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Santé

Michel Dumont en conférence à la Maison Le Réveil: de l’impérativité de rester allumé

le mardi 15 mai 2018
Modifié à 10 h 02 min le 15 mai 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

ENTREVUE. De ses débuts sur les planches à aujourd’hui, Michel Dumont aura interprété les jeunes premiers, puis les pères, pour maintenant «être pogné» avec les grands-pères. La suite normale des choses, dira l’acteur. Celui qui cumule plus de 50 ans de métier replongera dans son parcours pour inviter les aînés à demeurer actifs et allumés, loin de l’attente. À LIRE AUSSI: Retour sur le parcours de Michel Dumont: Bête de scène, encore et toujours Dans le cadre de la Semaine des aînés, Michel Dumont présentera la conférence À cœur ouvert sur la scène de son parcours, à la Maison Le Réveil, le 17 mai à 14h30. «Le vieillissement, c’est normal. Mais "vieux", je déteste ce mot. Quand il veut dire "laissé pour compte", "ils sont à l’article de la mort anyway", "ils radotent"… Ça me hante. J’ai 77 ans, et je ne connais pas ça, la retraite. Ce sera la maladie ou un empêchement physique qui fera que j’irai à la retraite. Ce n’est pas moi qui va décider que je ne ferai plus rien.» Alors quand la forme est au rendez-vous, il faut intégrer des activités à son horaire, que ce soit le ping-pong, les mots croisés ou la marche. «Il faut refuser d’être éteint. Car la société dit "À 65 ans, vous vous éteignez".» Il lance également le message de ne pas attendre à la retraite pour profiter de la vie. Il raconte que son père rêvait de la retraite pour faire des voyages de pêche, chasser, se retrouver dans un chalet dans le bois. Retraite à 66 ans, décès un an plus tard. «Ça m’a frappé. On attend quoi?» «Dès qu’une personne âgée est en attente, elle tourne en rond. Il y a une violence qu’il faut se faire… il faut garder la lumière allumée. Peut-être apprendre les deux premières phrases du journal et les répéter dans la journée. Comme ça, la mémoire tourne. Les jeux, les activités, jetez-vous là-dedans!» Éviter l’attente Après avoir annoncé son départ de la direction artistique de la Compagnie DUCEPPE en 2017, Michel Dumont a vécu sa dernière saison au célèbre théâtre de la rue Sainte-Catherine. Avec cette responsabilité en moins est venue forcément une diminution de la cadence. Ce qui ne signifie pas la fin de la carrière… ni du jeu, espère-t-il. La saison 2018-2019 ne lui permettait pas d’interpréter un rôle. «Je ne fit pas!», dit-il, alors qu’il n’y a pas de personnage de son âge dans les pièces présentées. Ainsi se retrouve-t-il malgré lui en position d’attente. Dans l’attente d’un rôle que pourrait lui proposer une compagnie théâtrale. «La solitude ne me fait pas peur, même si des fois, je trouve ça plate de manger tout seul, le soir. Je m’ouvre une bouteille et la bois seul. Je suis avec ma chatte... mais elle ne boit pas de vin, blague-t-il. C’est dangereux… c’est tellement un changement de vie.» «Tu as moins de choses à faire, tu t’encabanes un peu, poursuit-il. Je n’ai jamais écouté le hockey et je me suis mis à l’écouter. C’est là qu’il faut se redresser…» Pendant 19 ans, il partait à Hawaii une fois par année durant un mois avec sa femme, Manon Bellemare. Son décès en 2014 a changé beaucoup de choses. «Depuis quatre ans, je déteste voyager seul. Là, j’attends et je ne devrais pas attendre pour voyager. Je commence à avoir ce défaut… J’attends les contrats, j’attends pour voyager. Quand on m’a proposé cette conférence, j’ai sauté dessus. J’ai aussi accepté de présider le jury pour le gala Phénicia.» Michel Dumont remonte graduellement cette pente qui lui assure de rester allumé. «Je vais essayer de durcir ma petite pente, image-t-il. C’est un gros aveu que je te fais.»