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Lionel Bourdon a toujours su quel serait son métier

le mardi 02 octobre 2018
Modifié à 9 h 02 min le 01 juin 2023
Par Jonathan Tremblay

jtremblay@gravitemedia.com

Élevé dans «un monde de police»

À 74 ans, et comme si rien n’était, Lionel Bourdon se dit toujours heureux de se rendre au bureau quatre jours par semaine. L’agent Bourdon cumule 54 ans de service pour le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL), la plus longue carrière d’un policier au Québec.

Littéralement tout de son métier a changé depuis son entrée en poste, en juin 1965, pour la police de Ville Jacques-Cartier: l’équipement, la formation, les documents, les moyens de communication, l’informatique, l’arrivée de collègues femmes, les méthodes d’enquête…; tout. «Je vois l’évolution et je n’en reviens pas», s’exclame Lionel Bourdon. Mais même si plusieurs changements drastiques ont modifié son quotidien et le clouent davantage devant son écran d’ordinateur, ils n’ont en rien altéré sa passion. «J’ai eu de belles années, parce que c’était le fun de faire de la police dans ce temps-là. Aujourd’hui, les agents ont un peu plus les mains liées», confie M. Bourdon.

Une question d’adaptation

Chaque fois que de nouvelles normes et techniques sont apparues, l’agent Bourdon a dû ajuster le tir.

«Quand tu y vas au jour le jour, tu réussis à t’adapter, assure-t-il, toujours aussi allumé qu’un finissant de l’École nationale de police. On est tellement bien formé qu’on arrive à suivre l’évolution.»

De la pratique de tir aux examens de conduite, le septuagénaire déclasse encore ses collègues haut… les mains! Il a d’ailleurs obtenu une note parfaite à son premier essai, lors d’une récente évaluation sur route, en plus d’être sous le temps exigé.

«La différence entre les autres vieux de la vieille et Lionel, c’est qu’il a une capacité d’adaptation et une ouverture d’esprit incroyables», raconte son collègue Ghislain Vallières, qui qualifie l’attitude de son aîné de «positive et humble».

Souvenirs

Même s’il passe désormais la majorité de son temps dans les bureaux, plus loin de l’action, Lionel Bourdon peut encore être dépêché sur le terrain quand la situation l’exige. Et du terrain, il en a fait. Plusieurs enquêtes ont marqué sa carrière. Une d’entre elles, datant de 1978, lui revient cependant davantage à l’esprit. Il s’agissait à l’époque de la plus importante affaire d’extorsion à survenir au Canada.

«Le gérant de la Wells Fargo Maurice Martineau habitait à Saint-Lambert et il s’était fait enlever. La succursale était dans le parc industriel, sur la rue Guimond, mentionne avec précision celui qui était à ce moment enquêteur. Les voleurs, qui détenaient sa famille, l’ont emmené à la succursale pour commettre un vol de 1 à 3 M$. Ils lui ont fait ouvrir la voûte.» 

Confiée à Lionel Bourdon et son collègue Guy Gravel, l’affaire avait été élucidée. Quelque 35 lignes d’écoute électronique ont servi à l’enquête. «J’ai beaucoup appris parce que j’ai travaillé avec des pros des crimes contre la personne de la Sûreté du Québec», se remémore M. Bourdon. Le policier fait état du contexte de l’époque, qui rappelait le Far West. «Il y avait beaucoup de vols qualifiés dans les banques. C’était beaucoup plus fréquent qu’aujourd’hui; un autre genre de criminalité. Dans le temps, c’étaient des familles entières de criminels, comme les Lefort.»

Une passion de jeunesse

Élevé sur la rue Saint-Charles, dans le Vieux-Longueuil, le jeune Lionel aimait bien se trouver dans le restaurant de son père, Chez Paul, où les agents du poste de police voisin pouvaient se nourrir gratuitement. «J’ai donc été élevé dans un monde de police. C’était déjà une passion. Et j’aime encore ça, parce que j’ai une bonne gang», assure le doyen du SPAL. Il n’a donc pas eu à se poser de question lorsqu’est venu le moment de choisir son métier. Et aujourd’hui, il préfère le travail à la retraite.

«Ça me garde en forme et surtout, ça garde le brain alerte.» Force est d’admettre que la fin de carrière approche cependant, d’une année à l’autre. «Tant que tout va bien et que la santé le permet… Mais je commence à y penser», conclut-il.

Différentes fonctions à travers les époques

Lionel Bourdon a entamé sa carrière dans la cité de Jacques-Cartier comme compagnon de patrouille durant ses six premiers mois. Il avait alors 20 ans.

«À l’époque, on n’avait qu’un brassard et une cravate pour nous différencier des civils. J’étais un peu gêné.»  Il a par la suite patrouillé jusqu’en 1967-1968, avant de passer quelques années dans le nouveau département de l’identité judiciaire. C’est ensuite aux enquêtes, à titre de détective, qu’il a poursuivi son cheminement «pour un bout de temps».

M. Bourdon a été nommé sergent de la gendarmerie en 1985. Les postes de sergent de patrouille et de sergent de poste ont suivi. Depuis 2008, il œuvre au département de la sécurité routière, toujours à titre de sergent. Plus de 13 directeurs de police l’ont dirigé jusqu’à présent durant sa carrière.

Médaille honorifique

Le 2 octobre, des médailles honorifiques seront remises aux différents agents cumulant des dizaines d’années de service au SPAL, lors d’une cérémonie organisée par le Service de police et la Ville de Longueuil, à l’hôtel de ville. Lionel Bourdon est évidemment le seul qui recevra une médaille signifiant l’honorable cap des 50 années de fonction, des mains du lieutenant-gouverneur du Québec. Le futur récipiendaire se dit fier du travail accompli et de la récompense qui lui sera remise.

«Mais je ne cherche pas la gloire; j’aime mieux être low profile