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Nana, le chien à la rescousse des enfants, petits et grands

le mercredi 29 novembre 2017
Modifié à 11 h 13 min le 29 novembre 2017
Par Vanessa Picotte

vpicotte@gravitemedia.com

Que ce soit pour accompagner un enfant pour une dénonciation au poste de police, pour un témoignage au palais de justice ou lors d’un placement dans une famille d’accueil, «Nana est là pour les enfants». Nana, un labernois de 17 mois, est le premier chien à travailler dans un centre jeunesse au Québec. En tant que chien de soutien émotionnel, son travail consiste à accompagner les enfants dans leurs moments les plus difficiles. Mis à part les agentes de relations humaines au Centre jeunesse de la Montérégie Danielle Proulx et Caroline Légaré, qui sont ses deux maîtres, seuls les enfants peuvent cajoler Nana.
«Nous présentons Nana à l’enfant et ce qui se passe ensuite est magique.» - Danielle Proulx
«La consigne est qu’aucun adulte n’a le droit de la toucher, explique Mme Proulx. Elle est là seulement pour les enfants. Alors, Nana commence à comprendre que lorsqu’il y a un enfant, elle se fait flatter. Ça donne une importance à l’enfant puisqu’il enregistre très vite que les adultes n’ont pas le droit de la toucher et il ne se gêne pas pour le dire.» Les enfants et les adolescents établissent rapidement un contact avec Nana, et ce, même lors de situations extrêmement difficiles. Avec son côté taquin, le labernois réussit «à faire descendre la tension». «Elle est extrêmement démonstrative, alors ça permet de détendre l’atmosphère, précise-t-elle. Nana fait rire les enfants, diminue leur stress et les détend. Elle commence à le sentir et lorsque l’enfant commence à être un peu plus émotif, je l’ai vue se lever et aller vers l’enfant.» Un projet mené par deux agentes Le Centre jeunesse de la Montérégie est le premier au Québec à accueillir un chien de soutien émotionnel. Un projet mené de front par Danielle Proulx et Caroline Légaré, qui se partagent les interventions mais aussi la garde du chien les soirs et les fins de semaine. Pour obtenir leur titre de maître-chien de la jeune Nana, les deux femmes ont pris part à une formation d’une semaine à la Fondation Mira. «Nous avons bâti le projet ensemble et nous avons une garde partagée», explique Caroline Légaré, précisant que c’est sa consœur qui l’a initiée à la socialisation des chiens Mira. Chiens accompagnateurs Nana est venue au monde au chenil de la Fondation Mira et a été élevée selon les mêmes critères que les autres chiens accompagnateurs. Même si on connaît d’abord la Fondation pour ses chiens-guides qui viennent en aide aux personnes avec une déficience visuelle, Mira élève aussi des chiens qui accompagnent des enfants vivants avec un trouble du spectre de l’autisme. Les effets sont tels que plusieurs organisations ont manifesté leur désir d’adopter un chien de soutien émotionnel, dont le Service de police de la Ville de Sherbrooke et la Sûreté du Québec. Le Service de police de l’agglomération de Longueuil est présentement inscrit sur une liste d’attente pour adopter un animal. «Dépendamment des traumatismes vécus par l’enfant, c’est plus facile pour lui d’établir une relation affective avec un chien, explique le psychologue et directeur de la recherche de la Fondation Mira Noël Champagne. Ça induit une espèce de réduction physiologique de la tension qui permet à l’enfant de mieux verbaliser.» Nana a par exemple récemment accompagné une fillette au poste de police. Une expérience qui aurait pu être traumatisante, mais qui s’est finalement avérée positive pour l’enfant. «C’est certain que ne marche pas à tous les coups; certains sont allergiques et d’autres n’ont pas d’intérêt pour les animaux, explique Danielle Proulx. Mais quand les jeunes embarquent, ça donne des rencontres fantastiques. Par exemple, lorsque la jeune fille que nous avons accompagnée au poste de police est retournée dans sa famille d’accueil, elle n’a fait que parler de Nana. C’était ça, son souvenir de cette journée.»   Nana, aussi pour les grands Il n’y a pas que les enfants qui bénéficient de la présence de Nana à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). L’agente de relations humaines Caroline Légaré raconte que même des adolescents avec des problèmes d’agressivité «trouvent leur compte» avec Nana. «J’ai déterminé avec un jeune que j’amenais Nana seulement s’il n’avait pas de comportement agressif, explique-t-elle. Ce jeune homme-là, quand Nana est présente, c’est une autre personne. Il passe d’un adolescent enragé à un petit garçon de 10 ans qui est content de jouer avec son chien.» Lors des visites de Nana dans les unités du Centre jeunesse, les jeunes deviennent calmes et veulent tous ou presque un petit moment avec la chienne. «Même nos plus tough en détention deviennent des petits garçons lorsque Nana est là», raconte Caroline Légaré.