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COVID-19

Nos anges gardiens: l’humain derrière le masque: des témoignages pour que les choses changent

le mardi 08 septembre 2020
Modifié à 15 h 18 min le 04 septembre 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

En donnant la parole à des professionnels de la santé, Nos anges gardiens: l’humain derrière le masque, du Longueuillois Sébastien Théorêt, livre un regard de l’intérieur sur le système de la santé, dont la pandémie n’aura fait qu’exacerber les lacunes. Un portrait sombre mais nécessaire, selon l’auteur, pour comprendre et ne pas répéter les mêmes erreurs. C’est en voyant ce que vivaient des proches œuvrant dans le domaine de la santé que l’auteur de littérature fantastique a voulu aller à la rencontre de ce milieu. Sébastien Théorêt a discuté avec des techniciens, préposés aux bénéficiaires, infirmières, intervenantes psychosociales, etc. Des entretiens réalisés de mars à mai, au plus fort de la crise. «Ils ont trouvé ça ultra difficile. J’ai senti beaucoup de panique, d’insécurité, d’anxiété. Ils ont fait face au virus, ils vivaient avec la crainte de contaminer leurs proches», retient M. Théorêt. «Ces professionnels ont témoigné d’une grande désorganisation: des informations leur parvenaient chaque jour et parfois, se contredisaient le lendemain.» Parmi les «entrevues-chocs» de l’ouvrage, on compte celle de Renzo, préposé aux bénéficiaires dans un CHSLD du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, où une éclosion a fait des dizaines de décès. «Le virus s’est trouvé pratiquement partout, raconte-t-il. Elle affectait autant les résidents que les employés. Alors que le ministre annonçait vingt décès dans notre CHSLD, le chiffre avait déjà augmenté à soixante.» Avec pour intention de tirer du positif de ces échanges, Sébastien Théorêt a demandé à chacun des intervenants de se prononcer sur les solutions à apporter ou sur ce qui a été fait pendant la crise pour améliorer la situation. «Plusieurs sont morts de déshydratation. On a vite compris qu’il fallait donner aux patients beaucoup d’eau, témoigne Renzo. À partir de ce moment, j’ai littéralement isolé mon aile, touché par deux cas uniquement, pour éviter que toute la place se transforme en zone rouge. J’ai barré des portes donnant accès à cet étage et seuls les employés habituels avaient l’autorisation d’y pénétrer. Ça nous a permis de mieux gérer la contagion.» Pour le préposé aux bénéficiaires, cela signifiait aussi d’ignorer certaines consignes «qui ne tenaient pas la route». À cœur ouvert En remontant le fil de toutes ces discussions, Sébastien Théorêt y décèle toute l’évolution des premiers mois de la pandémie: les éclosions, la pénurie de matériel de protection individuel… l’accalmie. «Beaucoup de travailleurs de la santé ont été négligés depuis fort longtemps, sur plusieurs dossiers qui traînent: l’équité salariale, des mesures inappropriées, le manque de personnel dans les CHSLD», cible aussi l’auteur. Un ras-le-bol qui a sans doute contribué à délier les langues. Lorsque M. Théorêt a lancé un appel à tous sur un groupe Facebook de travailleurs du milieu de la santé, les mains se sont rapidement levées. «Le nombre de courriels que j’ai reçus, c’est épouvantable!» Il a d’ailleurs été surpris du nombre de personnes prêtes à parler, alors que certains lui disaient justement craindre les représailles en raison de «l’Omertà» qui, confirme M. Théorêt, sévit toujours dans le milieu de la santé. Un enjeu qui l’inspire d’ailleurs pour un deuxième ouvrage à venir, Mort à l’Omertà. Nos anges gardiens: l’humain derrière le masque sera en vente dès le 12 septembre. Il est possible d’en commander un exemplaire sur la page Facebook de l’auteur.   Un grand rassemblement en signe de solidarité Des centaines de travailleurs du milieu de la santé – tant de la Rive-Sud que d’autres régions du Québec – convergeront vers le parc St. Mark, le 12 septembre, de 11h à 17h. L’objectif des organisateurs de ce rassemblement, dont Sébastien Théorêt, est «d’honorer ces gens qui ont aidé la population en temps de pandémie». Il s’agit là aussi d’une occasion de montrer la solidarité qui relie les différents travailleurs du réseau, qui réclament d’une même voix des changements dans leurs conditions de travail. L’équité salariale, la «loi de l’Omertà» sont notamment de ces enjeux qui préoccupent, identifie l’auteur. Des chapiteaux seront installés pour les différents cadres de la santé. «Le but n’est pas de manifester, ni d’attirer les anti-masques! Nous voulons un rassemblement qui soit pacifique et positif», assure-t-il. Il invite d’ailleurs les citoyens qui souhaitent démontrer leur solidarité à se joindre à l’événement. «Le public est directement concerné par ces enjeux. Car si ça ne fonctionne pas bien dans le réseau de la santé, c’est tout le monde qui écope.» Deux semaines après l’annonce de la tenue du grand rassemblement, 400 personnes avaient confirmé leur participation, dont certains d’entre eux viendront accompagnés de collègues. M. Théorêt espère attirer au-delà de 1000 travailleurs de la santé.