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Plomb dans l’eau: Longueuil se veut rassurante

le mardi 05 novembre 2019
Modifié à 14 h 46 min le 07 novembre 2019
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Depuis 2013, 750 tests d’échantillonnages d’eau ont été effectués dans les résidences de Longueuil les plus susceptibles de contenir du plomb. De ce nombre, seuls quatre prélèvements ont affiché des résultats supérieurs à la norme qui était jusqu’ici en vigueur au Québec. Dans un document questions/réponses publié sur son site Web, la Ville de Longueuil dresse un portrait qu’elle veut rassurant de l’état de son eau potable. «L’eau potable distribuée par les usines de production qui desservent le territoire de Longueuil est d’excellente qualité», annonce-t-on d’entrée de jeu, avec à l’appui l’attestation trois étoiles du Réseau Environnement qu’ont obtenue les usines régionale et Le Royer. Cette publication fait suite au dévoilement d’une enquête du Devoir ainsi que d’étudiants de l’Institut du journalisme d’enquête de l’Université Concordia et de Global News sur la présence de plomb dans l’eau potable au Québec, ainsi que sur la méthode d’analyse utilisée qui, selon les experts, sous-évalue la concentration de plomb. Une série d’articles qui a poussé le gouvernement de François Legault à demander aux municipalités des plans d’action afin de remplacer les entrées de services résidentielles contenant du plomb. Rappelons que le plomb fait partie de la liste des 10 produits chimiques causant un «problème majeur de santé publique», selon l’Organisation mondiale de la santé. Les effets du plomb sur la santé se font surtout sentir à long terme. Chez les adultes, il est lié à l’hypertension artérielle et au dysfonctionnement rénal. Les femmes ont également plus de risques de fausses couches et de naissances prématurées. L’exposition au plomb aurait aussi un impact chez les enfants, plus à risque de développer un trouble de déficit d’attention et des retards de développement intellectuel. Entrées de service en cause À Longueuil, aucune conduite du réseau de distribution d’eau potable ne contient de plomb. Le réseau est constitué de conduites en fonte, en PVC ou en béton-acier. La présence de plomb dans l’eau provient donc essentiellement des entrées de service, qui seraient constituées de plomb surtout dans les bâtiments construits entre 1940 et 1950 et pouvant aller jusqu’à 1970. En 1980, le Code de la plomberie a interdit l’installation d’entrées de service en plomb. L’entrée de service, dont une partie est publique et l’autre privée, est ce qui relie la conduite de la municipalité à la tuyauterie des bâtiments.  Les soudures de la tuyauterie peuvent aussi contenir du plomb. Lorsqu’une entrée de service en plomb est détectée dans la portion appartenant à la Ville, un plan d’action est élaboré pour la remplacer. Lorsque la partie privée contient du plomb, le propriétaire est invité à effectuer le remplacement à ses frais. «La Ville travaille actuellement à produire un plan pour intensifier le dépistage et le remplacement des entrées de service en plomb», indique le site Web. Pour savoir si l’entrée de service de sa propriété est en plomb, la Ville conseille de trouver la vanne d’entrée d’eau, située au sous-sol. Si le tuyau est en plomb, il est de couleur grise et laisse des marques métalliques lorsqu’il est gratté. Nouvelle norme Le Règlement sur la qualité de l’eau potable (RQEP) du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) exige des municipalités qu’elles effectuent régulièrement des tests vérifiant la quantité de plomb dans l’eau potable. À l’heure actuelle, les résultats de ces tests ne peuvent excéder une concentration de 10 microgrammes par litre (µg/L). À la suite des récents articles sur le sujet, le gouvernement provincial a annoncé que la norme serait resserrée à 5ug/L, suivant une recommandation de Santé Canada que le Québec n’appliquait pas. Longueuil cible de façon aléatoire des bâtiments construits entre 1940 et 1975 pour y effectuer annuellement une centaine d’analyses de l’eau. Les propriétaires sont avisés et reçoivent également les résultats. Des 750 tests réalisés par la Ville depuis 2013, 0,5% dépassait le seuil de 10 µg/L. De plus, des tests supplémentaires étaient effectués dès que la concentration dépassait les 2 µg/L, assure toutefois l’administration. Résultats sous-évalués Comme l’ensemble des municipalités, Longueuil emploie la méthode prescrite par le RQEP, soit de laisser couler l’eau pendant 5 minutes avant de faire le prélèvement. Le Québec est la seule province au pays à employer cette méthode, décriée par les experts interrogés dans l’enquête du Devoir car elle sous-évalue la présence de plomb dans l’eau. Relever un échantillon au premier jet après une stagnation de 30 minutes donne un portrait plus juste de la quantité de plomb dans l’eau potable. Des tests effectués selon cette méthode révélait une concentration de plomb jusqu’à 14 fois plus élevée que ce qu’édicte la norme du Québec. C’est d’ailleurs cette méthode de la stagnation qu’applique Longueuil lorsque les premiers prélèvements révèlent un taux supérieur à 2 µg/L et que des tests supplémentaires sont nécessaires. Le gouvernement provincial a récemment exigé que soit désormais employée la méthode de stagnation pendant 30 minutes, ce qui sera appliqué dès 2020 à Longueuil, l’échantillonnage pour 2019 étant terminé. Pour en savoir plus: longueuil.quebec/fr/plomb-eau-potable. Quelques conseils Des laboratoires accrédités peuvent effectuer des échantillonnages de l’eau afin d’y détecter la présence de plomb. Le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques a dressé la liste par région des laboratoires qui offrent ce service. (http://www.ceaeq.gouv.qc.ca/accreditation/PALA/lla03.htm). Sur son site Web, la Ville énumère quelques conseils pour diminuer les risques d’exposition au plomb dans l’eau potable. -Utiliser le robinet d’eau froide pour boire et pour préparer les aliments; -Avant de boire, laisser couler l’eau quelques minutes après qu’elle soit devenue froide, tout particulièrement lorsqu’elle est restée plusieurs heures dans les tuyaux; -Nettoyer fréquemment l’aérateur; -Installer un filtre à eau commercial test et certifié (norme NSF53), un filtre sous le robinet ou un pichet filtrant.