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Longueuil: la réglementation plus stricte n’a pas empêché l’abattage d’un immense arbre mature

le vendredi 02 avril 2021
Modifié à 12 h 53 min le 03 avril 2021
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Malgré le cri du cœur lancé par une citoyenne et l’implication de la conseillère municipale Colette Éthier, l’immense épinette blanche qui trônait devant le 142, rue Jeannette, dans le secteur Le Moyne, a été rasé le 26 mars. Cette coupe survient un mois après que la Ville de Longueuil ait resserré sa réglementation en la matière. Pourtant, le permis autorisant le promoteur à abattre ce conifère a été révoqué la veille, à la suite de la réévaluation du dossier à la Ville qu’ont entraîné la pression citoyenne et les interventions de l’élue de ce district. Mme Éthier s’est d’ailleurs fait confirmer par le directeur de l’urbanisme, le 25 mars, la révocation du permis. Un employé des travaux publics, expert en la matière, s’est rendu sur les lieux et a confirmé que l’arbre n’avait pas à être abattu. La demande de permis d’abattage avait été faite sous le prétexte que l’arbre était malade, en raison de la présence d’un champignon (chancres cytosporéens (Picea Glauca). Ce dernier serait toutefois bénin et facilement traitable, détaille Mme Éthier. L’élue a depuis été informée que la Ville a retiré de son site Web la possibilité d’obtenir un permis d’abattage en ligne pour un arbre mort, malade ou dangereux. Cette option ne figure effectivement pas sur le portail de permis en ligne. Pour cette demande, une évaluation de l’état de santé de l’arbre, effectuée par un spécialiste, devait être fournie. À la séance du conseil municipal du 23 mars, la citoyenne Dominique Cousineau demandait aux élus comment le promoteur avait pu obtenir le permis pour abattre cet arbre. Mme Cousineau avait questionné l’administration à cet effet dès l’automne dernier. Après avoir vu de nombreux arbres matures disparaître de son quartier, elle craignait que cet arbre imposant ne subisse le même sort. «Au delà de la perte d'une indéniable richesse esthétique, c'est le fait qu'on ampute de puissants poumons urbains qui me scandalise. C'est contre toute logique, à l'heure du réchauffement climatique», expose Mme Cousineau. Ses publications sur la page Facebook «Résidents de Longueuil pour un urbanisme cohérent» ont suscité de nombreux commentaires de citoyens partageant son exaspération. À la séance du conseil, Mme Éthier a dit espérer que la Ville de Longueuil respecte sa propre réglementation, alors que des plans sont désormais exigés avant qu’un permis d’abattage soit émis. Plus de moyens En février, Longueuil a modifié sa réglementation afin d’augmenter de façon considérable le montant des amendes données à ceux qui abattaient des arbres illégalement. Le montant de l’amende a monté à 2 000$, puis à 4 000$ lors d’une récidive, dans le cas d’une personne morale. Cette modification vise justement à freiner le phénomène selon lequel des entrepreneurs font sciemment fi de la réglementation municipale et abattent des arbres matures. Colette Éthier avait fait valoir à ce moment que des mesures supplémentaires devraient être déployées pour empêcher que des arbres matures soient ainsi effacés du paysage longueuillois. Sa proposition que la Ville œuvre «à augmenter l’observance de la Politique de l’arbre ainsi que ses règlements afin de freiner les coupes d’arbres abusives» a d’ailleurs obtenu un avis favorable du comité exécutif et une résolution a été adopté en ce sens le 23 mars. Néanmoins, la coupe de l'épinette sur la rue Jeannette confirme aux yeux de la conseillère que ces pénalités ne peuvent être le seul moyen pour dissuader les promoteurs. «L'objectif, c'est de sauver les arbres matures qui sont la richesse des quartiers plus anciens de Longueuil. La règlementation est déjà très élaborée, mais dans l’application, on a encore beaucoup de travail à faire», a-t-elle relevé. Rappelons que la Ville peut délivrer un permis d’abattage pour un arbre malade, mort ou dangereux. Or, une inspection n’est pas systématiquement faite sur le terrain pour prouver ce qui est avancé dans une demande de permis, qui exige une évaluation effectuée par un spécialiste. «Heureusement, la Ville est en train de revoir ses pratiques pour être plus efficace dans la protection de notre patrimoine arboricole. Malheureusement, les changements prendront sûrement du temps pour donner des résultats », a conclu Mme Éthier.