min le 17 juin 2015

Mon cher Luc, Lorsqu’on m’a demandé un texte à ton sujet, j’ai été très honorée et émue de cette requête. Toi le grand visionnaire, toi l’un de nos bâtisseurs importants et un pilier dans le monde artistique québécois, tu as reçu des hommages de toute la communauté culturelle depuis une semaine et tu mérites largement les hommages que l’on t’a faits.

Tu as toujours choisi le bon timing pour tes projets. J’ai envie de te dire que tu auras encore choisi un moment significatif pour ton départ. À l’aube de la Fête Nationale, où la thématique sera dans quelques jours «8 millions d’étincelles», nous pouvons affirmer que tu as contribué d’une manière hors du commun à l’étincelle de tes artistes et au feu sacré de notre showbiz québécois

Quant à moi, je veux surtout saluer l’homme d’amour que tu as été: pour les gens du showbiz, pour tous les plus jeunes que tu as formés et pour Longueuil, ta communauté.

Tu as été le mentor de beaucoup d’entre nous, de notre génération et la suivante. Non seulement tes enfants, Benjamin et Émilie, ont suivi tes traces d’une manière extraordinaire, mais tu as inspiré d’autres jeunes du groupe qui porte fièrement ton nom, et ma fille Marilou, aujourd’hui gérante d’artiste, qui a été imprégnée de ta vision et de ton amour du métier. Quel beau mentor tu as été pour nous et nos enfants! Et que dire de Nicole Boulais, la femme extraordinaire qui a été ta grande partenaire dans ce périple effréné de la vie! Tu laisses un magnifique héritage de passion et d’amour pour les artisans de la culture québécoise.

Il y a deux semaines, le producteur Paul Dupont-Hébert (l’un des tes partners in crime!) et moi sommes allés te voir à l’hôpital. On aurait dit ce soir-là qu’il y avait le ciel dans tes yeux, et l’amour du monde dans ton sourire. Savions-nous que c’était la dernière fois? Peut-être le savais-tu, tant ton regard en disait long… Avec quelle joie tu nous montrais les dessins de tes petites filles Simone et Charlotte, avec quel sentiment d’affection et de grande tendresse tu regardais Nicole, ta douce. Tu n’as pas cessé de sourire, de nous aimer une dernière fois. Nous t’en serons toujours reconnaissants. Cette dernière rencontre fut un moment de plénitude, un moment de grande tendresse, dont je me souviendrai toujours.

La directrice de tournée, ta collaboratrice et amie Johanne Amyot t’a tellement bien décrit au lendemain de ton départ: « Maudit mentor… Toi, mon énorme Luc, le géant blanc. Toi et moi, disait-elle, on a changé le monde des centaines de fois au téléphone.»

Oui, Luc, tu n’as peut-être pas changé le monde au complet, mais tu as souvent changé notre monde. Tu lui as apporté un clin d’œil de folie et une grande dose d’amour. Tu n’étais pas toujours politically correct, et c’est tellement ce qu’on aimait chez toi! Rien de drabe, rien d’ordinaire, toujours en couleurs et en mouvement.

On célèbre cette semaine le triste anniversaire des 25 ans du décès de Gerry Boulet, un autre grand Longueuillois. Nous n’oublierons jamais aussi un des grands artisans d’Offenbach, l’homme derrière leur succès: TOI, Luc.

Et comme Johanne Amyot l’a si bien dit, «je serai toujours là pour tous ceux qui voudront se souvenir de toi». Et nous serons nombreux.

Ton amie, Thérèse.

Thérèse David est l'ancienne chef du Bureau de la culture de Longueuil et une collaboratrice de longue date de Luc Phaneuf.