Culture

Pss pss de Compagnia Baccalà: des personnages qui tiennent tout à bout de bras

le vendredi 09 mars 2018
Modifié à 10 h 11 min le 09 mars 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

CIRQUE. C’est sans artifice – pas même la parole – que Simone Fassari et Camilla Pessi de la Compagnia Baccalà dévoilent leur art clownesque, basé sur la relation humaine. Que le langage universel du corps pour émouvoir, faire rire et émerveiller, avec Pss pss, au Théâtre de la Ville le 15 mars. Depuis le festival d’Avignon qui a lancé le spectacle en 2011, il a été présenté plus de 700 fois, dans une cinquantaine de pays à travers le monde. Qu’il soit sans parole a bien contribué à son succès mais il serait réducteur de justifier son universalité à cet unique facteur. La prémisse de Pss pss est simple: deux personnages se retrouvent dans un lieu qui leur est inconnu, où ils s’aperçoivent soudainement qu’il y a un public. Suivront une série de situations; des problèmes auxquels il faut trouver des solutions. Autant de prétextes pour des moments de poésie, d’humour et d’acrobaties. «Notre travail clownesque est basé sur la relation humaine, une relation dans laquelle peut se reconnaître le public. C’est une dynamique d’adultes entre les deux personnages, mais ils ont leur façon enfantine, dans la naïveté, d’aborder les choses», relate Camilla Pessi. Les deux artistes se sont inspirés de la vieille tradition clownesque, avant les années 1900. «À cette époque, les clowns savaient tout faire. Ils étaient d’abord et avant tout comédiens, puis acrobates et musiciens. C’étaient des artistes multidisciplinaires», décrit-elle. Ainsi, la Compagnia Baccalà se tient à des milles du cliché du clown. Exit le nez rouge, la perruque et les grands souliers.  «On a voulu aller en dehors des clichés. L’univers du clown est très grand, nous avons trouvé notre style», résume l’acrobate. Le spectacle est accessible à toute la famille et s’adresse peut-être même davantage aux adultes. Irremplaçables C’est dans la simplicité qu’évoluent les personnages tout au long de Pss pss, sans effets spéciaux. «Créer un spectacle sans rien… c’est très difficile, relève l’artiste. Tout se base sur les techniques et sur la force des images qu’on arrive à créer.» Dans cette apparente simplicité et ce travail du corps, il est possible d’y voir aussi une inspiration du cinéma muet. La comparaison avec Charlie Chaplin ne semble pas anodine aux yeux de Mme Pessi. «Ce sont des comédies très physiques, qui reposent sur la force des personnages. C’est ce qu’on a cherché à faire, compare-t-elle. Les personnages tiennent tout le travail; ils sont irremplaçables. C’est la force du spectacle.» Jouer avec le public De par la forte interaction avec les gens dans la salle, les représentations évoluent grandement d’un soir à l’autre. Si les réactions sont plus réservées – à tout le moins au début de la représentation – dans une salle du Japon, celles du public de l’Afrique du Sud seront très fortes, alors que le public vient embrasser les artistes sur scène à la fin. «Pour nous, c’est un plaisir chaque fois d’établir un contact avec le public. Sans lui, il n’y a pas de spectacle. Et c’est différent chaque soir. Ça aura un impact sur notre timing, etc. Le défi est de trouver le ton juste», mentionne Camilla Pessi. Pss pss, c’est une scène vide qu’occupent les personnages le temps du spectacle, et qui laissent une scène vide en quittant. Au public (entre autres) de la remplir.