Culture

« Papa, moi je l’sais que t’es pas un tout croche »

le jeudi 19 janvier 2023
Modifié à 20 h 17 min le 17 janvier 2023
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Une scène de Mimine. (Photo gracieuseté)

C’est ce que dit Mimine, jeune garçon et personnage principal du court métrage du même nom, à son père Bonus, qui lui réserve une surprise pour sa journée de garde. Quand la magie opère, sky is the limit.

Tourné dans la région, Mimine, quatrième court métrage de Simon Laganière, sera diffusé en compétition officielle le 25 janvier au festival en ligne Plein(s) Écran(s).

Larry Walters, cet Américain qui, dans les années 1980, a fixé des ballons-sondes à sa chaise de parterre pour s’envoler – source d’inspiration du film Là-haut de Pixar – a aussi inspiré Simon Laganière. «J’avais le goût de faire de quoi avec ça», évoque-t-il. 

Le jeune Mimine (Laurent Lemaire) subira donc le même sort que Larry Walters, tantôt amusé, tantôt effrayé par ce tour de manège dont Bonus (Stéphane Breton) perdra le contrôle.

Mais au-delà de cette envolée, c’est l’idée d’abattre la barrière des préjugés qui préoccupait le réalisateur. 

Au moment où Simon Laganière a écrit le scénario, avant la pandémie, ses enfants étaient en bas âge et il était «le seul de sa gang» à avoir des enfants. «Des fois, on se sent un peu tout croche, on oublie une mitaine… On se sent jugés», relate-t-il.

Un jugement qu’il a aussi pu porter à son tour, en voyant un père se promener avec une jeune enfant en poussette, sur une route de campagne très achalandée. «Je trouvais ça dangereux, je le jugeais. Puis quand je suis passé à côté, ils étaient en train de rire, ils avaient du fun. Je me suis dit : je suis vraiment une marde!» lance-t-il en riant.

D’où ce souhait de montrer un moment de tendresse, de magie (et d'un brin d'insouciance!) entre un fils et un père, brouillon certes, mais aimant.

La magie… du cinéma

Le réalisateur garde de très bons souvenirs du tournage qui s’est déroulé à l’été 2020. 

«C’était tellement l’fun à faire! C’est mon projet COVID. Il y a pire!» 

-Simon Laganière

Tourner les scènes où le jeune Mimine s’envole, assis dans une chaise, un bouquet de ballons au-dessus de la tête, s’est avéré un défi.

Mais brisons la magie : les ballons ont été ajoutés en post-production. Pour certaines scènes, la chaise était soutenue par une grue. Et pour d’autres, le tout a été tourné devant des écrans verts. 

Le plaisir s’est aussi transposé lors du travail de montage, en compagnie de Stéphane Lafleur, un ami de Simon Laganière. «Ç’a apporté une fluidité, une convivialité, une confiance aussi... ç’a été facile, on a ri beaucoup. C’est l’fun de travailler avec des amis.»

Plus de créativité

Mimine a fait son petit bonhomme de chemin dans quelques festivals, notamment à l’international.

«C’est trippant que l’histoire puisse être comprise partout, relève l’artiste. Les échos que j’ai eus, c’est que les gens trouvent ça lumineux. Il y a une légèreté et on a besoin de ça ces temps-ci.»

Celui dont le court métrage Sur la piste du renard s’est taillé une place parmi les finalistes des prix Écrans et Jutra en 2014 apprécie visiblement ce format.

«Ça permet une belle latitude de créativité. Dans les festivals, je trouve qu’il y a toujours de belles propositions. Il y a plus de lousse», remarque-t-il, alors que le milieu du long métrage en est un où les élus sont peu nombreux.

En plus de terminer un album (il est compositeur et interprète pour les Frères Goyette), Simon Laganière espère pouvoir travailler bientôt sur un scénario de film pour enfants.

«Tous les éléments sont dans ma tête. Il me reste juste à aller me cacher dans le bois! Des fois, ça prend ça!»