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Mère et fille sans toit depuis des mois

le vendredi 01 juillet 2022
Modifié à 9 h 13 min le 04 juillet 2022
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

(Photo gracieuseté)

Mélanie Thibodeau et sa fille Jessy Thibodeau vivent la crise du logement de plein fouet. Depuis que leur ancien propriétaire les a forcées à quitter pour une reprise de logement, à l’automne dernier, elles ont erré ici et là, pour aboutir à l’organisme le Chaînon à Montréal, où elles sont hébergées depuis le 22 mai. D’ici le 4 juillet, elles doivent avoir quitté. Et devant elles, c’est encore l’incertitude.

Les deux Longueuilloises ont dû quitter leur 5 ½ d’un immeuble de la rue Wolfe, qu’elles payaient 565$ par mois. Dans le contexte de pénurie de logements, elles n’ont pu rien trouver qui convienne à leurs besoins ni à leur budget. 
Elles ont été hébergées temporairement chez la belle-mère de Mme Thibodeau, pour ensuite quitter.

«On a même dormi dans l’auto, mais il faisait tellement froid», relate Jessy. 

Elles en sont venues à faire le tour des organismes de Longueuil qui viennent en aide aux personnes en situation d’itinérance, mais c’est finalement au Chaînon qu’elles ont pu avoir une place. «Ç’a été un miracle», estime la jeune femme de 21 ans.

Depuis, il a été proposé à Mélanie Thibodeau de vivre dans un minuscule logement, à Montréal. «Je ne peux pas aller là. C’est tellement petit, ce n’est même pas un logement, c’est une cellule. Et je veux revenir à Longueuil. J’ai ma famille là. Il n’y a rien qui m’attache à Montréal», déplore-t-elle.

Bien qu’elles habitaient ensemble, mère et fille se cherchent maintenant chacun un chez-soi.

Tout récemment, Jessy a accepté de vivre dans cette pièce que sa mère a refusée. Elle espère qu’un peu de stabilité lui permettra de réaliser un retour aux études.

«Je suis en arrêt de travail parce que j’ai été malade. Je ne suis plus capable d’être en dépression», témoigne-t-elle, affectée par les derniers mois. 

Cette histoire remue aussi grandement Mme Thibodeau. «Je suis trop malade, je vomis tout le temps, je pleure, je ne dors plus», décrit-elle, la panique dans la voix. 

En décembre, elle a aussi perdu son conjoint, qui est décédé.

À quelques jours du 4 juillet, Mme Thibodeau fait le tour des organismes de Longueuil, à la recherche d’un coup de pouce, «pour mettre notre pied à terre, une bonne fois pour toutes».

Mise en demeure

Mme Thibodeau et sa fille ont vécu difficilement la reprise de leur logement dans lequel la mère vivait depuis 26 ans. «Il [le propriétaire] disait qu’il voulait aller vivre dans l’appartement, mais ça fait plus de sept mois, et il est toujours vide!» relève la mère de famille.

Mme Thibodeau entend – malgré certains avis professionnels contraires – réclamer des dédommagements à son ancien propriétaire. 

«J’ai tout perdu, je ne lâcherai pas.» 
-Mélanie Thibodeau

Sa fille veille actuellement, avec l’aide d’une clinique juridique, à «monter un dossier contre lui» pour lui faire parvenir une mise en demeure.

Le départ forcé de leur appartement n’a d’ailleurs pas été la première tuile à leur tomber sur la tête. Le 23 février, Mme Thibodeau a reçu une mise en demeure dans laquelle le propriétaire lui réclame plus de 82 000$. Il la tient responsable de dommages qui auraient rendu le logement inhabitable, dont des dommages causés par une fuite d’eau en 2019.

Elle prétend au contraire qu’il ne voulait pas faire les réparations.

Au moment d’écrire ces lignes, le propriétaire n’a pas répondu aux demandes d’entrevue du Journal.