Culture

Phil Roy: humoriste mais pas rocker

le vendredi 13 juillet 2018
Modifié à 5 h 01 min le 13 juillet 2018
Par Jonathan Tremblay

jtremblay@gravitemedia.com

Monsieur, présenté à Brossard

Déjà un an et demi que Phil Roy fait voyager son spectacle à travers la province. Il n’était qu’un enfant de l’humour; un jeune surdoué de la relève. Plus de 130 représentations plus tard, il en a fait du chemin, le «Monsieur». Tel un vétéran des ligues majeures, l’humoriste de 29 ans en a maintenant vu d’autres. Il a assimilé la routine à adopter en tournée, lui qui agence soirées dans les bars et saines habitudes de vie. «J’ai l’impression que la vie de tournée n’est pas ce qu’on pense qu’elle est, au Québec du moins, admet Phil Roy. Ce n’est pas sexe, drogue et rock’n’roll. C’est plus tisane, carottes bios et tartinades de tofu!» Les représentations s’accumulent, parfois deux durant la même journée, drainant son lot d’énergie. «On en fait tellement. Tu n’as pas le choix de te coucher tôt. Et le soir, je m’obstine avec les gens qui m’offrent des shooters, parce que je leur dis non», insiste-t-il. «À Brossard, les gens me disent de les rejoindre au bar après mes spectacles. Mais moi, je vais au Oasis Surf. Alors je leur dis: fuck you, venez à la vague, vous autres!» - Phil Roy S’il passe quelques jours au même endroit, l’artiste accorde de l’importance à son environnement. «J’ai l’air picky sur les hôtels, mais j’aime avoir accès à un gymnase et à un endroit pour travailler.» Avec raison, car il s’oblige à livrer son 110% soir après soir. «En humour, ce n’est pas comme à un show rock où tu te dis: osti qu’il s’en crissait le bassiste, trop malade! Il faut que tu sois professionnel. Tu ne peux pas jouer à moitié», avance celui qui se fait également un devoir de répondre à chaque personne qui lui écrit sur les réseaux sociaux, peu importe l’heure. Devenir un adulte Le comique approche la trentaine. Il n’a rien de tout ce qu’il enviait à ses parents à l’époque où il n’était qu’un jeune blanc bec: ni la maison en banlieue, ni la piscine hors-terre. «Tondre ma pelouse et faire mon backwash le samedi, avoir un golden retriever et aller faire du ski avec mes enfants dans ma minivan l’hiver, c’est ça que je voulais», confie-t-il. Son spectacle, qui aborde le passage à la vie adulte, est très axé sur sa personne, une coutume pour la plupart des premiers one man show. «Il part beaucoup de moi. Je suis qui, moi? Pourquoi je suis de même? D’où je viens? Vers où je m’en vais?» laisse entendre Phil Roy. Remettre en question sa vision de la majorité; tel est le but de ses prestations. «C’est tu moi qui ai raté la cible ou si en 2018, être un monsieur ou une madame, ce n’est pas du tout ce que je pensais que ça allait être?» s’interroge-t-il. Ça, et les circonstances − sur lesquelles il reste vague − qui ont mené le gars se disant ordinaire vers l’humour, sont parties intégrantes de son spectacle. «Faire de la télé et des spectacles, c’est un plus, mais on reste la même personne, avoue celui qui a reçu l’Olivier de la découverte de l’année 2016. Ça adonne juste que des fois, il y a des caméras sur moi. Je ne porte pas des souliers en or parce que j’ai fait un peu plus de sous ce mois-ci. Trop pas.» «C’est sûr qu’à New York, je n’y vais pas en char!» lance-t-il à la blague, précisant qu’il s’agit d’une anecdote entre collègues. De mener à terme son spectacle demeure son projet le plus «adulte» réalisé à ce jour, «alors, tout ça prenait son sens». «La tournée a vraiment pris son air d’aller, mais chaque soir est toujours comme le premier, disait-il en entrevue, en route vers Magog, où il établissait résidence pour cinq représentations au Vieux Clocher. Où bon lui semble «On ne va pas où on veut, on va où on peut.» Voilà une citation tirée du spectacle de Phil Roy faisant référence à la relève humoristique. «Quand tu commences, tu ne vas pas où tu veux. Tu vas où on veut de toi. C’est bien bon un bar à pain, mais personne n’a pour but dans la vie de faire des jokes pendant 30 minutes au Pacini», plaisante le nouveau vétéran. Est-ce que Phil Roy va où il veut, désormais? «J’ai réussi à combiner là où les gens veulent de moi et où moi je voulais aller. Alors, je suis bien content que ce soit L’Étoile qui veuille de moi.» Les cinq messieurs en devenir qui forment son équipe de tournée continueront leur bonhomme de chemin jusqu’en février prochain, accompagnés la majorité du temps de Gustave, le bouledogue français de Phil. L’humoriste se trouvera également à l’animation d’un talk-show sur V dans un avenir rapproché, un désir qu’il chérissait depuis un certain temps.