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Piles au lithium au recyclage : «ce sont de véritables petites bombes»

le dimanche 19 mars 2023
Modifié à 14 h 41 min le 17 mars 2023
Par Jules Gauthier

jgauthier@gravitemedia.com

Le Lieutenant Robin Dignard devant le centre de tri Ricova de Châteauguay. (Photo: Le Soleil - Jules Gauthier)

Jeter ses piles au recyclage peut être quelque chose d’anodin pour certains. Ce geste n’est pas sans conséquence cependant puisqu’elles sont la cause de 90% des incendies dans les centres de tri du Québec. Celui de Ricova à Châteauguay a notamment été victime de deux feux l’an dernier causé par ce type de pile disposé dans le bac bleu.

Dans le cadre de ses fonctions de formateur en mesures d’urgences et incendie qu’il occupe depuis plus de 20 ans, le Lieutenant Robin Dignard du Service de sécurité incendie de l'agglomération de Longueuil a reçu, en 2022, un mandat de la part de la compagnie Ricova afin de sensibiliser ses employés au danger que représentent les piles au lithium qui ne sont pas disposées correctement.

«Le grand problème est que les gens mettent ces batteries dans le bac de recyclage, c’est là la grande erreur. Quand ça passe dans le triage, elles se font alors endommager ou déchiqueter, ce qui provoque inévitablement un incendie», a expliqué au Journal le pompier d’expérience.

Le problème est d’autant plus grave puisque l’on retrouve de grandes quantités de papier et de carton dans les centres de tri, des combustibles idéals pour les feux.

Hautement dangereux

Le lithium est un élément qui réagit très rapidement à l’air et à l’eau; dès qu’une batterie est légèrement altérée, elle s’embrase violemment et libère une fumée qui s’avère toxique pour les humains. À ce jour, il n’existe aucun extincteur qui permet d’éteindre une pile au lithium en feu, a-t-il indiqué.

«Tous les employés sont unanimes dans les centres, le nombre de feux a explosé depuis que les batteries se retrouvent dans les bacs bleus», a révélé Robin Dignard.

En effet, dans son rapport d’analyse remis à Ricova, il explique qu’il y a 10 ans, il y avait en moyenne de 1 à 2 incendies causés par des piles au lithium dans chaque centre de tri par année. Depuis quatre ans, les feux se sont multipliés, c’est maintenant de l’ordre de 8 à 10, a-t-il dévoilé.

 

Les piles au lithium peuvent avoir des formes totalement différentes. (Photo: Le Soleil - Jules Gauthier)

 

Le formateur en mesures d’urgences et incendie s’est dit impressionné cependant par le professionnalisme des employés du centre Ricova de Châteauguay. «Ils réagissent très rapidement, ils sont sensibilisés à cette problématique et sont conscients du danger que le lithium représente», a-t-il concédé.

Même son de cloche du côté du directeur des centres de tri Ricova, Nicolas Fortier-Labonté. D’après lui, ses travailleurs sont très réactifs face au danger. «Lorsqu’ils voient de la fumée se dégager de la matière amenée par les camions, ils ne perdent pas de temps, les travailleurs alertent les pompiers et sortent immédiatement la pile fumante à l’extérieur pour l’arroser abondamment», a-t-il déclaré.

Robin Dignard estime toutefois que les solutions à ce problème ne sont pas nombreuses. «Il n’y a pas grand-chose que l’on peut faire, autre que de sensibiliser les citoyens à aller porter leur batterie dans un centre de dépôt reconnu par Recyc-Québec», a-t-il admis.