Santé
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Principe de précaution : de nos champs à votre assiette

le lundi 20 février 2017
Modifié à 0 h 00 min le 20 février 2017

Prendre des précautions, on le fait, vous et moi, sur une base quotidienne, à propos d’à peu près tout : avant de sortir de la maison, en préparant les repas, avant de prendre le volant ou le transport en commun. Certaines précautions doivent être prises au niveau des politiques publiques afin de nous permettre ensuite de prendre des décisions éclairées pour notre santé. La réglementation des pesticides en est un bon exemple.

La semaine dernière, j’ai participé à un colloque sur les pesticides et leurs risques pour la santé humaine et environnementale. Les pesticides ne font pas partie des dossiers spécifiques dont l’ASPQ s’occupe. Toutefois, la santé de la population est sa priorité, puisqu’elle veut hisser la santé durable au rang de véritable projet de société. L’expression principe de précaution, mentionnée dans plusieurs présentations, m’a interpellée.

Définition du principe de précaution 

Largement utilisé par les environnementalistes, ce principe veut que, l'absence de certitude scientifique absolue ne serve pas de prétexte pour empêcher de prévenir la dégradation de l'environnement ou le risque pour la santé. Si on suspecte un risque pour la santé, il ne faut pas attendre des données probantes pour agir. Selon le principe de précaution, aucun risque à prendre.

Évidemment, ce principe nuit au développement économique et est donc très peu, ou trop peu appliqué. Prenons l’exemple des pesticides : les témoignages  entendus lors de cette journée de conférences ont de quoi  inquiéter, même les plus sceptiques. Je suis revenue chez moi, décidée à me serrer la ceinture afin de me donner les moyens d’acheter davantage d’aliments issus de l’agriculture biologique pour ma petite famille.

Pourquoi? Parce qu’on suspecte des liens avec différents types de pesticides et qu’il semblerait que plusieurs pesticides soient des perturbateurs endocriniens et donc qu'ils provoquent un débalancement de nos hormones et qu'ils puissent également être liés aux troubles du spectre de l’autisme. J’ai trois enfants, dont un garçon avec des défis plus spécifiques. Je veux tout faire pour leur offrir la chance de se développer de la manière la plus optimale.

Mais voilà, les aliments provenant de l’agriculture biologique coûtent plus cher et ne sont donc pas accessibles à tous : cette situation crée des inégalités sociales. Pour protéger la santé de tous, nos gouvernements devraient réglementer et même restreindre l’utilisation des pesticides  utilisés dans l’agriculture conventionnelle.

Des organismes militent pour une interdiction d'utiliser certains pesticides, comme c’est déjà le cas en Europe. Je vous invite à consulter leurs sites web (ÉquiTerre et la Fondation David Suzuki) qui regorgent d’informations à ce sujet. Plus nous serons nombreux à exiger que le principe de précaution s’applique, plus nous aurons de chances que nos gouvernements agissent.  Prenons de sages précautions, parce qu’on est ce que l’on mange.

Émilie Dansereau, chargée des dossiers Saines habitudes de vie à l'Association pour la santé publique du Québec

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