Opinion
Tribune libre

Lettre ouverte: Donnons-nous la chance de faire mieux

le lundi 29 juin 2020
Modifié à 15 h 38 min le 29 juin 2020
Lettre ouverte de la conseillère municipale Colette Éthier

Il s’est dit beaucoup de choses sur la décision de se concentrer sur le déneigement d’un seul trottoir dans les rues locales l’hiver prochain, j’ai été très interpellé et avec raison.

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Je suis conseillère municipale depuis 6 ans; j’ai été directrice générale de l’Association des usagers du transport adapté de Longueuil pendant 13 ans. Lorsque j’étais présidente du conseil d’administration du RTL, j’ai travaillé sans relâche pour l’accessibilité universelle sur le réseau de transport régulier. Pourtant je suis en faveur du déneigement d’un seul trottoir dans les rues locales l’hiver prochain et voici pourquoi :

Avant tout, il est d’abord primordial de rappeler les faits. Cette décision touche uniquement certaines rues locales. Il s’agit d’une option aux contrats que nous pouvons revoir chaque année. Les deux trottoirs seront toujours déneigés sur les boulevards, les rues collectrices, les corridors scolaires et tout le circuit de transport en commun, assurant ainsi l’accès aux arrêts d’autobus. Ce niveau de service demeura un des plus élevés dans le monde municipal au Québec.

La ville de Longueuil a entrepris le déneigement de tous ces trottoirs à l’hiver 2014-2015. Depuis, chaque hiver, on observe le même constat : le déneigement des trottoirs est plus déficient qu’avant. De jeunes familles, des ainées, des personnes à mobilité restreintes me disent qu’elles sont souvent forcées de marcher dans la rue faute de pouvoir trouver un trottoir praticable dans les petites rues locales. Cette situation est inacceptable et dangereuse.

Le consensus existe à Longueuil sur l’existence du problème. On m’a assuré avoir procédé à une optimisation administrative de nos pratiques pour l’hiver prochain, mais qu’est-ce que ça signifie concrètement pour les citoyens? Depuis 6 hivers, on me promet pour l’année suivante des améliorations significatives sur la qualité du déneigement. Vous êtes aussi bons juges que moi pour constater que la situation n’a pas changé au fil des ans.

Voici donc la situation devant laquelle nous nous trouvons : ne rien faire en espérant une amélioration dans les prochaines années ou essayer autre chose. J’ai choisi d’essayer autre chose.

Vous avez été plusieurs à remarquer que d’autres solutions auraient pu être mises de l’avant et vous avez raison. Mais les contrats de déneigement que le comité exécutif a soumis au conseil comportent des options limitées. Nous avons dû composer avec ce que nous avions devant nous. Je suis la première à dénoncer que c’est imparfait. La question demeure toutefois, est-ce que ça pourrait améliorer l’état d’au moins un trottoir dans les rues locales?

Vous avez été également nombreux et nombreuses à vous questionner sur le fondement du raisonnement selon lequel le déneigement d’un trottoir serait mieux fait que le déneigement de deux trottoirs. La réponse c’est bien sûr qu’il n’y a aucune garantie, c’est pourquoi on se donne l’opportunité d’évaluer les résultats au cours du prochain hiver et, au besoin, de réévaluer les options aux contrats. Je peux quand même vous dire que le déneigement dans certaines rues locales peut être tellement complexe qu’il est légitime de croire que l’entretient d’un trottoir bien fait est plus réalisable que l’entretient des deux trottoirs.

La plupart des grandes villes du Québec déneigent un seul trottoir dans les rues locales tout en étant soucieuses des personnes à mobilité restreintes. Peu importe l’option, un ou deux trottoirs dans les rues locales, nous aurons à continuer de prendre des initiatives qui favorisent l’accessibilité universelle. Malgré tout, nous devrons peut-être nous montrer parfois flexibles, ou adapter nos pratiques, car avec les choix que nous avons, il faut reconnaître que la rigueur de nos hivers est discriminatoire et ne touche pas tous les citoyens de la même façon.

C’est d’ailleurs pourquoi je continuerai d’insister pour que les groupes de défenses des personnes à mobilités restreintes ou en situation de handicaps soient systématiquement consultés en amont des projets de la Ville et de façon continue pour améliorer l’accessibilité universelle de tous les services municipaux.

 Colette Éthier

Conseillère municipale, district de LeMoyne-de Jacques-Cartier