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L’opposition détaille sa proposition d’encadrer le jeu libre dans les rues

le mercredi 10 juin 2020
Modifié à 14 h 50 min le 10 juin 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Les élus de Longueuil Citoyen aimeraient que soit implanté un projet pilote permettant le jeu libre dans au moins une à deux rues par district. Dans un mémoire, ils exposent quelles en seraient les conditions gagnantes. Actuellement, le jeu libre dans les rues de Longueuil, tout comme dans plusieurs municipalités, n’est pas permis, mais toléré. L’opposition de Longueuil suggère que la Ville imite des municipalités comme Boucherville et Sainte-Julie et autorise cette pratique, ce que permet la Loi 122 depuis 2017. À la suggestion de M. Léger, la Commission du transport actif et de la circulation avait reçu pour mandat en juillet 2019 d’analyser la possibilité d’autoriser le jeu libre. Les recommandations étaient attendues en avril. Toutefois, les travaux des commissions ont été interrompues vues les circonstances actuelles. Le mémoire déposé à la commission en mars cible deux critères pour faire de l’encadrement du jeu libre dans la rue un succès: une identification claire des conditions pour assurer la sécurité de tous et l’appui d’une vaste majorité des résidents. Selon la formule proposée, ce serait aux citoyens de déposer la candidature de leur rue, qui devrait être forte d’un appui des deux tiers des résidents concernés. L’analyse serait effectuée par la Ville, qui choisirait ensuite les rues en fonction du principe de premier arrivé, premier servi. Les rues visées devraient notamment être des rues locales et dégagées, et ne pas être desservies par le transport en commun, ni se trouver à proximité d’une école, entre autres critères. Un code de conduite en assurerait le bon déroulement et de la signalisation pourrait être installée. Le mémoire propose aussi un projet de règlement. «Nous offrons une réponse adaptée aux jeunes familles qui nous demandent depuis des années d’améliorer la sécurité pour les enfants qui jouent devant leur maison», a indiqué la conseillère municipale Colette Éthier. Alors que les terrains sportifs, modules de jeux et jeux d’eau ont progressivement retrouvé leurs adeptes, l’implantation de projets pilotes devrait faire l’objet de discussion avec la santé publique, croit l’opposition. Le «vrai» jeu libre Des citoyens de Longueuil œuvrent actuellement à la mise sur pied du Développatoire – Moments éco-ludique, une entreprise d’économie sociale qui veut faire la promotion du jeu libre à l’extérieur, grâce à des terrains de jeux éphémères. Développatoire est né de la contraction de «développement, laboratoire et dépotoir». «Nous visons à sensibiliser la population à l’importance de la prise de risque et du développement de la créativité à travers la découverte de matériaux domestiques et industriels revalorisés tels que des pneus, des boîtes de cartons et tuyaux», décrit leur page Web. Ergothérapeute pour enfants, la fondatrice Julie Coutya et sa collègue dans ce projet ont été formées comme facilitatrices par Lions et Souris, un organisme de Montréal qui offre des programmes de jeu mené par l’enfant. La Longueuilloise ne peut donc qu’être favorable à la proposition mise de l’avant par l’opposition. Toutefois, elle nuance qu’il ne s’agit pas là véritablement de «jeu libre». Elle vante les bienfaits de ce dernier, dont celui de l’exploration et de la prise de risque. «La majorité des enfants ont un système d’autorégulation pour contrôler ce risque. Si on les retient tout le temps, ils se mettront en danger lorsqu’ils se retrouveront sans les parents. Alors que si on les laisse aller, ils seront plus attentifs.» Le jeu libre permet une meilleure gestion des émotions et améliore la résolution de problème chez l’enfant, fait-elle aussi valoir. Elle invite par ailleurs les parents à devenir un partenaire de jeu avec leur enfant, plutôt qu’un spectateur. Une dynamique qu’instaure davantage les modules de jeux, par exemple, puisqu’il est rare qu’un parent y grimpera pour s’amuser avec l’enfant. De plus, «dans un module de jeu, les plus jeunes se retrouvent en bas, alors que les plus vieux grimpent en haut. Avec des objets au sol et une structure plus à l’horizontale, les plus jeunes peuvent aussi être en exploration», illustre Mme Coutya. Retrouver des matériaux simples, qui ne sont pas des jouets en soi, peut aussi contribuer à la créativité. L’ergothérapeute illustre son propos en comparant un jeu ayant une méthode précise d’utilisation à une porte, et un objet sans identité ludique à une fenêtre. «C’est drôle de dire que c’est innovant de jouer avec une boite en carton, car c’est ce que fait un enfant de 1 an!» Avec une «équipe solide», Julie Coutya a bon espoir que ce projet voit le jour. Elle s’appuie aussi sur la réponse positive de la communauté, alors que de telles zones de jeu avaient pu être installées l’an dernier lors de deux événements de la Ville, notamment au parc de la Cité.