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Nouvellement préposé aux bénéficiaires: un don de soi

le jeudi 27 août 2020
Modifié à 14 h 51 min le 27 août 2020
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Le Longueuillois Stéphane Meikle s’est tout de suite senti interpellé quand il a entendu l’appel du gouvernement, en juin, pour trouver des préposé aux bénéficiaires afin de prêter main-forte en CHSLD. Deux mois après le début de la formation, il se sent «sur son X». C’est à la suite du décès de son beau-père d’une maladie pulmonaire le 28 mai que l’envie d’aider concrètement s’est manifestée chez M. Meikle. «Je voyais ce qu’il se passait dans les CHSLD à Montréal, sur la Rive-Sud et tout ça. À mon travail, j’étais en ralentissement, et je me suis dit pourquoi pas? J’ai le temps de faire cette formation.» «Ma mère a 85 ans et je me disais: si c’était elle, est-ce que je la laisserais toute seule?» ajoute-t-il. Le 15 juin, il entamait donc le début d’un nouveau chapitre de sa vie dans le milieu de la santé. Le premier mois en était un de formation intensive, qui se déroulait au Centre de formation professionnelle des métiers de la santé, à Montréal. Le cours, normalement d’une durée de 18 mois, a été adapté et axé sur les maladies infectieuses, les relations aidantes et soins en fin de vie. «Tu débarques dans une structure où c’est comme si tu construisais l’avion en volant, image M. Meikle. Tu es dedans, tu voles, et tu mets les morceaux au fur et à mesure.» «Je m’attendais à quelque chose somme toute structuré, rapide, poursuit-il. C’est vraiment ce qui s’est passé.» En stage Pour ses deux mois de stage, Stéphane Meikle a été assigné au CHSLD Yvon-Brunet, à Montréal, «un des centres qui a été le plus touché par la COVID, là où l’armée est allée». C’est le CIUSSS Centre-Sud, son nouvel employeur, qui se chargeait d’envoyer les étudiants là où les besoins étaient les plus criants. «Je vois encore mon fils qui me dit: “Tu sais papa, la COVID on ne l’avait pas. Tu ne vas pas la chercher et la ramener à la maison”», relate-t-il. Au moment de s’entretenir avec Le Courrier du Sud, M. Meikle avait complété son premier mois de stage. Un premier mois fort enrichissant. La première semaine en était une d’observation. Puis, la semaine suivante, il donnait les bains aux patients et les aidait à manger. Le voilà aujourd’hui de plus en plus autonome dans son nouvel environnement de travail. «C’est très demandant, mais j’ai découvert un monde, affirme le Longueuillois. Le milieu de la santé est un monde en étroite collaboration. Quand on est sur le plancher, il n’y a pas de hiérarchie très précise. On fait tous un travail d’aide aux résidents.»
«Il y a des résidents qui sont encore en vie et qui ont passé à travers tout ça. On sent que ç’a été une expérience qui a été difficile pour eux.» - Stéphane Meikle
«Un CHSLD n’est pas un milieu de soins, mais bien un milieu de vie, explique-t-il. Les gens sont dans leur résidence. On a à leur donner des soins, apporter leur repas. On cogne, on se présente, on leur explique ce qu’on fait. On y retrouve des [personnes avec des] problèmes mentaux, des problèmes de comportement et des personnes en perte cognitive. C’est un volet très large, et c’est très stimulant.» Chaque semaine, les stagiaires sont évalués par les préposés aux bénéficiaires, contactés par leur professeur et doivent compléter un journal de bord sur leur expérience. «Pour quelque chose qui s’est construit en l’espace de deux semaines, c’est satisfaisant! lance-t-il. La première journée où on est entré en stage, on savait où on s’en allait. Chapeau à l’école professionnelle.» Une décision de cœur Avec le recul, Stéphane Meikle est très heureux de la décision qu’il a prise en juin. Même si le salaire d’un préposé aux bénéficiaires est moindre que ce qu’il a pu gagner par le passé, il ne regrette pas du tout son changement de carrière. «C’est une décision de cœur que j’ai prise.» «Si on va là pour le salaire, on n’est pas à la bonne place», dit-il. En recevant la bourse du gouvernement pour suivre la formation en accélérée, tous les étudiants s’engagent à offrir au moins un an de travail. Dans le cas de M. Meikle, ce sera probablement bien plus que ça. «Tant et aussi longtemps que j’aurai mes lunettes roses et cette conviction d’être sur mon X, je continuerai», assure-t-il.