Opinion

Nous sommes devant un choix collectif

le mercredi 27 avril 2022
Modifié à

Nancy Bélanger (Photo: Gracieuseté)

L’annonce du départ de la députée solidaire Catherine Dorion de l’Assemblée nationale a remis en lumière le chantier de la révision des lois sur le statut de l’artiste. Elle presse la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, de compléter cette révision d’ici la fin des travaux parlementaires le 10 juin, comme elle l’avait promis. Bien sûr, il faudrait croire aux miracles pour penser que l’examen des amendements à ces lois se fasse en un aussi court laps de temps. Pourtant, il est plus qu’urgent de se pencher sur ces lois afin d’améliorer les conditions de pratique des artistes. 

Plus largement, il faudrait revoir les conditions des travailleurs du milieu culturel. En cette période de grande volatilité et de rareté de la main-d’œuvre dans tous les secteurs, et après deux ans de mesures sanitaires ayant forcé des milliers de travailleurs culturels et d’artistes à se tourner vers d’autres avenues pour survivre, le secteur culturel se retrouve dans l’impasse, exsangue. 

Pensons seulement, pour mesurer l’ampleur de cette impasse, qu’en ce moment un musée est dans l’incapacité de payer un guide spécialisé, doté d’une maîtrise en muséologie, au même tarif horaire qu’une chaîne d’alimentation rapide paiera un employé à son entrée en poste. 

Si de surcroît les lois qui encadrent le travail des artistes ne les protègent pas adéquatement — et nous passerons sous silence la notion même de filet social —, qui donc pourrait avoir encore envie de s’investir dans la création, la production et la diffusion d’œuvres artistiques ? 

Il est vrai que le gouvernement du Québec a mis en place de nombreuses mesures de soutien au secteur culturel durant la pandémie. C’est tant mieux et c’était certainement très avisé ; tous le reconnaissent, les arts et la culture ont joué un rôle de premier plan pour souder les communautés en cette période exceptionnellement difficile. La crise sanitaire passe doucement et ce qui reste est si fragile. Les créateurs et les travailleurs culturels sont-ils en voie de devenir une espèce menacée ? Vite, il faut leur donner de l’oxygène et de meilleures conditions de travail.