Culture

M. Chandler: création et créativité spontanées

le mercredi 13 février 2019
Modifié à 10 h 17 min le 13 février 2019
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

MUSIQUE. À quoi peut-on s’attendre de l’union entre les musiciens de Magneto Trio Rick Haworth (guitare), Mario Légaré (basse) et Sylvain Clavette (batterie) et la voix planante de Ian Kelly? La pochette du premier album de M. Chandler – un personnage à la Humpty Dumpty en caleçons, bas blancs et sandales – offrira bien peu de détails sur ce mélange de folk et de pop. Mais Ian Kelly, oui. Comment est né ce mariage entre Ian Kelly et Magneto Trio? Je prends tout le crédit, c’est mon idée! J’ai entendu le trio à un lancement de programmation à Sainte-Thérèse, il y a deux ans. Quand je l’ai entendu jouer, je me tenais en coulisses. Naturellement, je me suis mis à chanter pour moi-même par-dessus sa musique. Et je trouvais que c’était un son, une ambiance qui me plaisait. Je trouvais que ça fittait bien. J’ai dit aux trois musiciens à quel point je trouvais ça bon et je leur ai proposé, si ça leur tentait d’essayer, de faire des chansons ensemble. C’était en octobre, et en janvier, ils étaient chez nous en studio. On commençait à travailler ensemble, simplement et sans attente. Comme des gars de 15 ans qui se partent un band et qui font ça pour le fun, pour les bonnes raisons. Ça n’a donc pas été très difficile de les convaincre… La première fois qu’ils sont entrés en studio, j’étais un peu gêné. Je ne les connaissais pas beaucoup. Quelqu’un partait un riff, on jammait là-dessus. Je dirais qu’il y a 70% de l’album qui a été enregistré de janvier à mars 2017. La journée où l’on composait, on enregistrait la maquette le soir. Je n’ai pas le goût de dire que c’était facile, parce que des choses ont été retravaillées, il y a eu du travail. Mais le premier jet s’est fait naturellement. Je pense qu’on entend cette spontanéité sur le disque. C’est la première fois que je travaillais comme ça. Et à quoi ressemble un spectacle de M. Chandler? C’est la même vibe que la façon dont on a fait l’album. Mario, Sylvain et Rick peaufinent leur son depuis 50 ans… il y a toute cette recherche. On n’a pas besoin d’ajouter tellement de couches. Le show, ça sonne plein. Un peu comme le disque. Je fais des arrangements différents pour mes tounes. Des fois, en studio, je m’emballe avec des tracks et en show, on choisit l’essentiel. Pour M. Chandler, c’est resté à l’essentiel sur l’album. Ce n’est pas tous les jours qu’on a des musiciens avec tant d’expérience. C’est un privilège pour moi de jouer avec eux. Il s’agit d’un premier album uniquement en français. Est-ce que ça change quelque chose au processus d’écriture? Je trouve ça beaucoup plus difficile d’écrire des textes en français. La musicalité de la langue est vraiment différente. J’écoute plus souvent de la musique en anglais, donc inconsciemment, je cherche peut-être ce son-là. En français, ça sonne plus lyrique… Il faut travailler un peu plus fort. Est-ce que ça change ce dont vous aviez envie de parler? Il y a un style qui s’est formé à partir du moment, de la vibe dans laquelle j’étais, plus que la langue. Travailler avec des gars qui ont 20 à 25 ans de plus que moi… Les discussions ne sont pas toujours les mêmes, elles m’ont fait beaucoup pensé au temps. En vieillissant, on réalise que c'est ce qui est le plus précieux. On le réalise aussi quand on a des enfants. C’est dans les sujets abordés, ça revenait beaucoup: le temps, les saisons, la mort. Ça m’a parti dans cette direction. En terminant, pourquoi M. Chandler? Il y a juste Rick qui peut répondre! C’est lui qui a une histoire avec Chandler. La seule réponse que je peux donner est: pourquoi pas? Musicalement, de travailler en band, ça s’est fait facilement. Mais au moment de trouver un nom, c’est là que je me suis rappelé "Ah oui, c’est ça être dans un band!" Il y en a toujours un qui n’est pas d’accord. Ç’a été un processus laborieux. Mais quand le nom M. Chandler est arrivé sur la table, tout le monde était d’accord.   Au Club DIX30 le 23 février.