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Société

Pauvreté et exclusion sociale: Macadam Sud, 35 ans à faire la différence

le jeudi 04 octobre 2018
Modifié à 15 h 06 min le 04 octobre 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

COMMUNAUTÉ. L’approche volontaire est certes un ingrédient clé qui explique le succès de Macadam Sud, selon sa directrice générale Danielle Goulet. Depuis 35 ans, l’organisme vient en aide aux 12 à 35 ans – et plus – aux prises avec divers problèmes liés à la pauvreté et l’exclusion sociale, notamment au moyen du travail de rue. Avec une quinzaine d’intervenants, Macadam Sud fait une différence dans la vie de 4000 à 5000 personnes par année. Le nombre d’interventions – qu’elles nécessitent 30 minutes ou une journée – s’élève à plus de 10 000 annuellement. «Peu importe ce que tu vis, on est là pour t’aider, avance Danielle Goulet. La société essaie souvent de faire entrer les gens dans des cases, mais un toxicomane n’est pas juste un toxicomane. C’est un individu, une personne qui vit certaines choses, à un moment de sa vie. On est toujours présent pour répondre aux besoins de bien des gens.» Avec cette vision viennent les notions de respect et de dignité de la personne, essentielles à la mission de Macadam Sud. Au sein de l’organisme de Longueuil depuis 1990, Mme Goulet avoue s’être rapidement sentie «comme un poisson dans l’eau» grâce à cette approche qui n’impose aucune contrainte aux bénéficiaires. «C’est la meilleure façon de rejoindre les personnes plus vulnérables, croit-elle. On n’est pas dans une dynamique "T’as le droit de faire ci, pas le droit de faire ça". Je l’avais déjà vécu avant, et j’avais l’impression de parler à des jeunes comme si j’étais leur mère.» Services multiples Macadam Sud est bien connu pour son unité d’intervention mobile le TROC. Ce dernier a repris la route en mai après une interruption de deux ans, l’ancien véhicule récréatif ayant atteint sa fin de vie utile. Le TROC est né d’une volonté d’aider les toxicomanes adeptes de drogues dures (par intraveineuse), certaines communautés culturelles et les travailleuses du sexe, plus difficiles à rejoindre par le biais de projets d’intervention plus traditionnels. Danielle Goulet a été la première à conduire l’unité mobile. Au fil des ans et des besoins sur le terrain, des services et projets se sont ajoutés. Parmi eux, l’École de la rue Capab qui, depuis 15 ans, aide les décrocheurs à raccrocher. «Ce n’est pas juste de la scolarisation. On veut s’assurer de les maintenir à l’école pour qu’ils puissent poursuivre leur cheminement, vers l’école des adultes par exemple.» Au départ, un jeune qui abandonnait cette école de raccrocheurs devait être réévalué pour la réintégrer. Après qu’un jeune dans cette situation se soit suicidé, les intervenants se sont dit que «plus jamais» un tel drame se reproduirait. Et voilà que naissait le centre de jour Espace jeunes, où tous sont accueillis de manière «inconditionnelle». De plus. Macadam Sud a récemment commencé à y offrir des ateliers gratuits, des arts martiaux en passant par la cuisine. «Tous les moyens sont bons pour attirer les jeunes», illustre la directrice générale. Un travail de collaboration avec de nombreux partenaires, que ce soit les institutions, les écoles, des refuges et d’autres organismes communautaires est essentiel à la mission de l’organisme. Des jeunes plus isolés Danielle Goulet remarque que la situation a bien évolué depuis ses premières interventions de travail de rue. «Il est plus difficile de rejoindre les gens qu’à l’époque. L’itinérance a toutes sortes de visages», évoque-t-elle. Il en est de même pour les jeunes, avec qui il était plus facile d’entrer en contact à une certaine époque dans les parcs et les arcades. Aujourd’hui, «ils restent dans leur sous-sol, sur leur cellulaire, image la directrice générale. Il faut revoir les stratégies, les faire sortir et socialiser. Il faut les sortir de l’isolement.» Après près de 20 ans chez Macadam Sud, Danielle Goulet n’estime pas avoir fait le tour du jardin. «Il y a toujours de nouveaux défis, de nouveaux projets. C’est extrêmement passionnant.»   Un anniversaire à souligner Une centaine  de membres, partenaires et gens de la communauté se sont réunis le 20 septembre pour souligner les 35 ans de Macadam Sud. Les invités ont pu bénéficier d’une visite dynamique du TROC et du centre de jour, d’une rencontre avec les travailleurs de rue et d’une présentation d’un bref historique de l’organisme.