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«Longueuil est juridiquement francophone», dit la mairesse

le mardi 07 juillet 2015
Modifié à 0 h 00 min le 07 juillet 2015

La mairesse de Longueuil estime que même si la Charte de la langue française ne l'interdit pas, «il n'est pas requis de traduire systématiquement en anglais les interventions au conseil municipal.»

Caroline St-Hilaire a fait cette déclaration lors de la séance du conseil municipal du 7 juillet, alors que la salle était bondée et que de nombreux partisans assistaient à la séance. Elle a rappelé que son administration considère la Ville de Longueuil comme une ville «culturellement et juridiquement francophone».

«Il n'est pas pas pertinent de mettre en danger la paix linguistique que nous connaissons à Longueuil, a-t-elle ajouté. Cette paix relève de la responsabilité de tous les élus. Notre rôle est aussi de donner l'exemple et d'assurer que les communications aux citoyens se fassent en français.»

La mairesse s'est défendu d'être raciste ou intolérante en tenant ces propos, affirmant plutôt qu'elle est fière de cette langue qu'est le français, ce qui a déclenché les applaudissements dans la salle.

Elle estime que s'il doit y avoir un débat concernant la question linguistique, c'est au sein des institutions nationales qu'il devrait se tenir. Selon elle, le débat est clos.

Des appuis de citoyens

Parmi les quelques citoyens qui se sont avancés au micro afin d'appuyer la mairesse, le citoyen de l'arr. du Vieux-Longueuil, Laurent Desbois a suggéré un nouveau référendum sur la défusion de Greenfield Park, estimant que ce débat dépasse la salle du conseil et qu'il provient des fusions municipales ratées. «La Ville de Longueuil a gaspillé notre argent pour le boul. Churchill», a-t-il ajouté.

Un habitué du conseil, Eric Prince, est venu poser une question en anglais, parce qu'il considère que «le respect de la langue va que dans un sens  à Longueuil». Il a reproché à l'administration de traiter les résidents de Greenfield Park comme des citoyens de seconde zone et il a demandé ce que la Ville comptait faire du système d'arrondissement «qui permet d'avoir des communautés distinctes».

La mairesse a rassuré les résidents de Greenfield Park en rappelant les investissements de son administration dans l'arrondissement. «Le problème, c'est que M. Myles est chef de l'opposition et qu'il représente le conseil municipal de Longueuil. Il a une responsabilité. Il ne peut pas dire que la ville est bilingue ou multilingue.»

Des citoyens à respecter

Le chef d'opposition, Robert Myles, a dit respecter le processus démocratique du conseil municipal, mais dit regretter certains propos tenus contre lui par certains citoyens. Contrairement à son habitude, il n'a pas traduit cette intervention.

«À Greenfield Park, on a une belle communauté, des anglophones et des francophones, qui vivent ensemble. Ça fait plus de 5 ans que je siège au conseil de ville. Je parle toujours en français durant les réunions et je traduis uniquement lors de mon tour de parole. Je pense que c'est important. Je respecte votre opinion, mais moi, j'ai des citoyens qui m'ont élu et que je dois respecter.»

Lors du tour de table des élus, à la fin de la séance, M. Myles a souligné que ce n'était pas lui qui avait «allumé le feu linguistique», que ce n'était pas lui qui avait «demandé de vérifier si tout se déroulait conformément à la Charte au conseil».

Un rassemblement devant l'hôtel de ville

Environ une centaine de citoyens avaient manifesté devant l'hôtel de ville avant la séance afin de défendre l'usage de la langue française.

Une citoyenne de Châteauguay, Martine Labossière, s'est jointe au rassemblement puisqu'elle juge «inadmissible» l'intimidation et les menaces de mort adressées à la mairesse. Elle estime également que la langue française doit être valorisée.

«En s'adressant en anglais au conseil, M. Myles normalise ce qui est une anormalité. Les anglophones ne sont pas en danger, ils ne sont pas une minorité convaincante», évoque-t-elle.

Le Longueuillois Roger Drouin croit quant à lui que tout ce qui est entendu dans un lieu public devrait être en français, puisque cette langue demeure difficile à préserver.

«Greenfield Park ne devrait plus avoir son statut bilingue. Les anglophones forment 33% de la population», a pour sa part commenté Michel Quesnel.

Le président du Bloc québécois, Mario Beaulieu, des candidats du parti et des membres d'Impératif Français étaient notamment présents. M. Beaulieu a adressé quelques mots aux citoyens réunis à la manifestation alors que le candidat Denis Trudel est venu appuyer publiquement la mairesse lors de la séance.

Avec la collaboration d'Ali Dostie.